Israël-Iran, retraites, extrémismes politiques, écologie, avenir européen, instabilité gouvernementale, lien entre Macron et les Français, présidentielle 2027 : Michel Barnier a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Les bombes ne changent pas un régime de manière durable"
À propos du conflit entre Israël et l’Iran, Michel Barnier s’oppose à toute stratégie militaire pour imposer un changement de régime. Il rappelle : "La Libye ou l’Irak sont là… Ce ne sont pas des bombes qui changent un régime de manière durable". Il insiste sur le fait que le renversement du pouvoir en Iran doit venir de son peuple : "Il vaut mieux compter sur le peuple du pays concerné".
Israël-Iran : "Personne ne sera mécontent si le régime iranien change. Mais doit-on le changer par une force extérieure ? Pour changer un régime, il vaut mieux compter sur le peuple. Les bombes ne changent pas un régime de manière durable" pour @MichelBarnier pic.twitter.com/9xw006XYIk
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Il qualifie le régime iranien de "dictature qui oppresse les femmes", et soutient leur "combat très courageux". Michel Barnier appelle à une mobilisation diplomatique forte. "L’influence américaine est considérable… elle doit être utilisée pour ramener la paix" estime-t-il.
Michel Barnier : "Israël a le droit à la légitime défense"
Michel Barnier tient à rappeler le droit d’Israël à se défendre face aux attaques, notamment celles du Hamas. "Israël a le droit à la légitime défense", affirme-t-il sans détour. Il ajoute que la "sécurité et l’intégrité du territoire israélien ne sont pas négociables".
Ancien ministre des Affaires étrangères, il souligne sa participation aux premières discussions sur le programme nucléaire iranien. Il estime que ces efforts restent nécessaires aujourd’hui pour "empêcher l’Iran d’avoir la bombe atomique".
.@MichelBarnier : "Israël a le droit à la légitime défense. La sécurité et l'intégrité du territoire israélien ne sont pas négociables" pic.twitter.com/k2a65HP9iZ
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"Il y a un problème d’entente entre les Français et Emmanuel Macron"
À la question de savoir si Emmanuel Macron souffre d’un rejet personnel, Michel Barnier répond avec prudence, mais fermeté : "Il y a un problème d’entente entre les Français et Emmanuel Macron". Il évoque même "le sentiment qu’il n’aime pas les Français", tout en nuançant que ce ressenti n’est "pas forcément vrai".
.@MichelBarnier : "Il y a un problème d'entente entre les Français et Emmanuel Macron. Peut-être existe-il le sentiment qu'Emmanuel Macron n'aime pas les Français" pic.twitter.com/XIziwJodlb
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L’ancien Premier ministre insiste sur le rôle fondamental de la relation humaine en politique : "Faire de la politique, c’est aimer les gens. Les respecter et les aimer". Il cite à ce sujet une paysanne de Bourg-Saint-Maurice qui, en 1981, refusait de voter pour Valéry Giscard d’Estaing car elle pensait qu’il "ne les aimait pas". Un parallèle implicite qui illustre, selon lui, la rupture entre les gouvernants et les citoyens.
Michel Barnier : "Je regrette de ne pas avoir eu le temps nécessaire pour agir"
Michel Barnier revient longuement sur son passage à Matignon, après sa nomination par Emmanuel Macron en septembre 2024. Il déplore : "Je regrette de ne pas avoir eu le temps nécessaire pour agir". Dès sa nomination, dit-il, le Parti socialiste lui a annoncé vouloir voter la censure "avant même que j’aie ouvert la bouche".
.@MichelBarnier, ancien Premier ministre : "Je regrette de ne pas avoir eu le temps nécessaire pour agir. Le @partisocialiste a dit qu'il allait me censurer avant même que j'ouvre la bouche" pic.twitter.com/6KAxDH0exg
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Quelques semaines plus tard, le Rassemblement national l’a également censuré, "pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le budget", affirme-t-il. Face à l’absence de majorité, "il n’était plus possible d’avancer". Il défend pourtant une équipe gouvernementale "solidaire", composée notamment de Bruno Retailleau et Annie Genevard, qu’il décrit comme un "gouvernement de la morale de l’action".
"Le @RNational_off a baissé le pouce et voté la censure pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le budget" regrette @MichelBarnier, ancien Premier ministre pic.twitter.com/LHNqYfsh14
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"J'espère avoir été utile aux Français ! En tout cas, je suis sûr d’avoir été digne"
Malgré ce mandat écourté, Michel Barnier revendique la dignité de son action. "J’espère avoir été utile aux Français. En tout cas, je suis sûr d’avoir été digne", affirme-t-il. Il rapporte que beaucoup de citoyens lui ont dit, dans la rue : "Vous avez été sérieux. Vous nous avez représentés dignement".
.@MichelBarnier, ancien Premier ministre : "J'espère avoir été utile aux Français. En tout cas, je suis sûr d'avoir été digne" pic.twitter.com/t1OxMcI4xf
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Il dit avoir voulu "impulser une méthode", fondée sur l’écoute, la rigueur et l’engagement. Il insiste sur l’importance de "travailler en équipe", de rester au contact des réalités du pays et de "dire la vérité", même lorsqu’elle est impopulaire.
Retraites : "Il ne faut pas revenir sur l'âge de départ à la retraite"
Interrogé sur les négociations en cours sur les retraites, Michel Barnier se dit favorable au maintien de l’âge légal actuel. "Il ne faut pas revenir sur l’âge de départ à la retraite", affirme-t-il. Il défend néanmoins des ajustements pour les carrières longues, les métiers pénibles ou les femmes ayant élevé plusieurs enfants.
L'ancien Premier ministre appelle à renforcer le dialogue social : "Notre pays se porterait mieux si l’on faisait davantage confiance aux partenaires sociaux". Il prend pour exemple la réforme de l’assurance chômage, qu’il avait relancée en concertation avec les syndicats, refusant de publier un décret déjà prêt.
Retraites : "Notre pays se porterait mieux si l'on faisait davantage confiance aux partenaires sociaux. Il ne faut pas revenir sur l'âge de départ à la retraite, ce n'est pas négociable, mais des tas de Français doivent partir plus tôt" déclare @MichelBarnier pic.twitter.com/w9fqQBQ8Yc
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"L’extrémisme de gauche ou l’extrémisme de droite sont des poisons pour la République"
Michel Barnier lance une alerte claire sur la montée des radicalismes. "L’extrémisme de gauche ou l’extrémisme de droite sont des poisons pour la République et pour l’unité du pays", prévient-il. Il fustige le climat d’agressivité qui règne, notamment sur les réseaux sociaux : "Regardez la violence avec laquelle les gens se parlent".
Michel Barnier dénonce également les idées véhiculées par les extrêmes : "Le racisme, l’antisémitisme, l’intolérance" sont, selon lui, les véritables dangers qui minent la démocratie. Il appelle à restaurer un débat politique plus respectueux et à recoudre le tissu républicain.
.@MichelBarnier : "L'extrémisme de gauche ou l'extrémisme de droite sont des poisons pour la République et l'unité du pays" pic.twitter.com/ZhgmE2qS1o
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"L’écologie n’est pas la propriété des Verts"
Ancien ministre de l’Environnement, Michel Barnier plaide pour une écologie ouverte et partagée. "L’écologie n’est pas la propriété des Verts", insiste-t-il, avant d’ajouter : "Elle ne doit pas être punitive". Il rejette une écologie "idéologique", imposée "contre ou sans les gens".
Il évoque les effets déjà visibles du changement climatique dans sa région de Savoie. "Le temps des vendanges a reculé de trois semaines", "on ne pêche plus les mêmes poissons dans les mêmes eaux". Il appelle à une écologie de terrain, enracinée dans les territoires, fondée sur l’adhésion plutôt que sur la contrainte.
.@MichelBarnier : "L'écologie n'est pas la propriété des Verts (@EELV). L'écologie ne doit pas être punitive" pic.twitter.com/2vOTJVFK13
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Michel Barnier : "Je suis un Européen, mais pas fédéraliste"
Sur la question européenne, Michel Barnier se positionne clairement : "Je suis un Européen, mais pas fédéraliste". Il plaide pour une Europe forte, mais respectueuse des nations : "L’Europe doit être unie sans être uniforme", dit-il, reprenant une formule gaullienne.
.@MichelBarnier : "Je suis un Européen, mais pas fédéraliste. Je ne veux pas que l'avenir de nos enfants soit décidé à Washington ou à Pékin" pic.twitter.com/JdqVgx9AeZ
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Il met en garde contre les tentatives de déstabilisation de l’UE : "Le projet de Nigel Farage, soutenu par des amis de Donald Trump et par les Russes, c’est de faire exploser l’Union européenne". Pour Michel Barnier, l’unité européenne est indispensable pour peser face aux grandes puissances. "Je n’ai pas envie que l’avenir de nos enfants soit décidé à Washington ou à Pékin" confie-t-il.
.@MichelBarnier : "Le projet de Nigel Farage, soutenu par des amis de Donald Trump et par les Russes, c'est de faire exploser l'UE. Ne leur donnons pas cet avantage" pic.twitter.com/XuGwSG52Dz
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"Les Français les plus modestes sont bien plus intéressants que les chefs à plume"
À travers son livre, Michel Barnier veut transmettre ce qu’il a "appris des Français". Il affirme que "les plus modestes, les plus humbles sont souvent les plus passionnants", bien plus que les élites. Il évoque ses rencontres avec des pêcheurs, agriculteurs, artisans, qui lui ont parlé "franchement".
Michel Barnier met en garde contre l’isolement du pouvoir : "Le pouvoir isole. Il donne une sorte d’assurance, parfois d’arrogance dont il faut se méfier". Il prône l’écoute comme méthode d’action et plaide pour une "leçon d’humilité" permanente.
"Les Français les plus modestes, les plus humbles, sont bien plus intéressants que les chefs à plume" lance @MichelBarnier pic.twitter.com/MQMNeZsUZG
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Michel Barnier : "Tout le monde pense à 2027"
À l’approche de la présidentielle, Michel Barnier observe : "Tout le monde pense à 2027". S’il ne se déclare pas, il fixe trois critères pour un candidat crédible : "Est-ce que je suis à la hauteur ? Est-ce que j’ai le bon projet pour la France ? Est-ce que je suis capable de rassembler au-delà de mon camp ?".
Michel Barnier considère que les Français sont prêts à entendre des propositions exigeantes, "à condition qu’ils voient le sens des efforts". Il conclut : "Les Français sont intelligents. Ils ne pardonneront pas la faiblesse".
.@MichelBarnier : "Tout le monde pense à 2027. Chaque candidat devra se poser 3 questions : est-ce que je suis à la hauteur ? Est-ce que j'ai le bon projet pour la France ? Est-ce que je suis capable de rassembler au-delà de mon camp ? J'y répondrai le moment venu" pic.twitter.com/YDutRjUVJk
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