Canicule, insécurité, concurrence du RN, budget Bayrou, élite politique... Julien Cornillet, maire DVD de Montélimar (Drôme) et Président de Montélimar-Agglomération, a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
Les villes du sillon rhodanien sont surexposées à la canicule : quelle anticipation en matière d'aménagements ?
À Montélimar, des petits aménagements entrainent les grands effets, constate le Président du Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes. C’est le cas des écoles, par exemple, pour lesquelles 1 million d’euros sont consacrés chaque année. Un système de climatisation y est installé pour les enfants, et ces dernières sont ouvertes pendant l’été, pour y accueillir tout type de population, pendant la canicule.
"À chaque fois que l’on fait des travaux, on réfléchit au fait qu’il va faire chaud de façon constante", affirme Julien Cornillet. En effet, ce dernier indique que le sujet est présent dans les échanges avec les promoteurs immobiliers, qui penseront alors à l’espace vert dans les constructions, qui sauront utiliser le phénomène du Mistral pour réfléchir aux aménagements. En quelques mots, le maire de Montélimar résume : il s’agit de "cohabiter entre de l’urbanisme et du bien-vivre à proximité".
À titre d’exemple, en 2025, la ville de Montélimar a planté 2600 arbustes dans son centre-ville.
Insécurité : "Il nous faut une BAC sous l'égide de la police nationale"
À Montélimar, le quartier de Nocaz fait l’objet de violences urbaines à répétition.
Pour lutter contre ces dernières, les effectifs de police municipale ont été augmentés de 36%, le nombre de caméras a été doublé et ainsi, comme le souligne le Président de Montélimar-Agglomération, "il n’y a pas de quartiers de non-droits à Montélimar". En cela, ce dernier rappelle que les montées de tensions sont un bon indicateur pour le travail de la police municipale et de la police nationale.
Par ailleurs, il est important de souligner que le maire a les pouvoirs de la police municipale, tandis que l’État a les pouvoirs de la police nationale. Montélimar comptait 29 000 habitants en 2000, 42 000 habitants en 2022, pour un même nombre d’officiers de police au commissariat de la ville. "41% de population en plus, pas un policier de plus", déplore le maire. En effet, en 2008, l’État a supprimé la BAC de soir et de nuit. Aujourd’hui, on peut constater une certaine carence de l’État en matière de sécurité et "les chiffres parlent d’eux mêmes".
Julien Cornillet indique qu’il a écrit à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en juillet dernier, et qu’il faut que l’État prenne toutes ses responsabilités. Nos policiers municipaux ne sont pas formés comme les nationaux et n’ont pas de pouvoirs de police, tandis que les groupes et trafiquants sont de plus en plus armés et équipés. "Il nous faut une BAC", qui soit sous l’égide de la police nationale. Aujourd’hui, l’État n’est plus en capacité d’assumer la sécurité et va prétendre que celle-ci relève de la compétence de la police municipale. "C’est de la lâcheté de l’État", il y a un besoin absolu de remettre des règles et de les faire respecter.
Jordan Bardella acclamé à Montélimar : une cible électorale du RN ?
Samedi 1er février, Jordan Bardella fut acclamé par 3 500 personnes venues assister à son premier meeting à Montélimar. Serait-ce un sérieux avertissement pour les municipales ? "Nous continuons notre travail, depuis 2020", répond Julien Cornillet. Montélimar est une étape pour le RN, comme le fut Lyon, Marseille, ou encore Avignon, relève-t-il. "Je ne pense pas que l’on parle de menace au niveau local". En effet, le maire de Montélimar affirme que nous voyons réellement cette concurrence au niveau des législatives, mais cette dernière n’est pas transposable à celui des municipales. Sur la trentaine de ville de sa circonscription, "une vingtaine passerait RN aux prochaines élections municipales".
"Pour qu'un budget soit acceptable, il faut qu'une majorité y croit", dénonce Julien Cornillet
Pour qu’un budget soit acceptable, que celui-ci soit crédible aux yeux d'une majorité des Français. "Je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui", constate le maire DVD de Montélimar. En revanche, Julien Cornillet salue la "franchise et l'honnêteté" de François Bayrou, qui admet que la situation n'est plus tenable. Toutefois, ce constat est remonté depuis des années, François Fillon l’annonçait déjà. Désormais, les Français attendent des résultats pour l’ensemble des Français, que ceux-ci soient équitables pour tous.
Bruno Retailleau en 2027, une élite politique ?
Aujourd’hui, les Français "méritent mieux" qu’une menace de censure ou de dissolution, selon Julien Cornillet. "Il manque du leadership au niveau des élites politiques et un renouvellement de celles-ci", poursuit-il.
Bruno Retailleau sera potentiellement un leader en 2027, mais la question n’est pas celle du parti. Il s’agit surtout d’être "en capacité de gagner" et "d’impulser quelque chose de nouveau", relève le Président de Montélimar-Agglomération. En reprenant l’exemple du Président de la République, Emmanuel Macron, lors de son élection en 2017 et de sa réélection en 2022, il affirme que "la personne doit inculquer ce renouveau, donner cette dynamique et faire croire à son message".
Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique"
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !