La désertification des centres-villes, l'installation des commerces, les quartiers, l'enfance, Airbnb... Juliette Méadel, ministre déléguée à la Ville, a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Désertification des centres-villes : "On a besoin des commerces en centre-ville"
Les centres-villes continuent de se désertifier en France. Les commerces ferment, et sont rarement remplacés, alors que les Français font leurs achats dans les grandes zones commerciales. "Ça me frappe. Et en même temps, ça m’attriste", souligne Juliette Méadel, ministre déléguée à la Ville. "Quand on se promène dans ces belles villes, dans les quartiers c’est encore pire, on voit des rideaux fermés, on voit des tags, on voit même des squats." Elle demande que "ça s’arrête" car "on a besoin des commerces en centre-ville".
Pour tenter de résoudre cette problématique, la ministre assure avoir "demandé une mission assez exigeantes à trois personnes", à savoir le patron de Système U, Dominique Schelcher, le patron de la Caisse des Dépôts, Olivier Sichel, et la maire de Saint-Quentin dans l’Aine, Frédérique Macarez. La ministre leur a demandé "des propositions révolutionnaires pour le mois de septembre". "Révolutionnaires, ça veut dire qu’il faut qu’on aille au-delà de ce que nous avons fait."
Installation des commerces en centre-ville : "Je suis favorable à l’intervention publique" dans le commerce""
Lorsque les cellules commerciales sont vides, une certaine typologie de commerces s’installe de plus en plus : des kebabs, des supérettes ou encore des barbiers. Si certains commerçants sont honnêtes, le soupçon pèse de plus en plus sur ces commerces en tant qu’outil de blanchissement de l’argent du trafic de drogue notamment. Mickaël Delafosse, maire de Montpellier, a déjà demandé que les maires puissent avoir un droit de regard sur l’installation des commerces. Une idée qui semble faire son petit bout de chemin au gouvernement : "je suis d’accord avec ça", affirme Juliette Méadel.
"Il faut que les pouvoirs publics se saisissent de cette question du commerce", déclare la ministre déléguée à la Ville qui estime que "ce n’est plus possible d’avoir tout le temps les mêmes commerces" et qui demande de la diversification. "Il faut qu’il y ait de tout, que ce soit varié, et que ce soit du commerce de qualité."
Pour ce faire, faut-il donc donner un droit de regard au maire ? "C’est précisément la question que j’ai posée aux trois auteurs du rapport", souligne Juliette Méadel. "Mais je suis assez favorable à l’intervention publique, surtout des maires." donc, selon elle, il doit être possible de "fixer des objectifs" d'installation de commerces. "Je suis favorable à l’intervention publique dans le commerce."
"Abandonner l’enfant, c’est hypothéquer l’avenir"
L’organisation d’un comité interministériel des villes à Montpellier, en un temps relativement court, aboutira à des annonces vendredi 6 juin 2025. "Il y a un maître-mot sur ce comité interministériel", explique la ministre déléguée à la Ville, "c’est : l’enfant". "C’est l’idée que si on investit d’avantage sur l’enfance, on prévient tous les dysfonctionnements auxquels nous avons assisté ces dernières années." Cela permettrait donc de lutter contre la déscolarisation, la désespérance enfantine ou encore, "parfois l’entrée dans des addictions et dans la spirale de la violence voire de la criminalité".
Ces enfants, qui, pour bon nombre, grandissent dans un cadre familial éclaté, avec seulement la mère qui travaille, "sont livrés à eux-mêmes", explique Juliette Méadel. Mais attention : "pas abandonnés volontairement, mais livrés à eux-mêmes faute de moyens, de parents en bonne santé, faute de ressources suffisantes". Or, ces enfants en difficulté, "sont la proie et les victimes des réseaux" de trafic ou de radicalisation. "La société doit protéger ces jeunes, c’est notre devoir", assure la ministre déléguée. "Abandonner l’enfant, c’est hypothéquer l’avenir."
"C’est un message politique : je veux du pouvoir aux femmes dans les quartiers !"
Après la victoire historique 5-0 du PSG contre l’Inter en finale de Ligue des Champions, des violences ont éclaté, notamment à Paris, avec de nombreux blessés et même un décès. Des violences perpétrées quasi-exclusivement par des hommes, et pour la très grande majorité d’entre eux des majeurs, comme l’ont montré les premières comparutions immédiates. "C’est exactement la violence que vous retrouvez et les profils-type des délinquants : les délinquants sont principalement des hommes", confirme la ministre déléguée. "C’est pas un scoop."
Afin de contrebalancer ça, "je souhaite qu’on redonne du pouvoir économique aux femmes, parce qu’elles doivent avoir leur part de la décision". Ce qui commence par "leur donner la possibilité de travailler tout en ayant des enfants" et donc par la création de crèches qui ne sont pas suffisantes "dans les quartiers". "C’est un message politique : je veux du pouvoir aux femmes dans les quartiers !"
Crise du logement : "C’est certain que les Airbnb font monter les prix"
La multiplication des Airbnb en France se poursuit, avec Paris qui détient même le record mondial. La mairie de Paris propose de fixer des quotas de locations temporaires par quartier, par arrondissement. En somme, réguler. "Il y a un vrai sujet fondamental sur lequel il faut qu’on travaille tous", concède Juliette Méadel, "c’est la crise du logement". Et, pour elle, "c’est certain que les Airbnb font monter les prix." Son avis est simple : "je pense qu’il ne faut pas qu’il y ait plus d’une certaine proportion, dans une ville" et donc "il faut réfléchir à un seuil".
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