L'agression d'un maire en Isère, les incendies dans l'Aude, le narcotrafic... Marie-Hélène Thoraval a répondu aux questions de Jean-Francois Achilli.
Agression du maire de Villeneuve-sur-Marc : "on est victimes de menaces"
Le maire du petit village de Villeneuve-de-Marc, en Isère, et son fils ont été violemment agressés en fin d’après-midi le 6 août 2025. Gilles Dussault, 63 ans, grièvement blessé, a été transporté de l’hôpital en urgence absolue, mais ce 7 août 2025 les médecins semblent confirmer que ses jours ne sont plus en danger. Marie-Hélène Thoraval, maire DVD de Romans-sur-Isère dans la Drôme, rappelle que "on est victimes de menaces". Elle a une pensée pour le maire et son fils, "mais également pour la famille". "On parle rarement aussi des conjoints, de la famille, des époux, qui eux aussi font l’objet de menaces régulières." L’agression de M. Dussault "traduit cette montée de l’ultraviolence".
Elle même a été à plusieurs reprises menacée. "Je suis élue depuis 11 ans maintenant. J’ai fait l’objet de 5 menaces de mort", confie la maire de Romans-sur-Isère. Deux des auteurs ont été condamnés à 8 mois de prison, mais "aujourd’hui je pense que rien ne les arrêterait pour recommencer".
Incendies dans l'Aude : "Les moyens sont là, mais les moyens sont faibles par rapport à l’ampleur de la catastrophe"
L’incendie dans l’Aude, dans le massif des Corbières, continue d’avancer malgré les efforts des pompiers et des moyens historiques mobilisés. 16.000 hectares ont brûlé, ce qui en fait déjà le plus gros incendie en France depuis le début du siècle. Si l’incendie la "surprend", elle estime que "ce qui alerte, c’est l’origine qui très souvent est criminelle" par exemple à cause de "jets de mégots" ou encore de "barbecue". "Je pense aux élus qui sont sur le terrain" qui doivent gérer l’urgence, mais aussi "le jour d’après", une fois que l’incendie sera fixé et éteint, et qu’il faudra reconstruire.
François Bayrou, Premier ministre, et Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, se sont rendus sur place, le 6 août 2025. Une visite qui est importante. "Je pense que si elle n’avait pas eu lieu, cela n’aurait pas été compris", juge Marie-Hélène Thoraval. "C’était leur place."
Les critiques n’ont pas tardé concernant le manque de moyens, notamment aéroportés. "Les moyens sont là, mais les moyens sont faibles par rapport à l’ampleur de la catastrophe." Selon elle, le niveau des catastrophes naturelles aujourd’hui implique que "l’on n’aura jamais les moyens pour stopper ce genre de catastrophes". "Il faut aussi de la prévention."
Incendies : "on sait très bien que sur l’origine de ces feux, il y a souvent l’acte de l’Homme"
Faut-il augmenter le nombre d’équipements, de Canadairs ou encore de Dash pour lutter contre les incendies ? "On n’est pas dans les pays les plus dotés, mais on n’est pas dans les pays les moins dotés non plus." Le risque majeur est qu’un autre départ de feu en parallèle se déclenche, alors que les moyens sont tous mobilisés sur le feu dans l’Aude.
François Bayrou lors de sa visite a estimé que le réchauffement climatique et la sécheresse sont en cause. "Oui, mais pas que, entre autres." Elle rappelle que "on sait très bien que sur l’origine de ces feux, il y a souvent l’acte de l’Homme".
Le réchauffement climatique nécessitera un aménagement du territoire différent à l’avenir. "On n’a pas attendu 2025, je vous assure" pour travailler sur le sujet, souligne la maire. Sa commune étant sujette au risque d’inondation, plutôt que d’incendie, elle a décidé de déminéraliser le centre ville et renaturaliser. "On travaille sur la désimperméabilisation des sols et la renaturation."
Budget : il y a "toute une politique d’assistanat qui n’est absolument pas soulevée dans les économies qui sont proposées"
Reste que ces aménagements nécessitent des sommes importantes, alors que le gouvernement demande encore de nouvelles économies aux collectivités locales dans le cadre du Budget 2026. Comment concilier réduction des dépenses et investissements ? Marie-Hélène Thoraval affirme avoir "fait des choix" alors que sa commune est endettée. L’augmentation des investissements a été son choix et "en face, je n’ai pas distribué ce que je ne pouvais pas distribuer". Elle estime qu’il y a "toute une politique d’assistanat qui n’est absolument pas soulevée dans les économies qui sont proposées".
"Je pense à tout l’assistanat, je pense aussi à certaines personnes qui profitent du système, je pense qu’il y a des allocations qui sont distribuées sans aucun regard." Et la maire de Romans-sur-Isère d’aller plus loin en critiquant certaines "coopérations avec des pays à l’étranger" ainsi que le "nombre d’agences pléthorique" qui existe en France.
"Sur le narcotrafic, on a ce qu’on appelle des ‘ZAD’"
Autre sujet, qui fait écho à l’ultraviolence en augmentation selon la maire, le narcotrafic en hausse en France. "Je le constate, comme dans toutes les villes de France", assure Marie-Hélène Thoraval. "Sur le narcotrafic, on a ce qu’on appelle des ‘ZAD’" qui ne sont pas les "Zones à Défendre" comme a pu l’être l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes, mais des "Zones d’un Autre Droit", explique la maire. Dans ces zones, selon l’édile, l’autorité "est menée par les narcotrafiquants".
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