L'été et les difficultés des familles à partir en vacances, la délinquance et la sécurité, le narcotrafic, François Bayrou... Jean-Marie Vilain a répondu aux questions de Jean-Francois Achilli.
"Ça fait partie du boulot d’une mairie de s’occuper des gens qui n’ont pas la possibilité de partir en vacances"
C’est le début de la fin de l’été : les derniers Aoûtiens se préparent à rentrer et à la rentrée de septembre 2025. Mais malheureusement, tous les Français sont loin de pouvoir partir en vacances. À Viry-Châtillon, dans l’Essonne, l’impossibilité de partir en congés est une réalité de nombreuses familles. "Ça fait partie du boulot d’une mairie de s’occuper des gens qui n’ont pas la possibilité de partir en vacances", souligne Jean-Marie Vilain, maire divers droite de Viry-Châtillon. Il rappelle la chance que ses administrés ont d’avoir "un grand lac qui permet d’avoir beaucoup d’activités". Une chance complétée par les "associations qui accueillent ces jeunes" ou encore les aides de la Région Île-de-France ayant permis de "partir sur des bases de loisirs". "La ville organise le Viry Sport", mais aussi du cinéma, "une guinguette"… Des événements qui permettent de "donner de l’activité à ces jeunes".
Couvre-feu la nuit à Viry-Châtillon pour les moins de 13 ans : "C’est en tant que père, plus que maire, que j’ai réagi"
La problématique des jeunes est majeure à Viry-Châtillon sur le territoire de laquelle se trouve une partie de l’une des plus grandes cités de France, celle de la Grande Borne (à cheval entre Viry-Châtillon et Grigny). Jean-Marie Vilain s’est d’ailleurs fait remarquer en imposant depuis sept ans un couvre-feu estival la nuit pour les mineurs de moins de 13 ans. "Lorsqu’on a pris cet arrêté il y a sept ans", raconte le maire, c’est qu’il s’était rendu compte "que certains très très jeunes sont encore dans la rue et seuls sur le trottoir" tard le soir. "C’est en tant que père, plus que maire, que j’ai réagi" essentiellement pour alerter les parents. "C’est pas une question d’aller faire de la répression pour faire de la répression."
Faut-il étendre le couvre-feu, par exemple pour tous les mineurs de moins de 18 ans ? "On s’est posés la question", affirme le maire centriste qui reste terre-à-terre sur l’efficacité de la mesure. La police a déjà beaucoup de travail, mais il souligne que cette mission était déjà remplie "avant même cet arrêté". "La police municipale quand elle voit des jeunes traîner à 22 heures, forcément elle va les voir et les ramène chez eux. Parce que c’est le but : le but c’est pas tant de punir, c’est de responsabiliser les parents."
Concernant une extension du couvre-feu, Jean-Marie Vilain souligne que certaines activités des jeunes adolescents ne sont pas compatibles avec un couvre-feu, par exemple des séances de cinéma à 21 heures qui deviendraient interdites.
Sécurité : "La délinquance va plus vite que nous", "c’est inéluctable, c’est la vie qui est comme ça"
La sécurité est au centre des problématiques de tous les maires de France, et Viry-Châtillon n’y fait pas exception, bien au contraire. En 2016, deux policiers avaient été attaqués sur la commune de 31.000 habitants. "On a la nécessité d’accompagner les habitants et de pouvoir leur redonner un minimum de sécurité", souligne le maire qui juge que l’État a "eu peut-être des défaillances" concernant la sécurité. Pour l’améliorer, "on a décidé d’augmenter la police municipale", faisant passer les effectifs de 4 à plus de 25. "Et puis, on a également installé sur le premier mandat une trentaine de caméras, trente supplémentaires, ce sera fait fin septembre." Les caméras, explique l’élu centriste, "servent à dissuader" et à "résoudre des affaires". "C’est quelque chose d’important."
Malheureusement, concède le maire de Viry-Châtillon, "la délinquance va plus vite que nous". "C’est inéluctable, c’est la vie qui est comme ça". Il faut donc s’adapter, faire "beaucoup de prévention" et surtout "qu’on ne baisse pas les bras".
Trafic de drogue : "Dans ces quartiers, 99,9 % des habitants subissent ces trafiquants"
Le narcotrafic est au centre de la lutte sécuritaire de la France, alors que toutes les communes sont touchées sur le territoire. S’il concède effectivement que toute la France est concernée, il rappelle la réalité : les habitants des quartiers sensibles souffrent. "Dans ces quartiers, 99,9 % des habitants subissent ces trafiquants." Et si les trafiquants sont en cause, il ne manque pas de souligner que les consommateurs "génèrent ce trafic". "S’il n’y a pas de consommateurs, il n’y aura pas de trafic. Il ne faut pas l’oublier", déclare Jean-Marie Vilain, maire divers droite de Viry-Châtillon. "Il faut aussi pénaliser ceux qui consomment" qui sont "en partie responsables de toute la délinquance" liée au narcotrafic.
La justice doit-elle être plus dure à ce sujet ? La justice "a cette facilité assez déconcertante d’aller ennuyer le Français moyen", estime le maire. Il regrette notamment que les agressions des élus ne soient pas suffisamment punies. Comme ce fut le cas avec l’agression verbale violente d’une élue en 2024 par une parent d’élève. "Elle a portée plainte. L’affaire a été classée sans suite". "Si on commence par ces mots, à accepter ces mots, comment voulez-vous laisser à penser aux gens qu’il ne peuvent pas aller plus loin ?"
Meurtre de Shemseddine : "Ça fait partie du quotidien des élus locaux que de se dire qu’on est touchés par tous les drames humains"
La commune de Viry-Châtillon a été endeuillée au printemps 2024 par le meurtre du jeune Shemseddine, 15 ans, tabassé à mort par les frères d’une jeune adolescente avec laquelle il discutait. Le drame "aura changé ma vie", affirme Jean-Marie Vilain, maire divers droite de Viry-Châtillon, plein d’émotion. "On m’a reproché cette émotion."
"J’ai rencontré la maman de Shemseddine il y a encore deux mois et demi. Je peux vous dire qu’elle est marquée à vie" comme toute la famille. Et pour la ville, "c’est quelque chose que je n’aurais jamais voulu vivre". Et, pour autant, "ça fait partie du quotidien des élus locaux que de se dire qu’on est touchés par tous les drames humains".
Budget 2026 : "Ce que je voudrais, c’est surtout que tout le monde participe à ces économies"
François Bayrou, Premier ministre de plus en plus menacé de censure sur sa proposition de budget d’austérité et ses 44,3 milliards d’euros d’économies prévisionnelles, vient aussi du parti centriste dont Jean-Marie Vilain fait partie. Ce dernier confirme que François Bayrou a été "un court moment notre champion", avant une scission.
Sur le plan, l’avis est tranché : "ce que je voudrais, c’est surtout que tout le monde participe à ces économies". Les collectivités territoriales sont en effet une nouvelle fois mises à contribution. "C’est un petit peu la vache à lait facile, et trop facile parfois." Et ce alors que les collectivités locales ont l’obligation de boucler des budgets à l’équilibre, "ce qui n’est pas le cas de l’État".