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Pour Manuel Bompard, "notre responsabilité, c'est de censurer le gouvernement"

Par Adélaïde Motte

"Notre responsabilité, c'est de censurer le gouvernement", selon Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de La France insoumise. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio.

gouvernement
Manuel Bompard, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 5 février 2024, dans “L’invité politique”.

Motion de censure contre Gabriel Attal et son gouvernement, guerre entre Israël et le Hamas : Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de La France insoumise, a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Le gouvernement de Gabriel Attal porte "un programme de souffrance générale"

La Nupes vient de déposer une motion de censure contre Gabriel Attal, et Manuel Bompard considère que cette action est légitime car "normalement la base, c'est qu'un Premier ministre, quand il vient d'arriver, demande un vote de confiance à l'Assemblée nationale." Il ne s'agit pas uniquement de déplorer l'absence d'un vote de confiance mais aussi de refuser "un programme de souffrance générale, d'une brutalité sociale totale", qui annonce l'augmentation des prix du gaz, des tarifs des mutuelles et des autoroutes, mais qui prévoit aussi de "détricoter la loi SRU", qui oblige les communes à construire des logements sociaux suivant certains critères. Un risque qui prouve, selon Manuel Bompard, que "ce gouvernement, c'est l'entre-soi". Il reproche également à Gabriel Attal "un discours très réactionnaire". "Notre responsabilité, c'est de censurer le gouvernement."

Gabriel Attal fait ses armes sur la révolte des agriculteurs, et il ne convainc pas Manuel Bompard. "Tout le monde sait que les raisons profondes de la colère n'ont pas trouvé en face des réponses politiques à la situation". Les agriculteurs n'ont "pas de revenus qui leur permettent de vivre dignement" et sont "confrontés à une concurrence déloyale", avec des "produits à bas-coût." Pour répondre à leurs besoins, Manuel Bompard demande "une politique commerciale qui soit une politique intelligente" avec notamment "un moratoire sur les accords de libre-échange", et que "tout ce qu'on est en capacité de produire sur le territoire national soit produit sur le territoire national."

Gabriel Attal doit-il demander la démission d'Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l'Éducation nationale qui enchaîne les polémiques ? Manuel Bompard finit par en douter car "sa présence permet de révéler la nature de ce gouvernement". "Je suis favorable à la mixité scolaire", explique Manuel Bompard, qui estime qu'il "pourrait y avoir davantage de conditions" dans le contrat qui lie les établissements privés à l'Éducation nationale, notamment "la culture de la mixité" ou "un certain respect de la carte scolaire". "Je ne connais pas les règles qui régissent ce type d'encadrement", admet-il, "si elles sont autorisées, ce serait bien de revenir dessus."

"Les actions qui ont été commises par le Hamas sont des crimes de guerre"

Le 7 février aura lieu un hommage national aux victimes franco-israéliennes de l'attaque du 7 octobre. La France insoumise a été invitée par l'Élysée à y participer, bien qu'une lettre ait été adressée au président de la République par cinq familles de victimes pour que ce ne soit pas le cas. Pour Manuel Bompard, même s'"il est normal d'organiser un hommage pour les 42 Franco-israéliens", "il est légitime par ailleurs d'organiser un hommage pour les Franco-palestiniens, un autre hommage, ou le même." Il est "légitime qu'on rende hommage à l'ensemble de nos enfants." La France insoumise sera donc présente à l'hommage et Manuel Bompard remarque que "si je vous dit que je ne vais pas à cet hommage, vous allez aussi me le reprocher."

Même si Manuel Bompard "peut comprendre" la demande des cinq familles de victimes "au regard de toute la désinformation" qu'auraient subi les déclarations de son parti, il affirme que la France insoumise dénonce le Hamas d'une seule voix. "J'ai dit que ni l'idéologie du Hamas ne correspondait à nos méthodes, que je combattais son idéologie, que je combattais ses méthodes d'action". "Je considère qu'il n'est pas habilité à porter la résistance du peuple palestinien." Quand à condamner le Hamas, "bien évidemment nous l'avons fait, les actions qui ont été commises par le Hamas sont des crimes de guerre."

Le gouvernement français doit porter à l'international "une parole non-alignée"

Pour autant, "il faut qu'il y ait un accord. Ça doit s'inscrire dans une négociation qui doit comprendre la libération de l'ensemble des otages détenus par le Hamas. Nous demandons un cessez-le-feu et nous demandons la libération de l'ensemble des otages." Si Jean-Luc Mélenchon a récemment qualifié de génocide les actions de l'État israélien dans la bande de Gaza, cette parole "se réfère au jugement de la Cour internationale de justice". "Jean-Luc Mélenchon a le droit de caractériser les éléments comme il l'entend". Manuel Bompard trouve par ailleurs intolérable "alors qu'on est confronté à un crime de masse, à un risque de génocide, qu'on vienne chercher des noises sur tel ou tel mot."

"La France occupait le mois dernier la présidence du Conseil de sécurité des Nations Unies, elle n'a rien fait", déplore Manuel Bompard, "le gouvernement français n'utilise même pas la capacité qu'il a pour obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible". Pourtant, lorsque "la cour internationale de justice a pris une décision dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie, la France a réagi". "Pourquoi ce deux poids deux mesures, pourquoi ce double standard ?" Pour Manuel Bompard, la France doit retrouver à l'international "une parole non-alignée, une parole indépendante. Non-alignement ne veut pas dire être indifférent, ne pas prendre parti dans un conflit. Cela veut dire qu'on décide de notre politique extérieure indépendamment des pressions des politiques extérieures." Cela veut notamment dire "soutenir les Ukrainiens comme on le fait", "exiger un cessez-le-feu immédiat et une solution qui permette aux deux peuples de vivre en paix" en Israël, et concernant le conflit entre la Chine et Taïwan, "ne pas mettre de l'huile sur le feu" et promouvoir "une seule Chine. C'est la position de la France depuis le général de Gaulle, c'est la position traditionnelle de la France."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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