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"Le pays corse, son peuple et son âme sont en train de disparaître", alerte Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio

Par Aurélie Giraud

Le pays Corse, son peuple et son âme sont en train de disparaître, selon Jean-Christophe Angelini, maire de Porto Vecchio et président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse. Il était "L'invité politique" sur Sud Radio.

Jean-Christophe Angelini, interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 5 août, dans “L’invité politique”.
Jean-Christophe Angelini, interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 5 août, dans “L’invité politique”.

Le statut de résidence en Corse, sa capacité législative, sa démographie... Jean Christophe Angelini répond aux questions de Jean-François Achilli.

Un projet de loi entre espoirs et limites

Soutenu par le gouvernement, le projet de loi organique sur la Corse doit être examiné au Sénat en octobre, avant d’éventuelles discussions à l’Assemblée nationale. Il fait suite au cycle de négociations engagé en 2022, dans un contexte de tension après les violences ayant suivi l’agression mortelle d’Yvan Colonna. "Le PNC soutient ce projet de loi, tout comme comme il soutient des initiatives de dialogue entre la Corse et l'État depuis des décennies. Nous avons connu des périodes compliquées depuis les années 1980/1990 (...) Oui, nous soutenons donc le dialogue mais, 30 ou 40 ans après, nous avons encore des difficultés à faire passer au niveau de l'État, un certain nombre de thèmes."

En effet, le texte suscite déjà de vives critiques. S'il prévoit une forme de pouvoir législatif local, il fait l'impasse sur des demandes symboliques et politiques fortes : pas de statut de résident officiel, pas de co-officialité de la langue corse, ni de reconnaissance d'un "peuple corse".

Résidence, langue, peuple : des points sensibles

Sur le statut de résident, bien qu'absent une tant que tel, une formulation autour de la résidence fiscale ou de l'antériorité d'implantation pourrait ouvrir des perspectives : "Le statut de résident avait été voté sous Paul Giaccobi, qui n'était pas nationaliste, et qui avait conclu que si l'on ne subordonnait pas la possibilité de devenir propriétaire à une forme de durée dans l'île, on allait vers une série sans précédents, et une forme de dépossession généralisée", rappelle le maire de Porto Vecchio.

Quand à la langue corse, l'absence de co-officialité est vécue comme un échec. L'article 2 de la Constitution qui précise que le français est la seule langue de la République "condamne la langue corse à l'extinction", tandis que le taux de transmission familiale de cette dernière est aujourd'hui de 3 ou 4%.

Des lois locales pour répondre aux réalités insulaires

Pour Jean-Christophe Angelini, l'autonomie n'est pas un caprice idéologique, mais une nécessité économique : "Nous sommes sur un territoire qui importe 92% de ce qu'il consomme. Il faut territorialiser les produits d'un certain nombre d'impôts, renégocier le pacte qui nous lie à l'état en réduisant les dotations de fonctionnement et, en contrepartie, l'État nous laisserait davantage de marge de manoeuvre sur un certain nombre d'impôts (locaux, TVA, sur les sociétés, etc.). Il y a une quantité de leviers que l'on peut mettre en oeuvre."

Les lois locales pourraient donc porter sur la fiscalité, l'urbanisme ou le foncier.

La question mafieuse en Corse, un piège

Certains élus agitent le risque mafieux comme argument contre l'autonomie. Jean-Christophe Angelini dénonce une instrumentalisation. Le grand banditisme existe, certes. Il existait avant, et continuera tant que l'État, la justice et la société corse ne le combattent pas ensemble. Le régalien restera bien aux mains de l'État. Un rapport contre les pratiques mafieuses a été voté à l'Assemblée de Corse, à l'unanimité. La lutte contre ces dérives est, selon le président du groupe Avanzemu, parfaitement compatible avec une autonomie responsable.

Démographie : le coeur du problème

La perspective d'une autonomie se heurte à une autre réalité : la crise démographique. En 2040, la Corse serait la région la plus âgée d'Europe, selon les estimations de l'INSEE. "Concomitamment, nous avons un solde de natalité négatif, et nous tenons car nous avons 4 à 5 000 arrivées en Corse par an, ce qui n'est pas sans poser de difficultés de toutes natures : logement, intégration, construction, scolarisation, etc."

Ce vieillissement accéléré, doublé d'une pression foncière croissante, alimente une inquiétude plus profonde : la dilution de l'identité corse. "Ce pays, ce peuple et son âme sont en train de disparaître. (...) La question démographique est centrale dans le débat politique."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio

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