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Louis Aliot : "La drogue est un fléau répandu dans le monde politique"

Par Aurélie Giraud

ENTRETIEN SUD RADIO - "La drogue est un fléau répandu dans le monde politique" selon Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du RN. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

Louis Aliot, RN, drogue
Louis Aliot interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 20 novembre 2025, dans “L’invité politique”.

"Quand vous avez un ministre en exercice qui vous dit qu’elle se drogue elle-même ou, en tout cas, qu’elle participe à ça, il ne faut pas s’étonner que derrière il y ait toute une jeunesse qui se sente finalement le droit et le loisir d’y aller. " Au micro de Sud Radio, Louis Aliot a répondu aux questions de Jean-François Achilli.

Jean-François Achilli : Il ne s’agit pas d’un crime d’avertissement mais d’un crime politique. Déclaration d’Amine Kessassi au 20h de France 2 après le meurtre de son frère jeudi dernier à Marseille. Qu’attendez-vous de la visite sur place, une semaine après le drame, de Gérald Darmanin et Laurent Nuñez ?

Louis Aliot : "Écoutez, à peu près autant que toutes les visites qu’ils ont pu faire maintenant depuis plus d’un mandat, avec des déplacements de communication et jamais de prise de décision importante pour réguler la situation ou, en tout cas, pour régler la situation. Donc je n’en attends rien."

Vous dites : rien ? Il n’y a pas de réponse de l’État dans la lutte contre le narcotrafic ?

"Il y a une réponse mais qui n’est pas à la hauteur de la guerre qu’il faudrait mener. Et quand on fait la guerre, il faut aussi avoir le courage de s’en donner les moyens. Or, on voit bien que nous n’avons ni les moyens matériels, ni les moyens humains, et que, si j’écoute le président de la République, qui veut une stratégie comme celle qui a prévalu dans la guerre contre le terrorisme, il va falloir mettre des moyens que je pense, aujourd’hui, nous n’avons pas."

"D’abord ceux du renseignement. Je ne sais pas, je ne suis pas assez calé sur le sujet pour vous dire si, en matière de renseignement, nous avons les éléments sur les trafics ; mais aussi en matière de relations internationales, pour aller voir les pays qui nous fournissent un certain nombre de trafiquants de drogue et voir avec eux jusqu’à quand ça va durer."

"Je suis persuadé que dans le monde politique, la drogue est un fléau répandu"

Jean-François Achilli : La nouvelle loi, le parquet, le PNACO qui arrive le 1er janvier, ça ne suffit pas à vos yeux ?

Louis Aliot : "C’est déjà une idée qui peut-être, si elle a les moyens, donnera en tout cas sur le terrain une présence accrue d’une stratégie qui commence à s’esquisser. Mais moi, je peux vous dire, pour être maire de Perpignan, que la situation est gravissime, et je le dis depuis déjà longtemps mais jamais entendu."

"Je me souviens, en 2014, j’étais en campagne électorale et j’avais fait un tract en disant : il faut éradiquer le trafic de drogue dans un quartier qui s’appelle chez nous Saint-Jacques. Et un officier de police était venu me voir à ma permanence et m’avait dit : ‘Monsieur Aliot, si vous faites ça, c’est la guerre civile.’ Parce que la drogue, c’est du trafic mais c’est aussi un amortisseur social aujourd’hui. Et si vous voulez vous attaquer au trafic de drogue et à tout ce qui se passe dans les quartiers, vous avez intérêt à mettre des moyens de prévention, des moyens de répression, et ensuite, derrière, il va falloir faire le service après-vente. Et on n’y est pas prêts."

Le maire de Perpignan ne fait rien ou ne peut rien faire face au narcotrafic ?

"Si. Je mets des policiers municipaux dans la rue, j’ai une section spéciale, mais qui va jusqu’à l’extrême limite de ce que le droit lui permet : c’est-à-dire arrêter les dealers, démanteler des points de deal avec la police nationale et les remettre à la justice. Mais écoutez : vous arrêtez des dealers dix fois par semaine, dix fois ils sont dehors."

Jean-François Achilli : Ce sont parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants. Déclaration d’Emmanuel Macron en Conseil des ministres. Le chef de l’État a raison ?

Louis Aliot : "Eh bien, il ne devrait pas prendre les bourgeois pour cible, parce que je pense que tout le monde est concerné. Que ce soit le fils d’ouvrier comme le fils de bourgeois."

Mais qui sont les bourgeois ?

"Les gens qui ont de l’argent, les gens qui ont les moyens. Et il est évident qu’en s’occupant des consommateurs, on arriverait évidemment à s’occuper du trafic de drogue. Mais il le dit… je ne sais pas, peut-être qu’il en connaît un rayon autour de lui, je n’en sais rien."

Vous pensez, quand vous dites ça, qu’il y a des politiques parmi ces bourgeois, Louis Aliot ?

"Ah ben moi, je suis persuadé que dans le monde politique, c’est un fléau répandu. Voilà, c’est un fléau répandu."

Répandu ?

"Oui."

Chez les politiques ? Pourquoi vous dites ça ? Vous avez de l’expérience ?

"Je me tairai, mais vous vous souvenez de Madame Voynet ? Oui, elle avait dit qu’il fallait libéraliser d’ailleurs le trafic de drogue et qu’elle en consommait elle-même. Quand vous avez un ministre en exercice qui vous dit qu’elle se drogue elle-même ou en tout cas qu’elle participe à ça, il ne faut pas s’étonner que derrière, il y ait toute une jeunesse qui se sente finalement le droit et le loisir d’y aller. Mais la gravité, ce n’est pas la consommation mais c’est les effets psychiatriques sur les jeunes esprits qui les prennent."

Quand vous dites “chez les politiques”, vous pensez que dans tous les partis, y compris au Rassemblement national, il peut y avoir de la consommation de drogue ?

"Mais vous savez, nous sommes tous des êtres humains, tous avec des forces et des faiblesses. Et il est évident que le fléau de la drogue touche tout le monde et, très certainement, sans en avoir pu vérifier moi-même la réalité, des gens qui peut-être ne sont pas très loin de moi."

Louis Sarkozy, candidat à la mairie de Menton, qui propose de dépénaliser toutes les drogues pour détruire le marché du deal. C’est une piste ou pas ?

"C’est du n’importe quoi. Voilà. Je pense qu’il a perdu l’élection déjà. Avec cette phrase-là, c’est même plus la peine qu’il se présente."

Jean-François Achilli : Louis Aliot, le RN demain au pouvoir : il y a un plan antidrogue dans les cartons. Vous parliez des pays étrangers : vous pensez même aller frapper à la porte des pays amis ? Je pense au Maroc.

Louis Aliot : "Mais tout le Maghreb en général. Moi, je ne pense pas au Maroc en particulier. Mais comme vous savez, je suis maire d’une ville frontalière de l’Espagne et j’écoute les spécialistes de la question. Cette drogue-là, elle remonte par l’Espagne et elle vient précisément des pays du Maghreb. Mais aujourd’hui, on est envahi par la cocaïne, par exemple. Celle-là ne vient pas du Maghreb. Et Barcelone devient une plaque tournante de la distribution de drogue. Donc il va falloir qu’on m’explique comment des bateaux entiers arrivent de Colombie ou je ne sais où jusqu’au port de Barcelone pour distribuer leur venin à l’ensemble de l’Europe. Moi, j’aimerais savoir comment ça se fait et pourquoi."

"Oui, quand vous êtes Français et patriote, il faut être prêt à mourir pour son pays"

Jean-François Achilli : Autre déclaration : "il faut accepter de perdre nos enfants". Que dites-vous ? Je ne sais pas si vous étiez dans la salle lors de cette déclaration choc du général Fabien Mandon, le chef d’état-major des armées.

Louis Aliot : "Alors, il y a deux choses. Il y a un : oui, quand vous êtes Français et patriote, il faut être prêt à mourir pour son pays. Ça me paraît évident et il ne fait que répéter une évidence. En revanche, il faut que la guerre que vous menez soit juste et qu’elle soit comprise, ou que la nécessité fasse que ce soit carrément la survie de la nation qui soit en jeu. À ce jour, en regardant ce qu’a dit cet officier supérieur, le chef d’état-major, moi je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de Français qui sont prêts à aller mourir pour l’Ukraine. Il faut quand même en avoir conscience, même si la Russie donne des signaux inquiétants.

Et j’ajoute que quand on a une cinquième colonne installée en France…"

Une cinquième colonne ?

"Oui. Il faut peut-être s’occuper de la cinquième colonne installée chez nous : c’est-à-dire une partie de la population qui déteste la France, qui nuit à ses intérêts de l’intérieur. Et je ne vois pas, moi, comment vous voulez mobiliser… qui ? Tout ce que vous voyez aujourd’hui dans les quartiers : ceux qui contestent la France, son modèle, qui contestent la République elle-même, qui sont dans le communautarisme exacerbé, les intégrismes religieux, etc.
Si vous mobilisez une population pour aller se battre, vous croyez que, par exemple, les islamistes radicaux vont se mobiliser pour aller se battre pour la France ?
"

Est-ce qu’on va faire un jour la guerre contre les Russes, à vos yeux, Louis Aliot ?

"Écoutez, je n’en sais rien. Je ne crois pas. Je ne l’espère pas. Mais dans tous les cas de figure, il faut être prudent et se préparer à toutes les éventualités. Mais je pense qu’aujourd’hui, l’ennemi principal n’est pas à l’Est. C’est une opinion personnelle."

Le Rassemblement national est toujours très prorusse.

"Non, il n’est pas prorusse, il est prudent. Je vous rappelle que je suis allé chercher moi-même 300 civils ukrainiens victimes des premiers bombardements russes."

Pourquoi avez-vous critiqué sur X la réception par Emmanuel Macron à l’Élysée de Boualem Sansal, de retour en France après sa remise en liberté ?

"Parce que le comité de soutien à Boualem Sansal, qui est mené par Monsieur Benedetti et par Madame Noëlle Lenoir aujourd’hui, n’a aucune nouvelle de personne, et même pas du président de la République. C’est quand même un comité qui a des personnalités éminentes, d’anciens ministres. Le Président actuel tient Boualem Sansal… je ne vais pas dire "au secret", mais en tout cas, peut-être lui a intimé l’ordre de ne pas parler. Et moi, j’aimerais savoir pourquoi. J’espère que ce n’est pas une injonction de plus de l’Algérie par rapport à la France."

Jean-François Achilli : Allez, la valse des impôts à présent. Êtes-vous d’accord avec l’annonce de la hausse de la taxe foncière pour 7 400 000 foyers, annonce faite dans la nuit précédente ?

Louis Aliot : "Évidemment que non. En plus que cette taxe foncière, du fait de l’augmentation des bases, c’est-à-dire de l’État, a déjà augmenté sur tout le mandat. Donc en rajouter une couche, si vous voulez, ça me paraît totalement incroyable. Et j’ajoute que les critères qui sont pris en compte pour augmenter cette taxe foncière encore plus… le fait d’avoir une douche chez soi est considéré comme… ou l’électricité considérée comme un équipement de confort… ça me paraît, pour le coup, délirant."

Ces 466 millions d’euros tomberont dans les caisses des communes, des départements, c’est-à-dire chez vous en fait.

"Oui, mais c’est de l’argent en moins pour le pouvoir d’achat. Et deux : je pense que le gouvernement s’apprête, avec le budget qui est en cours, à ponctionner les collectivités locales d’une manière encore plus importante, et donc à mettre à mal les finances publiques."

Et pendant ce temps, Louis Aliot, vos amis députés du Rassemblement national multiplient les votes de taxes.

"Non, ça c’est… c’est votre point de vue. Non, non, mais ce n’est pas vrai. Voilà. Ce n’est pas vrai."

La taxe multinationale ?

"Oui. Non mais ça… Pourquoi les multinationales ne paieraient pas d’impôts en France alors que nos artisans les paient ?"

Vous êtes d’accord qu’il y a un brouillage quand même du message ?

"Il y a les médias qui s’amusent à créer ce brouillage. Si vous allez voir les textes et les mesures que nous proposons, vous verrez que tout ça est très équilibré entre le moins de dépenses et effectivement un certain nombre d’autres petites taxes qui effacent évidemment des impôts qui existent déjà."

Vous dites que c’est faux parce que vous avez peur de fâcher les chefs d’entreprise. Vous soutenez avec Jordan Bardella, votre président, un discours plutôt pro-business maintenant.

"Vous pouvez être pro-business et défendre les classes populaires. Moi, je sais que mon cœur de cible a toujours été le commerce, l’artisanat et les PME. Et sur ceux-là précisément, on n’en parle jamais. On parle des multinationales, on parle des grands groupes, on fantasme sur tout cela, mais qui s’occupe du petit commerçant au coin de la rue ? Pas grand monde, à part nous."

"Je me représente à Perpignan parce que la Cour d’appel se prononcera bien après l’élection"

Vous vous représentez, j’imagine, à Perpignan, sauf si la Cour d’appel vous déclare inéligible ?

"Non, il n’y a pas de “sauf si”. Je me représente à Perpignan parce que la Cour d’appel se prononcera bien après l’élection, et éventuellement il y aura le recours en cassation. Donc je me représente. Je serai candidat à l’élection municipale de mars 2026."

Le Rassemblement national vise Marseille. Est-ce que c’est un objectif ?

"Et pas que. Et Toulon, Nice."

Vous pensez à combien de gains de grandes villes ? Vous êtes la seule grande ville…

"Je ne parle pas de gains, mais il y a de fortes chances que je sois rejoint, dans le top des grandes villes, par… je pense notamment à Toulon. Voilà. Mais pas de chiffre. Parce que vous savez, une municipale c’est aussi l’histoire d’un candidat avec sa ville."

Jean-François Achilli : Leroy Merlin, qui renonce à ses pubs sur le site de Frontières après une campagne d’un collectif de militants de Sleeping Giants, soutenu par La France insoumise. Qu’est-ce que vous dites ?

"Qu’elle se soumet aux injonctions de l’extrême gauche, et que les patriotes, en allant acheter de l’outillage ou du matériel, regarderont de plus près : aller à Leroy Merlin ou ailleurs."

Leroy Merlin a tort ? L’enseigne ?

"Mais bien sûr ! Ça commence à vous soumettre à ce genre de choses… et où ça s’arrête ? Ces gens sont trop prudents, à mon avis, et finalement ils ont un double effet : c’est l’effet boomerang. Ils ont cru bien faire en enlevant cette pub, et ils s’aperçoivent aujourd’hui que ça crée un scandale presque national, et qu’ils vont être victimes de leur propre scénario."

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