Loi Duplomb, incendie dans le Massif de Corbières, narcotraffic, conflit au Proche-Orient, élections municipales... Michaël Delafosse a répondu aux questions de Jean-Francois Achilli.
Censure des dispositions de la Loi Duplomb par le Conseil constitutionnel : "C’est une bonne nouvelle, c’est une victoire pour la santé environnementale", déclare Michaël Delafosse
Jeudi 7 août, le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions de l’article 2, article le plus contesté de la Loi Duplomb, autorisant à déroger à l’interdiction d’utiliser des produits "contenant des néonicotinoïdes ou autres substances assimilées, ainsi que des semences traitées avec des produits". Parmi ces derniers, l’acétamipride, mis à l’écart en France depuis 2020, qui devait donc être réintroduit pour certaines cultures, comme la betterave. "Bien sûr, il faut soutenir nos agriculteurs, mais cela ne peut pas être au détriment de la santé publique, du risque de cancers, je salue donc la décision du Conseil constitutionnel qui a été obtenue grâce aux parlementaires qui l’ont saisi."
Il est à noter que la décision du Conseil constitutionnel n’a rien d’une décision politique. Ses membres sont élus par le Président de la République, de l’Assemblée Nationale puis du Sénat et, par ailleurs, la Charte de l’Environnement est inscrite dans la Constitution, rappelle le maire de Montpellier. À ce titre, il s’agit d’une décision purement juridique.
Toutefois, l’Union européenne ne partage pas la position française puisque l’acétamipride y est autorisée jusqu’en 2033. En ce sens, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, parle d’incertitude majeur de la science quant à la neurotoxicité. "Il n’y a pas d’opposition catégorique, il doit y avoir un principe de précaution", nuance Michaël Delafosse. Il faut cependant entendre les voix qui se sont élevées sur notre territoire, et notre gouvernement doit "plaider au niveau européen pour faire des progrès en matière de santé environnementale ". La censure de l’article 2 de la Loi Duplomb constitue néanmoins une avancée majeure pour notre pays, "c’est cela notre progrès ".
Incendie dans le Massif de Corbières : "Il ne faut pas négliger nos moyens de protection"
Déclaré le mardi 5 août 2025 aux alentours de 16 heures, dans la commune de Ribaute, l’incendie s’est propagé de manière extrêmement rapide, avec une avancée d’environ 1000 hectares par heures, en raison de conditions météorologiques particulièrement défavorables. Plus de 600 pompiers ont été déployés, appuyés par des Canadair, des hélicoptères, des bombardiers d’eau et des Dash. Le maire de Montpellier souligne ici une injonction contradictoire en ce que l’État demande 5,3 milliards d’euros d’économies aux collectivités territoriales en 2026, s’inscrivant dans un plan d’économie global de 44 milliards d’euros, présenté par François Bayrou le 15 juillet 2025. Michaël Delafosse met en garde : "Attention, s’il faut redresser les comptes publics, attention de ne pas faire des coupes qui rendent impossibles les moyens d’assurer le bon fonctionnement du pays, et surtout la protection de nos concitoyens et de nos espaces. (…) Je crois que tout le monde mesure la regrettable décision d’avoir ajourné sine die l’acquisition de Canadairs l’an passé."
Santé, cohésion sociale, prévention de la délinquance : le PS censurera-t-il François Bayrou et son budget à l’automne 2025 ?
Michaël Delafosse l’assure, si la copie reste en l’état. "Personne ne nie qu’il faut participer au redressement des comptes publics. Quand on voit que l’on va supprimer l’aide à la pratique du sport pour les 6-13 ans, (…) la pratique du sport est un facteur de santé, de cohésion sociale, les bénévoles jouent un rôle essentiel. Il va y avoir des discussions, mais telle que la copie est présenté, cela ne peut rester en l’état."
Narcotraffic : "un danger pour notre société et sa cohésion sociale"
Nous constatons en France une montée en puissance du narcotraffic. Faut-il en conclure une forme d’impuissance publique ? Selon le maire de Montpellier, il ne faut pas s’y résoudre. Il prend pour exemple les actions menées au sein de sa métropole, pour lutter contre ce délit : augmentation des effectifs de la police municipale, création d’une brigade au logement social, lutte contre les commerces blanchissant l’argent de la drogue. "On peut et on doit lutter, car le narcotraffic est un danger pour notre société et sa cohésion sociale".
Dans ce contexte, le prochain budget doit accorder des moyens renforcés à la justice et aux services d’enquête. Delafosse invite et incite les maires à s’y impliquer pleinement, car le narcotrafic représente une menace grave pour la cohésion de notre société.
Conflit au Proche-Orient : l’État palestinien doit pouvoir vivre aux côtés de l’État d’Israël, mais il n’est pas question de donner une quelconque prime au Hamas
Le 6 août 2025, L’Opinion publiait : "Emmanuel Macron reproche à une partie de la communauté juive d’oublier son universalisme". Le Président de la République aurait ainsi répondu à Manuel Valls, s’interrogeant de son côté sur la pertinence du moment choisi pour reconnaître l’État palestinien. De tels propos ont été démentis par l’Elysée. "Je me rassure que les propos qui ont été rapportés ont été démentis. Je trouve cela très dangereux que l’on puisse jeter une suspicion sur une partie de nos compatriotes en leur donnant une injonction.", a confié le maire de Montpellier. En effet, lutter contre le racisme est l’antisémitisme constitue "l’une des priorités de notre République", a-t-il poursuivi.
Au Proche-Orient, "c’est une nouvelle Guerre de Cent Ans", analyse Michaël Delafosse. Le Hamas n’est pas crédible pour gouverner les Palestiniens. La solution proposée par notre invité est double : sécurité pour Israël, souveraineté pour la Palestine.
François Mitterrand avait appelé, en août 1989, à ne pas "transiger sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes". Michaël Delafosse confirme : "Quand un peuple existe, il a le droit à un État". En revanche, il est "hors de question de donner une quelconque prime au Hamas. (…) C’est l’intérêt d’Israël pour sa sécurité".
À l’approche des élections municipales, avec ou sans LFI ?
La France Insoumise (LFI) "attaque de partout", déplore le maire de Montpellier. "LFI préfère s’attaquer à la gauche qu’aller combattre l’extrême-droite". Michaël Delafosse invite, quant à lui, la gauche à se rassembler pour avancer.
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