Les nouveaux efforts demandés aux collectivités locales, la lassitude de la vie politique, le réchauffement climatique... Hugo Biolley a répondu aux questions de Jean-Francois Achilli.
Budget 2026 et nouveaux efforts demandés aux collectivités : "depuis 15 ans, c’est 82 milliards d’euros d’efforts qui ont été faits."
Les maires de France communes sont à l’honneur en ce mois d’août sur Sud Radio. Des élus qui restent à leur poste même durant les vacances estivales, comme le confirme Hugo Biolley, maire de la petite commune de 550 habitants de Vinzieux, en Ardèche, et plus jeune maire de France, élu à 18 ans en 2020. "Quand on est maire, on est responsable." Et que de prendre des vacances ou rester, notamment. "Pour moi l’été, en tout cas cet été, c’est l’occasion à la fois de gérer les travaux, mais aussi tous les dossiers." Mais également les "demandes de divers habitants" ce qui explique "qu’on est là pour gérer un peu tout ça l’été".
Parmi les dossiers, l’évolution des normes administratives, qui évoluent constamment obligeant les Mairies à se mettre à niveau. Un travail qui demande du budget, alors que de nouveaux efforts seront demandés aux collectivités dans le Budget 2026 prévu par le gouvernement. Le jeune maire de Vinzieux rappelle que l’Association des Maires de France (AMF) a "déjà calculé" les efforts qui ont déjà été demandés aux collectivités. "Depuis 15 ans, c’est 82 milliards d’euros d’efforts qui ont été faits." Un paradoxe alors que "quand je vote un budget de ma commune, ce budget est à l’équilibre", rappelle Hugo Biolley. "Quand on s’endette, c’est pour investir." "On nous en demande encore. Alors, je veux bien, mais je ne sais pas exactement comment."
Représentation nationale : "Je sens cette colère, cette lassitude de la vie politique"
La conséquence de la situation politique, explique Hugo Biolley, se résume en trois mots : "morosité, lassitude et colère". C’est ce qui était ressorti du baromètre de la confiance politique publié en mars 2025. "Je sens cette colère, cette lassitude de la vie politique", confirme-t-il. "On a envie qu’il se passe quelque chose" et, au contraire, "on a l’impression qu’on a un clivage énorme à l’Assemblée nationale". "On cherche une vision, on cherche un cap", affirme-t-il. Et c’est lui qui doit le donner : les maires de France essayent "de créer de l’espoir, du vivre ensemble, de monter des projets".
Le spectacle de l’Assemblée nationale, les clivages politico-politiciens, la représentation nationale… ne représente en réalité pas du tout la vie locale. "J’invite l’Assemblée national à voir ce qui se fait à Vinzieux" et dans les petits villages. Les élus locaux font de la politique, "mais en fait j’en ai rien à faire de savoir, dans le conseil municipal, si les gens sont plutôt à gauche, au centre, à droite… Ce n’est pas notre sujet". "On prend un projet, on construit une vision, on fait quelque chose ensemble, et puis derrière ça donne des résultats pour le village."
Réchauffement climatique : "Tout ça va nous demander de nous adapter. Avec quels moyens ? Je ne sais pas vraiment"
Sujet très débattu autant à l’Assemblée nationale qu’au niveau local : le réchauffement climatique. Une problématique majeure à Vinzieux dont une grande partie de la commune est occupée par de la forêt dont la gestion incombe au maire. Le réchauffement climatique est une "question majeure", confirme Hugo Biolley. "Parce que c’est un fait, elle est en face de nous." "Et moi je suis inquiet", confie le maire qui a dû gérer en un seul mandat des inondations ou encore des incendies. Des événements qui "créent des risques pour nos administrés" mais aussi "des dépenses assez énormes". "Tout ça va nous demander de nous adapter. Avec quels moyens ? Je ne sais pas vraiment."
France rurale : "Cette France-là, elle est riche. Elle apporte énormément de choses"
Les communes françaises sont confrontées de plus en plus à une désertification des services publics. Les maires ont des difficultés à trouver des docteurs, les maternités ferment, les Ehpads manquent, les professeurs manquent… "On n'est pas les seuls acteurs" concernant l’évolution du secteur public, rappelle le maire de Vinzieux. Mais les élus locaux accordent "beaucoup d’importance pour garder" ces services. "Mon sentiment un peu global, sur la question du service public, c’est que si on confiait la gestion de la France à uniquement des grands experts financiers, on viendrait fermer nos campagnes parce que ça coûte trop cher."
Les élus locaux, eux, disent "non". "On a besoin de diversité, on a le droit d’habiter dans cette France-là", rappelle Hugo Biolley. "Cette France-là, elle est riche. Elle apporte énormément de choses." Et justement, le service public, souligne le jeune maire, "sert à ça", à pouvoir vivre partout en France en pouvant se faire soigner ou éduquer ses enfants.
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