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Nathalie Arthaud "espère qu’il y aura des révoltes générales bien avant 2027"

Par Aurélie Giraud

Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière, était “L’invitée politique” sur Sud Radio.

Nathalie Arthaud
Nathalie Arthaud, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 6 juin 2025, dans “L’invité politique”.

Capitalisme, guerre à Gaza, violences, racisme : Nathalie Arthaud a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Nathalie Arthaud : "Le capitalisme, c'est la guerre"

Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur son engagement politique, Nathalie Arthaud revient sur ce qu’elle appelle la dérive généralisée du capitalisme mondial. "Depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir, c'est très clair : le capitalisme c'est la guerre", affirme-t-elle. Pour la porte-parole de Lutte Ouvrière, cette logique guerrière s’étend "aux marchés, aux matières premières, aux terres rares, aux satellites, à l’intelligence artificielle". Elle dénonce un système où "la guerre économique se transforme régulièrement en guerre tout court".

Pour Nathalie Arthaud, cette dynamique produit un monde toujours plus brutal, porté par "Trump, Musk, tous ces clowns [qui] nous enfoncent". Elle ajoute : "C’est un immense gâchis… cette course au profit est en train de saccager l’humanité et la planète". La solution ? Une autre organisation économique, planétaire et communiste : "Je suis convaincue que la société est capable de fonctionner autrement."

"J’espère qu’il y aura des révoltes générales bien avant 2027"

Interrogée sur son engagement dans le débat public, Nathalie Arthaud refuse de se projeter vers la présidentielle de 2027. "J’espère qu’il y aura des révoltes générales bien avant 2027", lance-t-elle. Elle appelle à des "mouvements de grève, des mouvements de protestation" face à la précarité, aux licenciements et à la guerre. "On a des gens qui travaillent dur et qui n’arrivent pas à se loger ou à se soigner", rappelle-t-elle.

À propos du conflit israélo-palestinien, Nathalie Arthaud félicite les dockers de Fos-sur-Mer ayant refusé de charger un cargo à destination d’Israël : "Je dis bravo aux dockers". Pour elle, "nous avons les moyens d’agir", en bloquant l’économie de guerre : "Sans nous, il n’y a pas de livraison, pas de cargaison, pas de guerre". Elle encourage les travailleurs à prendre conscience de leur pouvoir collectif.

Nathalie Arthaud : "Le gouvernement est complice de la politique génocidaire à Gaza"

Interrogée sur la situation à Gaza, Nathalie Arthaud accuse l’exécutif français : "Le gouvernement est complice de la politique génocidaire à Gaza". Elle critique vertement le Premier ministre israélien : "Netanyahou mène une guerre d'extermination contre les Palestiniens, pas contre le Hamas". Selon elle, cette politique "sioniste" est "criminelle pour les Palestiniens" et "suicidaire pour les Israéliens".

La porte-parole de Lutte Ouvrière affirme qu’on "utilise l’arme de la faim". Elle évoque "les enfants qui n’ont que la peau sur les os", et dénonce les tirs sur les civils lors des distributions alimentaires. Elle rejette aussi toute accusation d’antisémitisme : "L’antisémitisme, c’est le socialisme des imbéciles", cite-t-elle, rappelant que de nombreux intellectuels juifs ont combattu le sionisme. Pour elle, seule "la reconnaissance des droits de chaque peuple" permettra une paix durable au Proche-Orient.

"La campagne raciste et xénophobe de l'État provoque le rejet, le communautarisme"

À la question de Jean-Jacques Bourdin sur les tensions communautaires en France, Nathalie Arthaud répond en désignant la responsabilité du gouvernement : "Aujourd'hui, le sommet de l'État mène une campagne contre les étrangers, contre les immigrés, contre les musulmans". Elle estime que cette stratégie politique "provoque le rejet, le communautarisme".

Elle condamne "une croisade", menée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et accuse le pouvoir de jouer avec le feu à des fins électorales. Pour elle, "cette campagne-là, elle tue". Elle cite les meurtres survenus récemment dans le Var et le Gard comme "le résultat de cette campagne". Elle refuse toutefois toute accusation d’islamophobie : "L'islamophobie aujourd'hui, c'est cette campagne systématique", affirme-t-elle.

"Les religions sont un obstacle à l’émancipation des femmes"

Sur la question du port du voile, Nathalie Arthaud se montre catégorique : "J’ai toujours dit que les religions, quelles qu’elles soient, sont un obstacle à l’émancipation des femmes". Elle pointe du doigt les mécanismes de contrôle du corps des femmes dans toutes les confessions : "Elles n’ont pas les mêmes droits que les hommes, et ça, c’est une réalité partout". Pourtant, elle se déclare "absolument opposée à toute interdiction du port du voile dans l’espace public".

Elle distingue cependant entre son opposition idéologique aux prescriptions religieuses et les politiques de stigmatisation. "Quand Atal ou Retailleau expliquent qu’il faut interdire, je sais que ça participe d’une campagne nauséabonde". Nathalie Arthaud dit défendre toutes les femmes, y compris celles "qui sont contraintes de porter le voile", mais dénonce "les amalgames" utilisés contre les musulmanes.

Violences : "La responsabilité incombe avant tout au gouvernement"

Sur les violences urbaines, Nathalie Arthaud estime que "la responsabilité incombe avant tout au gouvernement". Elle accuse l’État d’abandonner les quartiers populaires : "Pas de crèches, pas de services publics, pas d’avenir…". Pour elle, cette absence de perspective est à l’origine du basculement de certains jeunes dans des comportements délinquants.

Nathalie Arthaud s’en prend également aux responsables politiques de droite : "J’entends Bruno Retailleau parler de barbares, de sauvages : mais qui est responsable ? C’est le fruit de leur politique !". Elle dénonce l’hypocrisie morale de certains dirigeants : "Bruno Retailleau fait des leçons de morale aux dealers... Mais qu’il les applique d’abord à ses amis Sarkozy, Fillon !". Elle estime que la société actuelle "inculque l’individualisme" et abandonne une jeunesse en quête de sens.

"Tous les matins, je me réveille en me demandant combien il y aura de morts de plus à Gaza"

"Tous les matins, je me réveille en me demandant combien il y aura de morts de plus à Gaza, en Ukraine, à Port-au-Prince" confie Nathalie Arthaud. Une manière pour elle de rappeler que son engagement reste internationaliste.

Elle affirme que "l’humanité est une et indivisible", et dénonce un système qui "dresse les peuples les uns contre les autres". Pour Nathalie Arthaud, ce ne sont pas les hommes politiques qui sont fautifs individuellement, mais un système. "Le système capitaliste, il faut le changer. Et c’est comme ça qu’on inventera une autre humanité."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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