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"LFI est un boulet qui plombe la gauche" affirme Jérôme Guedj

Par Aurélie Giraud

Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Jérôme Guedj LFI
Jérôme Guedj, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 3 juin 2025, dans “L’invité politique”.

Union de la gauche avec LFI, violences après la victoire du PSG, racisme, laïcité : Jérôme Guedj a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"LFI est un boulet qui plombe la gauche dans son travail de reconquête"

Face à la stratégie électorale du Parti socialiste, Jérôme Guedj ne mâche pas ses mots. Il estime que La France Insoumise (LFI) handicape la gauche dans ses perspectives de victoire : "LFI est un boulet qui plombe la gauche dans son travail de reconquête". Il accuse le mouvement de Jean-Luc Mélenchon de brutaliser le débat public, rendant toute stratégie commune inefficace. "Quand on en est à cliver, à conflictualiser, à brutaliser, force est de constater que ça ne marche pas".

Alors que Marine Tondelier appelle à dépasser "le jeu des sept différences" pour construire une union face au danger de l’extrême droite, Jérôme Guedj répond sans détour : "Les valeurs, les principes, ce ne sont pas des querelles d’ego". Il insiste sur la nécessité d’une base programmatique solide avant toute alliance : "On ne peut pas faire l’union pour l’union, sans contenu. Il faut repartir d’éléments clairs sur le social, l’écologie, le régalien".

"On serait masochistes de faire des accords avec LFI qui veut faire la peau aux socialistes !"

Pour les municipales, Jérôme Guedj exclut toute alliance locale avec LFI. Il accuse le mouvement de vouloir "faire tomber des maires socialistes", tout en réclamant ensuite des accords électoraux. "On serait masochistes de faire des accords avec LFI", affirme-t-il. Pour lui, il y a un impératif de cohérence entre les scrutins locaux et nationaux.

Il rejette l’idée selon laquelle certains accords pourraient être justifiés par des "circonstances locales", comme l’a évoqué Olivier Faure. "La politique, c’est d’abord des principes et une constance" estime-t-il. Le député PS prévient : chaque logo commun avec LFI brouille la ligne socialiste et nuit à la reconquête électorale.

"Je n’ai pas bien compris la prise de position de Boris Vallaud"

Concernant le congrès du Parti socialiste, Jérôme Guedj critique le flou des positions internes. Il s’étonne du ralliement de Boris Vallaud à Olivier Faure après avoir défendu une ligne différente : "Je n’ai pas bien compris sa prise de position". Le député y voit un recul par rapport à l’aspiration au changement exprimée lors du premier tour.

Il regrette également l’absence de débat public entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, son candidat. Pour Jérôme Guedj, cela prive le PS d’un moment de vitalité démocratique. "C’est dommage que ce congrès se soit tenu dans l’intimité des sections". Le député estime que les débats internes devraient être visibles et assumés, à la hauteur des enjeux qui traversent toute la gauche.

PSG : "Des crétins décérébrés ont gâché la fête"

Revenant sur les débordements qui ont suivi la victoire du PSG en Ligue des Champions, Jérôme Guedj condamne les violences, mais fustige aussi les mots utilisés par certains membres du gouvernement. "Je n’aime pas les expressions à l’emporte-pièce". Il vise notamment Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, accusé d’alimenter une "surenchère verbale" lorsqu'il a parlé de "barbares".

Jérôme Guedj invite à s’interroger sur le problème structurel du maintien de l’ordre. "Pourquoi les grands rassemblements populaires aujourd’hui sont émaillés de violences ?" interroge-t-il. Selon lui, la France "ne sait plus faire" dans la gestion sécuritaire de ces événements, contrairement à d’autres pays européens.

"Ils alimentent ceux qui tiennent des discours de stigmatisation"

Jérôme Guedj salue les jeunes qui, sur les réseaux sociaux, ont dénoncé les casseurs issus de leur propre quartier. Il y voit une conscience citoyenne lucide : "Ils jouent contre leur propre camp". Ces comportements violents, selon lui, renforcent les discours populistes et discriminants.

Le député PS déplore que certains responsables politiques généralisent les fautes de quelques-uns : "Des comportements crétins individuels alimentent tous ceux qui veulent vous renvoyer à votre origine". Pour lui, l’éthique individuelle doit primer pour ne pas légitimer des stigmatisations collectives.

Racisme : "Il y a une apathie dans le pays"

Revenant sur deux assassinats récents à connotation raciste, Jérôme Guedj alerte sur la banalisation de la haine : "En moins de deux mois en France, il y a eu deux crimes racistes. Je suis meurtri par la résignation des Français". Il décrit une "apathie dans le pays" face à une "violence raciste" qui "devrait préoccuper matin, midi et soir".

Le député appelle à un sursaut collectif et politique. "Chacun doit ciseler et mesurer ses mots", insiste-t-il, en particulier les responsables politiques. Il rappelle que Bruno Retailleau, en tant que ministre des cultes, devrait être "le premier à être d’équerre sur ces questions".

Fillettes voilées : "Ce n'est pas ma tasse de thé"

Interrogé sur le port du voile par des fillettes, Jérôme Guedj se positionne avec nuance. Il déclare que ce n’est "pas [sa] tasse de thé", mais s’oppose fermement à l’interdiction proposée par le Premier ministre. "Je suis farouchement opposé à la proposition de Gabriel Attal d’interdire le voile pour les filles de moins de 15 ans" déclare-t-il.

Le député défend l’esprit de la loi de 1905 sur la laïcité : liberté de croire ou de ne pas croire sans pression. Pour lui, la loi n’est pas l’instrument approprié pour régler une question aussi sensible. "L’égalité femme-homme ne se mène pas avec les outils législatifs de la laïcité", prévient-il, prônant plutôt l’éducation, le dialogue et la prévention.

"Je refuse qu’on invisibilise le drapeau palestinien dans le débat public"

Interrogé sur la décision du maire de Chalon-sur-Saône d’interdire le drapeau palestinien, Jérôme Guedj défend le droit de représentation symbolique dans l’espace public. "Je refuse qu’on invisibilise le drapeau palestinien dans le débat public" affirme-t-il. Il soutient la démarche de son collègue socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, qui a fait hisser côte à côte les drapeaux palestinien et israélien pour symboliser la paix.

Le député de l’Essonne s’oppose fermement aux amalgames : "Le Hamas est l’ennemi des Palestiniens". Pour lui, brandir un drapeau ne signifie pas cautionner une organisation. Il plaide pour une position équilibrée : "Mettre ces deux drapeaux ensemble, c’est affirmer la solution à deux États". Il dénonce la "surenchère" dans le débat public et appelle à ne pas importer le conflit mais à "montrer qu’on peut écouter les uns et les autres".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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