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"Oui, le PS va censurer si François Bayrou engage sa responsabilité sur le plan qu’il a annoncé" affirme Philippe Brun

Par Aurélie Giraud

Philippe Brun, député PS de l'Eure, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Philippe Brun, censure,
Philippe Brun interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 25 août 2025, dans “L’invité politique”.

Censure du gouvernement de François Bayrou, finances publiques, budget, relations avec la France insoumise (LFI), avenir du Parti socialiste (PS) : Philippe Brun, député socialiste de l’Eure, a répondu aux questions de Jean-François Achilli.

"Oui, le PS va censurer si François Bayrou engage sa responsabilité"

Le député Philippe Brun a confirmé la position du PS face au plan d’économies de François Bayrou. "On a mis ensemble des lignes rouges… Elles ont été allègrement franchies puisque trois quarts de l’effort repose sur les classes populaires et les classes moyennes", a-t-il déclaré. Selon lui, la justice fiscale promise n’existe pas et la trajectoire budgétaire annoncée "va casser la croissance".

Dès lors, Philippe Brun assume une ligne claire : "Oui, nous allons censurer si François Bayrou engage sa responsabilité sur le plan qu’il a annoncé." Interrogé sur l’avertissement du Premier ministre, qui prédisait que "les socialistes y laisseraient leur peau", l’élu de l’Eure réplique : "J’ai l’impression qu’il parle souvent de lui-même." Pour lui, le rejet du plan est général : "C’est même une majorité des électeurs LR qui appelle au départ du Premier ministre."

"Un autre budget est possible"

Philippe Brun insiste sur la nécessité de proposer une alternative. "Nous allons présenter début septembre un plan pour les finances publiques… Nous disons qu’un autre budget est possible", a-t-il expliqué. L’élu souligne que la consommation a baissé de 1% au premier trimestre et que la croissance reste trop faible. "Il faut relancer l’économie et c’est pour ça qu’aujourd’hui on a des recettes fiscales qui sont faibles", ajoute-t-il.

Le député socialiste promet donc des "mesures ambitieuses" pour redresser à la fois l’économie et les comptes publics. Il rappelle aussi que lors du précédent budget, les socialistes avaient "pris leurs responsabilités" en le faisant passer. Mais cette fois-ci "la décision est prise, il n’y aura pas de recul possible".

"Ce budget dans ses fondements même nous semble contraire à tout ce en quoi nous croyons"

Le Premier ministre pourrait-il revoir sa copie en supprimant certaines mesures, comme la suppression de jours fériés ? Pour Philippe Brun, cela ne suffira pas. "Si François Bayrou décide de prendre l’intégralité des propositions socialistes, on se posera des questions. Mais ce budget dans ses fondements même nous semble contraire à tout ce en quoi nous croyons."

L’élu de l’Eure insiste sur l’injustice sociale du plan : "La règle blanche est trois fois plus dure pour les 10% les plus pauvres que pour les 10% les plus riches." Et il précise : "Il n’y a pas d’issue avec ce plan-là." Selon lui, seul un redémarrage à zéro pourrait changer la donne. "Il peut manger totalement son chapeau et dire ‘je recommence à zéro’, mais je n’ai pas l’impression que ce soit l’issue choisie par le Premier ministre."

"Il ne faut pas taper toujours les mêmes"

Sur la question des jours fériés, Philippe Brun renverse l’argument. "La France a moins de jours fériés que l’Allemagne ou le Royaume-Uni", affirme-t-il. Le député rappelle que le 26 décembre est férié chez nos voisins mais pas en France (sauf en Alsace-Moselle). Pour lui, le problème central n’est pas là : "Le problème de la France aujourd’hui, c’est le taux d’activité."

Il précise : "Ce n’est pas les Français qui travaillent pas assez, c’est qu’il y a beaucoup de Français exclus du marché du travail. Les jeunes et les seniors." Selon lui, les salariés actifs entre 25 et 55 ans travaillent déjà beaucoup et financent seuls la protection sociale. "C’est les 26 millions de salariés du public et du privé qui assurent seul le financement." D’où son avertissement : "Les gens sont conscients qu’ils doivent faire des efforts, mais pas taper toujours les mêmes."

"Le mouvement du 10 septembre doit venir de la base"

Philippe Brun a également été interrogé sur le mouvement social prévu début septembre, baptisé "Bloquons tout". S’il n’appelle pas directement à manifester, il salue cette mobilisation. "Je pense que le mouvement est une bonne nouvelle pour le pays, ça permet de secouer un peu le système."

Pour lui, le rôle du Parti socialiste est clair : "Notre rôle est d’offrir un débouché politique à ce mouvement." Mais il met en garde contre une récupération politique : "Si on veut que ce mouvement soit un succès, il ne faut pas que les partis politiques, les hommes politiques essayent de le récupérer. Il faut que ça vienne de la base."

Universités d'été LFI : "Ça me rappelle le parti communiste allemand des années 30"

La rupture avec La France insoumise semble consommée. Interrogé sur les slogans entendus lors des universités d’été des Insoumis — "Tout le monde déteste le PS" —, Philippe Brun s’inquiète : "Je crois que c’est une dangereuse dérive." Il dénonce des attaques "presque pathologiques" : "Le principal adversaire des insoumis, ce n’est pas l’extrême droite. Ce sont les pauvres socialistes."

"Ça me rappelle le parti communiste allemand des années 30, avec le résultat qu’on a connu à la fin." avertit Philippe Brun. Pour lui, cette "haine de la gauche modérée" menace l’ensemble du camp progressiste. Il appelle donc "à un sursaut" face à ce qu’il qualifie de "stratégie de la terre brûlée" qui risque "d’avoir pour conséquence l'arrivée de l’extrême droite".

"Il faut que le Parti socialiste s’affirme"

Face à ce contexte, Philippe Brun exhorte son parti à sortir de l’ombre. "Il faut qu’aujourd’hui nous nous affirmions", répète-t-il. Il reproche aux socialistes de trop se cacher derrière "leur petit doigt". "Je crois qu’il faut qu’on donne un chemin pour le pays et qu’on dise ce que nous voulons faire après la censure probable de François Bayrou."

Pour le député de l’Eure, le PS doit reprendre l’initiative. "Il faut que le Parti socialiste s’affirme, dise ce qu’est son projet, parle aux gens. Et qu’il donne la voix au pays." Une manière de préparer l’après-Bayrou, et peut-être d’ouvrir la voie à un futur gouvernement de gauche.

"Un gouvernement de la dernière chance"

Philippe Brun se projette sur l’avenir politique en cas de chute du gouvernement. "Il y a une situation de blocage, on est bien obligé de censurer", souligne-t-il, tout en appelant à éviter un vide politique. "Le président de la République ne peut pas dissoudre tant qu’il n’a pas appelé au moins une fois la gauche au pouvoir." estime-t-il.

Il propose donc une issue : "Je crois qu’il faut préparer dès maintenant un gouvernement de défense républicaine avec un Premier ministre de gauche." Ce gouvernement serait, selon lui, "un gouvernement de la dernière chance pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir." Philippe Brun y voit le moyen de redresser les finances, relancer la croissance et traiter des sujets "orphelins" comme le logement, la santé ou les familles monoparentales.

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