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"Le PS a décidé d'être sous la domination de LFI, en permanence" affirme Marc Fesneau

Par Aurélie Giraud

Marc Fesneau, député Modem du Loir-et-Cher et président du groupe Les Démocrate à l'Assemblée nationale, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Marc Fesneau PS
Marc Fesneau, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 27 juin 2025, dans “L’invité politique”.

Conclave des retraites, budget 2026, motion de censure du PS, Mercosur, présidentielles de 2027 : Marc Fesneau a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Le PS a décidé d'être sous la domination de LFI, en permanence"

Alors que le PS s’apprête à déposer une nouvelle motion de censure, Marc Fesneau dénonce une stratégie purement opportuniste. "Je vais essayer de ne pas être désagréable… Mais franchement…", commence-t-il. Avant d'affirmer : "C’est une politique erratique et peu crédible". Il juge que les socialistes, en cédant aux alliances avec La France Insoumise, "reviennent sous les fourches caudines de LFI".

"Le PS a décidé d’être sous la domination de LFI, en permanence !", assène Marc Fesneau. Il assure qu’il existait pourtant au sein du Parti socialiste des élus "qui disaient qu’il faut qu’on soit indépendants des Insoumis". Pour lui, céder à la logique des accords électoraux, c’est renoncer à toute cohérence de fond. "Si un socialiste pense sérieusement qu’on peut revenir à 62 ans sans conséquences sur les pensions, qu’on me le présente !"

Retraites : "Le PS berne les gens !"

Sur la réforme des retraites, Marc Fesneau critique vivement le Parti socialiste. "Le PS berne les gens en disant que François Bayrou avait promis un retour à 62 ans. Ce n’est pas vrai", lance-t-il. Pour lui, les avancées obtenues lors du conclave des retraites sont majeures. "La CFDT a accepté l’idée d’un départ à 64 ans. C’est une avancée", affirme-t-il. Il souligne également les progrès sur la décote et les pensions des femmes, avec un nouveau mode de calcul plus favorable selon le nombre d’enfants.

Marc Fesneau fustige les discours démagogiques de certains élus : "Il y a quelque chose d’extrêmement hypocrite et dangereux dans la vie publique quand on sait que c’est intenable et qu’on continue à le dire parce que c’est le prix d’un accord électoral". Il estime que ces postures fragilisent la légitimité même du compromis social : "On ne peut pas dire à la CFDT qui fait un effort que tout cela n’a servi à rien".

"Il faut aller plus loin sur le jour de carence"

Questionné sur les pistes d’économies pour contenir la dette publique, Marc Fesneau évoque plusieurs leviers. Il propose notamment de revoir les modalités des arrêts maladie : "Nous avions proposé l’an dernier d’aller plus loin sur le jour de carence". Il considère qu’un passage à deux ou trois jours non indemnisés doit être envisagé, car "quand un système dérive à ce point-là, il y a un vrai dysfonctionnement".

Le député pointe également les dépenses sociales : "60% de l’endettement récent concerne la retraite, la santé et le chômage". Il appelle à réexaminer l’utilité de certaines agences de l’État et à fixer des priorités claires. "Nous devons réduire la voilure sur un à trois ans", dit-il.

Budget : "L'année blanche en 2026 est une piste intéressante"

Alors que la dette atteint 3.345 milliards d’euros, Marc Fesneau soutient l’idée d’une pause budgétaire. "L’année blanche en 2026 est une piste intéressante", affirme-t-il. Elle permettrait, selon lui, de limiter la hausse automatique des dépenses liées à l’inflation, en particulier pour les prestations sociales. Il reconnaît que "ce n’est pas rien, 15 à 25 milliards d’euros", mais estime que "c’est le début d’un effort collectif nécessaire".

Mais le président du groupe Les Démocrate à l'Assemblée national insiste : cet effort ne doit pas être généralisé à l’aveugle. Il plaide pour une équité dans la répartition des charges : "On ne peut pas faire croire que tout le monde ne sera pas mis à contribution. Ce serait un mensonge." Pour autant, il appelle à une différenciation claire selon les capacités de chacun, afin d’éviter que "les plus fragiles ne soient les premières victimes d’un redressement mal calibré".

"La TVA sociale est un sujet de présidentielle"

Dans un pays très attaché à la justice sociale, Marc Fesneau estime indispensable d’organiser une contribution différenciée selon les revenus. "Ce pays a besoin que ceux qui ont le plus contribuent plus", affirme-t-il. Il rappelle que cette logique a déjà inspiré la contribution exceptionnelle imposée aux grandes entreprises en 2023. Selon lui, même certains acteurs économiques "comprennent qu’ils doivent participer à l’effort collectif".

Marc Fesneau met en garde contre le risque d’un déséquilibre social si les efforts sont mal répartis. "La cohésion sociale est à ce prix", ajoute-t-il. Dans ce contexte, il se montre très réservé sur la TVA sociale, qui pèserait davantage sur la consommation : "J’ai du mal à en être convaincu. C’est plutôt les plus modestes qui sont touchés". Pour Marc Fesneau, un tel débat mérite d’être tranché dans le cadre d’un projet présidentiel, tant il engage une refonte profonde du modèle social français.

"Nous sommes le pays qui dépense le plus, mais dont l'efficacité est la plus contestée"

Marc Fesneau s’inquiète du paradoxe français. "Nous sommes le pays qui dépense le plus pour ses services publics, et sans doute celui où leur efficacité est la plus contestée", déclare-t-il. Il évoque la crise de confiance croissante des citoyens face à des administrations perçues comme coûteuses mais peu performantes. "On entend que les prisons sont surpeuplées, qu’on ne trouve plus de professeurs… Et en même temps, la dépense publique ne cesse d’augmenter."

Pour le président du groupe Démocrate, le cœur du problème est structurel : "Cela fait 25 ans qu’on alterne entre coupes aveugles et relances désordonnées, sans jamais repenser le fonctionnement global." Il appelle à une transformation profonde, citant en exemple la réforme réussie de La Poste : "Ils ont su adapter leur modèle, anticiper la baisse du courrier, développer de nouveaux services. C’est ce type de démarche qu’il faut reproduire dans d’autres administrations, à commencer par l’Éducation nationale."

Présidentielles de 2027 : "Il y a assez de petits chevaux dans la course !"

Marc Fesneau reste sceptique sur l’émergence de nouvelles figures dans la course présidentielle. Interrogé sur Dominique de Villepin, il répond avec ironie : "Je ne vois pas où est son électorat. N’est pas De Gaulle qui veut". Il critique les candidatures fondées sur la seule posture et non sur un projet de fond : "Ce pays n’a pas besoin de sauveurs, mais d’un projet collectif".

Concernant les forces politiques de la majorité, il reconnaît un manque de clarté : "Le socle commun, je ne le vois pas tous les jours". Il regrette une absence de clarification sur les convergences et les désaccords depuis la nomination de Michel Barnier. "C’est une maison qui se fissure. Il faudrait qu’on se parle vrai", affirme-t-il, en appelant à un sursaut collectif avant l’entrée en campagne.

Mercosur : "Si la France n’était pas là, l’accord serait là"

Sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, Marc Fesneau se montre ferme. "Si la France n’était pas là, l’accord serait là", assure-t-il. Il défend le rôle de la France dans la constitution d’une minorité de blocage, face à des pays comme l’Allemagne ou les États du Nord, qui soutiennent le texte.

Marc Fesneau dénonce une incohérence de la Commission européenne, qui impose aux États membres des exigences environnementales strictes, tout en négociant des accords avec des pays "qui ne respectent pas l’accord de Paris". Pour lui, "il faut un vrai débat démocratique sur ces traités", et non des validations à bas bruit. Mais il reconnaît que cette opposition "tient encore, mais reste fragile".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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