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François Bagnaud :"Brigitte Bardot a toujours cherché à être heureuse, mais c’était difficile dans ce milieu"

Par Adélaïde Motte

ENTRETIEN SUD RADIO - Brigitte Bardot au-delà du grand et du petit écran : François Bagnaud, meilleur ami de Brigitte Bardot, était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

Le meilleur ami de Brigitte Bardot était l'invité de Maxime Lledo
François Bagnaud interviewé sur Sud Radio, le 29 décembre 2025, dans “L’invité politique”.

"Brigitte Bardot a toujours cherché à être heureuse, mais c’était difficile dans ce milieu". Au micro de Sud Radio, François Bagnaud, meilleur ami de Brigitte Bardot, a répondu aux questions de Maxime Lledo.   

"On ne devient pas ami comme ça et on ne le décide pas, c’est plutôt elle qui m’a choisi"

Maxime Lledo : Sur Sud Radio ce matin, non pas un invité politique mais un invité singulier. Bonjour François Bagnaud.

François Bagnaud : "Bonjour monsieur. Je suis très touché, très ému que vous me permettiez de rendre hommage à mon amie Brigitte. Je suis très stressé et très attristé par ce départ que je redoutais depuis quelques mois. Je fais un gros effort pour parler d’elle, car hier, quand vous m’avez contacté, c’était impossible. Je n’ai pas dormi de la nuit. Je suis très triste."

Faut-il rappeler, pour tous ceux qui nous écoutent, François Bagnaud, que vous êtes, et vous étiez – c’est difficile à conjuguer au passé – le meilleur ami de Brigitte Bardot, son plus proche confident. Comment s’est déclenchée une telle proximité, une telle confiance, une telle amitié entre vous ?

"Ça a été un cheminement. On ne devient pas ami comme ça et on ne le décide pas. C’est plutôt elle qui m’a choisi. J’ai 71 ans, nous avions vingt ans d’écart. J’ai découvert Brigitte Bardot à 13 ans à la télévision. Je lui ai écrit, elle m’a répondu, puis nous avons échangé des courriers pendant des années. Un jour, alors que j’avais 25–27 ans, elle m’a écrit : « Viens me voir. » Je suis allé la voir à Saint-Tropez. Nous sommes vraiment devenus amis au milieu des années 1980.

Et vous vous souvenez de ce qu’il y avait à la télé avec Brigitte Bardot quand vous aviez 13 ans devant votre télé ?

"Oui, je m’en souviens, mais ça m’a marqué à vie parce que c’était le Show Bardot, l’émission où elle chantait. Voilà, c’était la diffusion du 1er janvier 1968 et j’étais avec mes parents sur notre canapé. Je ne sais pas pourquoi, j’ai eu un choc. Je suis tombé amoureux de cette femme, de cette beauté, sur Harley Davidson. Voilà. Et quand je lui racontais ça, ça la faisait beaucoup rire. Elle n’en revenait pas qu’un jeune gamin comme ça ait pu tomber amoureux. Et je dois dire, j’étais admirateur depuis l’âge de 13 ans. Donc j’ai collectionné tout à l’époque. Et ce qui a été difficile au début de notre relation, c’est qu’effectivement, elle était la star que j’adorais et moi j’étais un admirateur. Donc elle le sentait. On ressentait qu’il y avait un décalage entre nous deux. Et c’est vrai que quand l’amitié s’est installée et qu’elle m’avait choisi comme ami… parce qu’un jour, je lui ai demandé : « Mais pourquoi moi ? Pourquoi tu m’as choisi moi, parmi tous ces milliers de gens qui rêveraient d’être à tes côtés ? » Elle m’a dit : « Je ne sais pas, tu t’es trouvé au bon moment, tu m’as fait rire, j’étais bien avec toi, bon ben voilà. » Ça s’est fait comme ça. Mais je sais qu’il a fallu que je fasse un effort pour ne plus la regarder amoureusement ou comme un admirateur."

"Quand je l’ai vue arriver, j’ai eu un choc, je ne pouvais plus parler"

C’est ce qu’elle vous a demandé ?

"Oui. Un jour, je me rappelle, on était déjà au tout début de notre amitié. Nous déjeunions ensemble et je la regardais. Je ne pouvais pas m’empêcher de la regarder. Je me disais : « Mon Dieu, qu’elle est belle ! » Et un jour, elle s’en est aperçue et m’a dit : « Il faut arrêter de me regarder comme ça. Je suis ton amie. Il faut que tu prennes conscience que je ne suis plus la star que tu aimes. Je suis ton amie. » Effectivement, après, la relation s’est beaucoup mieux passée parce que j’étais plus décontracté et notre amitié a perduré parce que j’étais capable de me comporter non plus comme simple admirateur mais comme un ami qui pouvait lui dire : là tu as raison, là tu as tort, ne fais pas ça… Et c’est comme ça qu’elle m’a pris également en 1995 comme conseiller littéraire sur ses mémoires."

Est-ce que vous vous souvenez de la première rencontre physique ?

"La première fois qu’elle m’a écrit, j’ai gardé la carte. Je suis allé la voir et j’avais rendez-vous dans la boutique qu’elle tenait à Saint-Tropez, qui était tenue par son amie Gloria. Et Gloria m’a dit : « Ta star va arriver bientôt, ne t’en fais pas. » Quand je l’ai vue arriver, évidemment j’ai eu un choc, je ne pouvais plus parler. Elle était avec sa Mini Moke et je me rappelle qu’elle m’a dit : « Bon bah tiens, tu tombes bien, viens, tu vas m’aider à distribuer des boîtes de Canigou-Ronron. » Et j’étais avec elle, et c’était la première rencontre. Et à partir de là, elle a su qui j’étais physiquement et nos courriers sont devenus plus amicaux. Après on s’est rencontrés à Bazoches, à Paris, etc. Et je peux vous dire une chose extraordinaire : quand je l’ai rencontrée, j’ai mis plusieurs jours à m’en remettre. Je me rappelle que ma maman me disait : « Arrête, arrête… » J’étais très ému. C’était un rêve d’adolescent. Voilà, j’avais vu Brigitte Bardot, mais je ne pouvais pas imaginer que j’allais devenir intime et son ami ensuite."

On commence si vous voulez bien à revenir sur les différentes étapes de sa vie. Vous venez de décrire ses visites et la liberté qu’elle aimait dans la ville qu’elle chérissait, Saint-Tropez. Rapidement, on a su que cela devenait impossible par la notoriété et la façon dont elle était littéralement traquée. Elle évoquait souvent la “prison dorée”, son incapacité à sortir. L’oppression était-elle réelle ? Elle vous en parlait ?

"Moi je l’ai vécue avec elle, cette oppression. On était par exemple à Bazoches, dans sa maison de campagne dans les Yvelines, et un après-midi, elle me dit : « Viens, on va planter des fleurs devant le portail. » On était tous les deux, c’était la campagne, il n’y avait personne. Elle était en short, en tee-shirt, et on plantait des fleurs. Et à un moment, il manquait des fleurs. Elle m’a dit : « Va en chercher là-bas. » Et au moment où j’allais dans l’allée, je l’entends crier : « Viens vite ! Viens vite ! » Il y avait des admirateurs qui la guettaient, qui attendaient que je m’en aille pour venir. Il y avait une agressivité chez certains admirateurs. Ils cherchaient à lui prendre ses petites fleurs séchées qu’elle avait dans le chignon. Elle est rentrée en pleurant en me disant : « Tu vois, même ici je ne peux pas. Ma vie est une horreur. Je ne peux pas être dehors. Je ne peux pas sortir toute seule. » Et c’est vrai que dès qu’on était dehors, il fallait qu’elle soit accompagnée. Moi je l’ai très bien connue dans les années 90. Elle allait facilement à la brasserie à côté de sa fondation, mais elle ne pouvait pas y aller toute seule. C’était impossible. Il fallait son secrétaire, son mari à partir de 92, moi ou d’autres personnes. C’était impossible pour Brigitte Bardot de sortir toute seule. Et même dans les années 90, quand on entrait dans un restaurant, c’était angoissant parce que toute la salle se taisait. Il y avait un silence et puis les conversations reprenaient quand on était assis."

"Brigitte Bardot représentait la femme libre, mais en réalité, elle ne l’était pas tant que ça"

Est-ce qu’elle a été heureuse ou est-ce que ça a été une gloire totale mais très dure à vivre ?

"Je pense que Brigitte a toujours cherché à être heureuse, mais c’était difficile dans ce milieu. Comme elle me disait : « J’ai été emportée dans un tourbillon. » Elle n’était plus elle-même. C’était “Brigitte Bardot”. Elle sentait bien que ce n’était pas la vie qu’elle voulait mener. C’est pour ça qu’elle a décidé elle-même d’arrêter le cinéma en 1973. Moi je pense qu’elle a eu des moments de bonheur, bien sûr. Quand on lit ses mémoires, elle a eu de très grandes périodes où elle était heureuse, mais toujours suivies de périodes mélancoliques. Elle représentait la femme libre. C’est l’image qu’on gardera. Une femme très libre. Mais en réalité, elle ne l’était pas tant que ça, parce qu’elle était cloîtrée chez elle. C’était très difficile pour elle de sortir. Aller prendre un pot avec des copains, c’était difficile. Aller au cinéma, impossible. Se balader dans la rue, impossible. Même après, c’était encore compliqué. Je ne l’ai jamais sentie vraiment très heureuse. Elle oscillait entre les rires, les larmes et le poids du succès."

Et les hommes ? L’amour ? Les regrets ?

"Il n’y avait pas vraiment de regrets. Elle s’était habituée, malgré elle, à ce que sa vie soit étalée. Des fois, quand je lui disais : « Dans tel journal, on parle de toi », elle me disait : « Ce n’est pas grave. De toute façon, je suis habituée. On a tellement dit de choses fausses sur moi. » Quand elle était amoureuse d’un homme, c’étaient des périodes très heureuses. À chaque fois, elle croyait que c’était l’homme de sa vie, que c’était le bon, que c’était le dernier. C’était sincère à chaque fois. Mais elle savait aussi que le quotidien était très compliqué. Par exemple, avec Gainsbourg, je lui ai demandé : « Comment ça se fait que ce n’est pas allé plus loin ? » Elle m’a dit : « Parce que je sentais qu’avec cet homme je ne pourrais pas vivre les habitudes du quotidien. » Elle préférait « s’arrêter au plus beau ». Elle était amoureuse de l’amour. Elle ne pouvait pas vivre seule. Même mariée avec son dernier mari Bernard d’Ormale, quand il devait s’absenter, elle appelait son secrétaire ou moi, parce qu’elle ne pouvait pas rester seule. Elle avait besoin d’une épaule. L’épaule d’un amoureux était idéale, mais l’épaule d’un ami comme moi était indispensable aussi."

Les derniers jours, dernières semaines ?

"Il s’est créé autour d’elle un cordon protecteur dont j’ai été exclu. Je pense qu’il y a eu des ordres, peut-être d’elle. Elle n’aimait pas dévoiler quand elle était malade. Ces derniers mois, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Je n’ai pas eu accès à son téléphone. Je n’ai pas pu lui dire au revoir. Elle ne répondait plus à son courrier. Elle ne prenait plus personne au téléphone. Son secrétaire ne me disait rien. Il me disait toujours : « Tout va bien. » Jusqu’à 15 jours avant. Et puis j’ai eu un choc hier matin en allumant la télé et en apprenant qu’elle était décédée. Je ne peux pas me déplacer à Saint-Tropez pour des raisons de santé. Elle me disait toujours : « Tu verras, quand je vais mourir, ça ne va pas être simple. » Et quand on est une star internationale, pour l’entourage, ce n’est jamais simple."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio

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