Insécurité grandissante à Marseille, narcotrafic, fermeture temporaire du site d’Orange, rôle du maire Benoît Payan, insécurité, alliances politiques, montée du Rassemblement national. Au micro de Sud Radio, Martine Vassal a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
Narcotrafic : "La gauche marseillaise est laxiste"
Jean-François Achilli : Marseille est-elle aux mains du narcotrafic avec la fermeture du site d’Orange à Saint-Mauront ? Où en est-on ?
Martine Vassal : “On n'est pas bien parce que effectivement Marseille est dans une situation préoccupante, je dirais même très préoccupante. C'était la French Connection dans les années 70, mais aujourd’hui il y a une montée de la violence qui est d'abord nationale et aussi locale, et qui vient du laxisme local.”
Vous dites que Benoît Payan laisse faire le trafic ?
“Benoît Payan n'a pas pris la mesure de son rôle en tant que maire. Quand vous faites un moratoire sur la vidéoprotection, quand vous n'embauchez pas suffisamment de policiers municipaux, quand vous êtes dans une politique plutôt laxiste, eh bien on arrive à une position où le narcotrafic prend le pas sur beaucoup de choses.”
Mais la lutte contre le narcotrafic relève de l’État.
“La lutte contre le narcotrafic ça relève de tout le monde. On ne peut pas dire : c’est l’État, ce n’est pas moi. Il y a des arrivées massives de drogue, il y a les consommateurs, et puis quand vous avez arrêté de faire de la sécurité une priorité comme l’a fait le printemps marseillais, vous avez une accélération du narcotrafic et de l’insécurité.”
Orange ferme pendant 15 jours. Est-ce un renoncement ?
“Les personnels slaloment entre les points de deal. Orange a décidé de fermer son siège pendant 15 jours, et ça c’est du renoncement parce qu’il y a du laxisme derrière. Oui, c’est abdiquer face aux délinquants, même si je comprends la direction d’Orange et les salariés qui se trouvent en insécurité.”
"On n'est pas en sécurité dans le centre-ville de Marseille"
Ce n’est donc pas seulement Saint-Mauront ?
“Il n’y a pas que le quartier de Saint-Mauront, il y a tout le centre-ville de Marseille aujourd’hui qui est atteint par cette insécurité. Beaucoup de personnes disent : ‘Le soir à 18h je ne vais plus au Vieux-Port, je ne vais plus sur la Canebière’. Moi qui habite centre-ville, je peux vous dire qu’on ne se sent pas du tout en sécurité.”
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La préfète de police réfute l’hypothèse d’affrontements entre bandes rivales. Elle est dans le déni ?
“La représentante de l’État fait beaucoup, mais il faut que les personnes portent plainte et fassent le 17 régulièrement. Aujourd’hui, slalomer entre les points de deal dans le 3ᵉ arrondissement est devenu le quotidien des habitants, et ça c’est catastrophique. Heureusement qu’on a eu des ministres de l’Intérieur dont Bruno Retailleau et Gérald Darmanin qui ont permis d’avoir des effectifs supplémentaires, mais il faut aussi qu’une municipalité soit aux côtés de la police nationale.”
Benoît Payan dit lui aussi que les salariés d’Orange doivent rester.
“Il y a les phrases et les belles déclarations, et puis il y a les actions. C’est la raison pour laquelle je souhaite me présenter à la ville de Marseille : avec mes équipes, nous voulons sauver Marseille.”
"Il faut une guerre civile contre les incivilités"
Vous parlez de laxisme de la gauche marseillaise, qu’est-ce que cela signifie en actes ?
“Il nous manque des caméras, des moyens de police, de la volonté. Et ce n’est plus un simple choc d’autorité qu’il faut aujourd’hui, il faut une guerre civile contre les incivilités. C’est plus un choc, c’est une guerre qu’il faut mener.”
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La marche blanche pour Mehdi Kessaci ne changera rien ?
“Ce qui est arrivé à la famille Kessaci est dramatique. Cette maman a déjà perdu un fils à cause du narcotrafic et là elle en perd un deuxième, c’est ignoble et insupportable. Il faut agir de manière très forte mais sur ses deux jambes : zéro tolérance pour les délinquants, et de la prévention, travailler en amont.”
La lutte doit-elle dépasser les clivages politiques ?
“La lutte contre le narcotrafic doit se faire en dehors de tous les partis. Il faut des actions très précises sur l’arrivée de la drogue, sur les trafiquants, sur les consommateurs, et permettre aux jeunes d’avoir un autre espoir que d’être chouf en bas d’une cité.”
Le vrai maire de Marseille, c’est la DZ Mafia ?
“Le vrai maire de Marseille c’est la personne qui va vouloir avoir des résultats, et aujourd’hui ce n’est pas le cas. C’est surtout l’insécurité qui dirige et la peur qui distille et qui fait partir les entreprises.”
Il y a de la corruption ?
“Ce n’est pas une question de corruption. La deuxième ville de France est dans un état plus que préoccupant, qui va devenir dramatique si on ne fait rien, si on ne met pas des élus d’expérience qui ont la volonté de faire.”
"Jordan Bardella et Marine Le Pen, je les appelle papa-maman"
Peut-il y avoir un accord de deuxième tour entre Benoît Payan et le candidat de la France Insoumise, le député Sébastien Delogu pour les municipales à Marseille ?
“L’accord est déjà fait. Des membres de la France Insoumise rejoignent Benoît Payan sur ses listes, et des élus de Benoît Payan vont sur les listes de M. Delogu. La France Insoumise a déjà mis la main sur le printemps marseillais.”
Un accord programmatique possible est-il possible avec le RN ?
“Aujourd’hui on a trois blocs : l’extrême gauche, l’extrême droite et nous au milieu. L’extrême droite, c’est l’amateurisme complet. Dans tout le département, on a trouvé les mêmes affiches des candidats RN avec Jordan Bardella et Marine Le Pen : moi je les appelle papa-maman. Ils n’en ont rien à faire des problématiques locales. Ce qu’ils veulent, c’est avoir des postes.”
Donc aucun accord avec le RN ?
“Pourquoi parler du deuxième tour ? Il y a un premier tour. Ce qui me choque, c’est que Benoît Payan fasse des accords avec la France Insoumise et que ça n’embête personne.”
Pour le second tour, alors ?
“On verra à ce moment-là.”
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