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"Israël est une menace pour le monde" affirme Clémentine Autain

Par Aurélie Giraud

Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis et co-fondatrice de l'Après, était “L’invitée politique” sur Sud Radio.

Clémentine Autain Israël
Clémentine Autain, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 16 juin 2025, dans “L’invité politique”.

Israël, guerre au Moyen-Orient, divisions à gauche, présidentielle 2027, capitalisme, retraites : Clémentine Autain a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Israël est une menace pour le monde"

Clémentine Autain dénonce fermement les frappes israéliennes sur l’Iran. Pour la députée de Seine-Saint-Denis, "c’est une façon de faire qui est à la fois illégale sur le plan du droit international et totalement contre-productive". Elle estime que "ce n’est pas par la violence et la brutalité que nous allons arriver à nos fins". "On n’a jamais apporté la démocratie avec des bombes" tient-elle à souligner.

Elle va plus loin : "Israël est une menace pour le monde aujourd’hui". Selon Clémentine Autain, "nous sommes entrés dans une forme de Troisième Guerre Mondiale larvée", avec des puissances comme Israël et l’Iran entraînées dans une spirale de confrontation, sur fond de soutien américain. Elle interpelle directement Emmanuel Macron : "Le Président a fait une volte-face", abandonnant une conférence prévue avec l’Arabie Saoudite pour reconnaître l’État palestinien.

"Israël cherche à détourner le regard de Gaza"

Clémentine Autain estime que les bombardements israéliens en Iran visent à créer un "contrefeu", au moment où des voix s’élevaient pour reconnaître l’État palestinien. Elle dénonce une stratégie cynique de Benjamin Netanyahou : "Il essaye de créer un autre sujet de conversation que Gaza". Ce bombardement serait, selon elle, "une tentative de détourner l’attention du génocide perpétré contre le peuple palestinien".

Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur le droit d’Israël à se défendre, Clémentine Autain répond : "Oui, mais pas d’outrepasser le droit international". Elle plaide pour une solution diplomatique et la mise en place d’un cessez-le-feu. Elle affirme qu’il ne faut "certainement pas avoir la main faible à l’égard d’Israël", et met en garde : "Avec ce type de méthode, nous allons collectivement dans le mur".

"Les Français sont en colère contre l'esprit de division qui anime aujourd'hui la gauche"

Interrogée sur les propos de Jérôme Guedj qualifiant Jean-Luc Mélenchon de "salopard antisémite", Clémentine Autain est catégorique : "Il a eu tort". Mais au-delà des insultes, elle alerte sur un malaise plus profond. "Les Français et le peuple de gauche sont saturés, énervés, en colère contre cette inflation d’insultes et cet esprit de division qui anime aujourd’hui la gauche".

Elle refuse de cautionner les accusations d’antisémitisme visant La France Insoumise (LFI). "Il faut arrêter avec ça. Ce n’est pas sérieux" fustige-t-elle. Rappelant la dynamique du Nouveau Front Populaire, elle dénonce le climat de trahison ressenti par les électeurs. "Chaque matin, on a l’impression que c’est une insulte supplémentaire". Et de marteler : "C’est insupportable. Il faut siffler la fin de la récréation !"

"Si Jean-Luc Mélenchon passe à côté de l’histoire, ce serait terrible pour lui"

Face à la perspective de plusieurs candidatures à gauche en 2027, Clémentine Autain n’est "pas résignée". Elle appelle à "construire un programme commun" et propose une "méthode de départage", à commencer par une rencontre le 2 juillet à l’initiative de Lucie Castets. "Toutes les forces du Nouveau Front Populaire sont invitées", y compris LFI.

La députée souligne l’importance de l’histoire : "Jean-Luc Mélenchon a su faire l’union dans des moments très importants. Si aujourd’hui il passe à côté de ses responsabilités historiques, ce serait quelque part terrible pour lui". Elle insiste sur l’urgence d’unir la gauche pour éviter une élimination dès le premier tour.

"Je suis candidate à la présidence de la République"

Clémentine Autain l’assume pleinement : "Oui, j’assume d'être candidate à la présidence de la République". Mais elle précise : "Je suis candidate à la candidature dans le cadre d’un rassemblement". Elle sillonne la France, dit-elle, pour mobiliser les électeurs du Nouveau Front Populaire et construire une alternative crédible.

"Nos partis sont petits, nos responsabilités sont immenses", affirme-t-elle. Elle évoque les 9 millions d’électeurs et d’électrices rassemblés en 2022, et veut "dépasser les appareils". Car "quand il y a l’union, les citoyens s’engagent". Elle plaide ainsi pour un cadre de dépassement collectif.

Présidentielles de 2027 : "Je propose une primaire à un tour à gauche"

Pour départager les candidats à gauche, Clémentine Autain avance une proposition : "une primaire à un tour", sur le modèle du scrutin britannique. Elle justifie ce choix par le rejet des arrangements entre les deux tours : "Les compromissions créent de la division". Une primaire préférentielle ou à vote majoritaire permettrait, selon elle, de "fédérer" plutôt que de polariser.

Mais elle insiste : "C’est le fond qui compte". La stratégie électorale doit venir après l’élaboration d’un projet commun : "Tant qu’on s’écharpe depuis un an, on passe à côté de l’essentiel". Elle appelle à recentrer le débat sur le programme, plutôt que sur les luttes de personnes.

"Nous devons faire reculer la marchandisation du monde capitaliste"

Clémentine Autain ne se définit pas comme anti-capitaliste, mais elle remet frontalement en cause ses fondements. "Le capitalisme nous avait promis la prospérité. Il n’a pas tenu cette promesse". Selon elle, "la majorité de la population n’a pas accès à ses besoins essentiels : logement, nourriture, éducation, santé". Elle dénonce également "des besoins artificiels créés par le marketing et les technologies".

Elle propose donc de "réadapter l’appareil productif à nos besoins", et non l’inverse. Pour y parvenir, il faut selon elle "un haut niveau de démocratie", à rebours de la rétractation démocratique actuelle. "Nos désirs sont enfermés dans un cycle de consommation destructeur pour la planète", conclut-elle.

"Je propose une sécurité sociale de l’alimentation... C’est un sujet majeur"

Clémentine Autain propose une réforme inédite : la création d’une "sécurité sociale de l’alimentation". À l’image de la carte Vitale, une carte spéciale donnerait accès à des produits alimentaires sains et de qualité. "Aujourd’hui, les Français ne peuvent pas choisir leur alimentation pour des raisons de coût ou d’organisation de la société", explique-t-elle.

Elle relie cette mesure à l’urgence écologique et sanitaire : "Le scandale du cadmium m’a beaucoup marquée. Nos sols sont pollués, les cancers pédiatriques explosent. Et la puissance publique est démunie". Cette sécurité sociale de l’alimentation permettrait aussi aux paysans de vivre dignement de leur travail.

"Je n'en peux plus de l'enfumage de François Bayrou !"

Interrogée sur le conclave retraites, Clémentine Autain exprime son exaspération : "Je n’en peux plus de l’enfumage de François Bayrou !". Elle dénonce une "délégitimation du pouvoir législatif", rappelant que l’Assemblée a voté une résolution pour revenir à 62 ans, sans que le gouvernement n’en tienne compte.

Elle rejette toute logique d’arrangement : "La marche de l’histoire, c’est de faire reculer l’âge de départ à la retraite". Reprenant les mots de François Mitterrand, elle rappelle que "la retraite est une promesse de liberté et de sécurité". Et conclut : "Il faut travailler de moins en moins", pour libérer du temps de vie et de santé.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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