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"La France est un paradis fiscal pour milliardaires" affirme Sandrine Rousseau

Par Aurélie Giraud

Sandrine Rousseau, députée Écologiste de Paris, était “L’invitée politique” sur Sud Radio.

Sandrine Rousseau
Sandrine Rousseau, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 13 juin, dans “L’invité politique”.

Fiscalité des ultra-riches, retraites, école, psychiatrie, écologie, présidentielles de 2027, frappes israéliennes sur des sites nucléaires en Iran, reconnaissance de l’État palestinien : Sandrine Rousseau a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"La France est un paradis pour milliardaires"

Interrogée sur la "taxe Zucman", rejetée par le Sénat, Sandrine Rousseau dénonce un système fiscal profondément injuste. "Aujourd’hui, un milliardaire paie deux fois moins d’impôts qu’un professeur ou qu’une infirmière", affirme la députée écologiste de Paris. Selon elle, cette taxe plancher sur le patrimoine des ultra-riches – 2% sur les fortunes supérieures à 100 millions d’euros – "rapporterait 40 milliards d’euros" et rétablirait une forme d’équité sociale. "Aujourd’hui, la France est un paradis fiscal pour milliardaires", martèle-t-elle, soulignant l’urgence d’une réforme.

Sandrine Rousseau estime également que le patrimoine professionnel ne peut pas toujours être exclu de l’assiette fiscale : "Il y a une manière de s’exonérer de l’impôt en augmentant le patrimoine professionnel". Elle nuance toutefois : "Pour les artisans ou les petits commerçants, on peut imaginer une sortie de la base fiscale", mais pour les grandes fortunes, "une partie du patrimoine professionnel doit entrer dans la base d’imposition".

"J'en ai marre qu'on tape toujours sur les mêmes"

Alors que Gérald Darmanin propose de réduire de moitié la durée d’indemnisation chômage, Sandrine Rousseau dénonce une politique de stigmatisation des plus précaires. "À chaque fois, ils tapent sur les gens qui n’ont pas de travail ou pas beaucoup d’argent". Elle déplore une posture d’autorité de façade, alors que, selon elle, "leurs mains tremblent pour voter la loi Zucman".

Pour l’élue écologiste, ce double discours est insupportable dans un contexte de crise sociale aiguë. "Il y a des gens aujourd’hui qui ne savent pas comment ils tiendront demain", alerte-t-elle. Elle qualifie ces choix politiques d’"humiliation sociale", et y voit "une forme de lutte des classes". À propos du recul de l’âge de la retraite, elle ajoute : "J’ai ri de la proposition du COR de travailler jusqu’à 66 ans et demi. Si on travaille jusqu’à la mort, il n’y a plus de problème de retraite !"

"Ce qui s’est passé à Nogent est un fait de société"

Interrogée sur le drame de Nogent, Sandrine Rousseau refuse d’y voir un simple fait divers et y voit au contraire un symptôme d’un mal profond dans la société. "13 millions de Français sont touchés par des troubles psychiques", affirme-t-elle, rappelant les conclusions de son rapport parlementaire co-rédigé avec Nicole Dubré-Chirat. "Ce qui s’est passé à Nogent est un fait de société", insiste-t-elle. "Il y a une explosion des troubles chez les enfants", prévient-elle.

Sandrine Rousseau s’alarme d’un effondrement du soin, notamment en pédopsychiatrie : "Les tentatives de suicide chez les jeunes femmes explosent. L’agressivité peut aussi être un symptôme de troubles non pris en charge". Elle insiste : "Une société qui laisse ses enfants aller aussi mal est une société qui ne va pas bien". Pour elle, ce constat appelle à une mobilisation transpartisane autour de la santé mentale.

"Je demande une conférence nationale sur l’école !"

Sandrine Rousseau appelle à une réponse structurelle à la crise éducative. "Je demande une conférence nationale sur l’école", insiste-t-elle, citant un collège de sa circonscription où "4 enseignants sur 40 ont récemment démissionné". Selon elle, "le métier d’enseignant est en perte de sens" et les concours ne font plus le plein.

Sandrine Rousseau évoque un effondrement global : "Il manque un médecin scolaire sur deux". La députée plaide pour une concertation réunissant syndicats, élèves, parents, infirmiers et enseignants afin de redonner un cap à l’Education nationale. "On avance comme un canard sans tête", résume-t-elle, dénonçant l’empilement de mesures ponctuelles sans vision d’ensemble.

Sandrine Rousseau : "Je ne sais pas si je serai candidate en 2027 mais je mènerai la bataille culturelle !"

À la question de Jean-Jacques Bourdin sur une possible candidature à la présidentielle de 2027, Sandrine Rousseau répond : "Je ne sais pas si je serai candidate, mais je mènerai la bataille culturelle". Elle estime que la situation appelle à "des mots et des propositions à la hauteur de l’enjeu".

Refusant de commenter les tensions internes à gauche, elle préfère souligner "l’effondrement des services publics", "de la démocratie", "de la biodiversité" et "du vivre-ensemble". Face à ces multiples crises, elle affirme : "Je m’engage à défendre mes convictions et à faire en sorte que dans le quotidien des gens, quelque chose change".

"Emmanuel Macron, c’est Kaa, le serpent du Livre de la Jungle, il hypnotise"

Sandrine Rousseau critique sévèrement le bilan écologique du président. À propos du sommet des Océans à Nice, elle ironise : "4% des aires marines protégées sont réellement protégées". Pour elle, "on mesure l’espèce de dystopie dans laquelle on est".

Elle dénonce une stratégie de communication sans portée réelle : "Emmanuel Macron, c’est Kaa, le serpent du Livre de la Jungle. Il hypnotise". Malgré les effets d’annonce, "85% des coraux sont en danger" et "90% des grands poissons ont disparu", souligne-t-elle. Sandrine Rousseau regrette une politique qui "félicite une avancée minimale dans un contexte de catastrophe planétaire".

"Arrêtez de manger de la viande !"

La députée écologiste insiste sur l’enjeu climatique et alimentaire : "On mange bien sans viande", affirme-t-elle. Pour Sandrine Rousseau, "diminuer la consommation de viande est un enjeu national et planétaire". Elle alerte sur les conditions d’élevage intensif : "Certains élevages de poulets abritent jusqu’à 120.000 volailles sous antibiotiques".

La surconsommation de viande est liée, selon elle, à des accords commerciaux tels que le CETA (accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne). "Préservons la planète, mangeons moins de viande", lance-t-elle, appelant chacun à une prise de conscience individuelle au service du collectif.

Sandrine Rousseau :"Netanyahou s'émancipe de toutes les règles internationales"

À la suite des frappes israéliennes sur des sites nucléaires iraniens, Sandrine Rousseau alerte sur les risques d’un conflit généralisé. "Le programme nucléaire iranien est une menace, ça je pense que tout le monde le reconnaît", déclare-t-elle. Mais ce qui l’inquiète davantage, c’est qu'"on a l’impression que Netanyahou s’émancipe de toutes les règles internationales". Selon elle, cette stratégie met en péril l’équilibre régional, en aggravant les tensions avec l’Iran, mais aussi avec "le Sud-Liban, la Syrie", dans un contexte de "situation critique et instable".

La députée écologiste de Paris redoute que cette absence de coordination multilatérale déstabilise davantage une région déjà sous pression. "Le fait qu’un chef d’État comme ça piétine absolument toutes les règles internationales qui sont en cours, c’est aussi un danger", insiste-t-elle. Elle appelle à une action diplomatique concertée pour éviter un embrasement global.

Gaza : "La destruction d’un peuple, ça s’appelle un génocide" 

Sur la situation à Gaza, Sandrine Rousseau se montre catégorique : "Ce qui se passe à Gaza est inadmissible", déclare-t-elle. Elle décrit une population civile "détruite dans sa capacité à vivre", évoquant des bombardements touchant enfants, femmes et personnes âgées. "C’est une atteinte à tout droit international. Ce sont des crimes de guerre, c’est probablement un génocide", affirme-t-elle.

Elle dénonce aussi la position américaine, estimant qu’elle légitime les actes israéliens : "C’est une humiliation totale pour un peuple". Sandrine Rousseau soutient la reconnaissance d’un État palestinien par la France : "Oui, j’encourage Emmanuel Macron à reconnaître un État palestinien, c’est une nécessité". Elle regrette que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ait été affaiblie au profit du Hamas. "C’est aussi la politique de Netanyahou qui a favorisé le Hamas". Pour elle, "remettre au centre du jeu des organisations politiques plus modérées" est la seule voie pour espérer une solution de paix durable.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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