Canicule, sécheresse, sur-tourisme, prix de l'électricité, loi Duplomb et néonicotinoïdes, environnement : Agnès Pannier-Runacher a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Canicule : "C'est un sujet de santé publique"
Face à une vague de chaleur exceptionnelle touchant 84 départements, Agnès Pannier-Runacher insiste sur l’urgence de l’action. "Cela fait 12 jours que nous agissons, nos plans sont prêts", rappelle-t-elle, en citant le plan national d’adaptation au changement climatique présenté dès mars. Pour elle, la canicule n’est pas seulement un phénomène météo : "C’est un sujet de santé publique." Chaque épisode peut provoquer "plusieurs milliers de morts", ce qui justifie des mesures anticipées et structurées.
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Parmi ces mesures, un décret du 17 mai organise la protection des travailleurs exposés à la chaleur en période de canicule, avec des ajustements d’horaires et des consignes de bon sens adressées aux employeurs. "L’écologie, c’est protéger les gens", affirme Agnès Pannier-Runacher. Elle évoque également les "îlots de chaleur", zones urbaines où la température peut grimper de 4 à 5 degrés supplémentaires. Grâce à leur cartographie, "les collectivités peuvent agir pour mettre les plus fragiles à l’abri" pendant la canicule, explique-t-elle. La ministre appelle à des solutions concrètes et locales comme la géothermie, capable de rafraîchir durablement les bâtiments.
Canicule : "Cela fait 12 jours que nous agissons, nos plans sont prêts (...) Certaines oppositions nient le dérèglement climatique, nous, nous agissons" déclare @AgnesRunacher pic.twitter.com/MUUMDQw7Rf
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"Le 1er août, le prix de l'électricité n'augmentera pas !"
Jean-Jacques Bourdin interroge : la facture d’électricité va-t-elle grimper dans les prochains mois ? Agnès Pannier-Runacher est catégorique : "Le 1er août, le prix de l'électricité ne bouge pas." Elle précise qu’"au 1er février, nous avons baissé le prix de l’électricité de 15%", grâce à des mesures prises lorsqu’elle était ministre de la Transition énergétique. "J'en ai assez d'entendre des prophètes de malheur dire que le prix de l'électricité va augmenter", martèle-t-elle.
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Sur la fiscalité énergétique, elle dénonce un paradoxe : "Il est absurde de moins taxer le gaz importé que l'électricité que nous produisons en France." Actuellement, le gaz est taxé à 18 €/MWh contre 36 €/MWh pour l’électricité, "sur lequel on applique en plus une TVA de 20%", rappelle-t-elle. "L’électricité, c’est de la richesse française", plaide la ministre, défendant une baisse des taxes pour redonner de la compétitivité aux énergies décarbonées.
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"Les énergies renouvelables font baisser la facture d'électricité"
Interrogée sur le développement des énergies renouvelables, Agnès Pannier-Runacher affirme : "Les énergies renouvelables sont très compétitives, elles font baisser la facture d'électricité." En particulier, "les éoliennes marines, ça produit de l’électricité moins chère que le nucléaire historique." Elle soutient une stratégie diversifiée : hydraulique, solaire, géothermie, éolien terrestre et marin.
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Cependant, sur l’éolien terrestre, elle nuance : "On peut temporiser l'installation dans certaines régions." Dans les Hauts-de-France, où elle est élue, les objectifs sont déjà dépassés. Elle appelle à une territorialisation. "Il appartient aux présidents de région de faire leur propre programmation pluriannuelle de l’énergie." Certaines régions peuvent ralentir, d'autres doivent accélérer.
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"Les zones humides sont les meilleures solutions pour stocker l'eau"
À la question de Jean-Jacques Bourdin sur la sécheresse et l'irrigation, la ministre se montre prudente face aux solutions simplistes. "Prélever de l'eau dans un fleuve en pensant que ça va irriguer partout, ça ne marche pas si simplement", avertit-elle. Elle souligne les risques d’assèchement liés à des prélèvements mal maîtrisés. "Jouer aux petits chimistes… le risque, c’est de rendre la situation pire."
Sécheresse et irrigation : "Attention à ce que l'on raconte ! Prélever de l'eau dans un fleuve en pensant que ça va irriguer partout, ça ne marche pas si simplement" signale @AgnesRunacher pic.twitter.com/Plag22tLxr
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Pour Agnès Pannier-Runacher, "les zones humides sont les meilleures solutions pour stocker l’eau". Ces milieux naturels "stockent l'eau l'hiver et la restituent l'été", jouant un rôle crucial contre les effets du dérèglement climatique. Elle dénonce ceux qui "racontent n’importe quoi" sur le sujet, notamment "à droite et à l’extrême droite".
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L’acétamipride : "Cette molécule n’est pas anodine"
Concernant la loi Duplomb, Agnès Pannier-Runacher clarifie deux points sensibles. D’abord sur l’élevage : "Ce n’est pas la porte ouverte à la ferme des 1.000 vaches", assure-t-elle. Il s’agit d’un allègement administratif, non d’une dérégulation. "Éviter de confondre écologie avec bureaucratie", tel est son mot d’ordre.
Loi Duplomb : "Ce n'est pas la porte ouverte à la ferme des 1000 vaches" assure @AgnesRunacher pic.twitter.com/djOuy4bn3o
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La ministre se montre en revanche plus ferme sur l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde. "Je suis contre la réintroduction de l'acétamipride. Cette molécule n’est pas anodine", insiste-t-elle. Malgré l'encadrement strict proposé par le Parlement, elle estime que cette décision va à contre-courant du travail engagé depuis 2016 pour développer des alternatives.
Loi Duplomb : "Je suis contre la réintroduction de l'acétamipride. Cette molécule n'est pas anodine" alerte @AgnesRunacher pic.twitter.com/nJAREpw4GH
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"La dette financière n'efface pas la dette écologique"
Alors que François Bayrou doit remettre sous peu ses propositions pour économiser 40 milliards d’euros, Jean-Jacques Bourdin interroge Agnès Pannier-Runacher sur les efforts demandés à son ministère. "Tous les budgets, tous les ministères sont mis à contribution. On n’est pas dans le monde des Bisounours, c’est normal", assure la ministre. Toutefois, elle prévient : "La dette financière n’efface pas la dette écologique." Elle plaide pour préserver les crédits liés à l’adaptation au changement climatique.
Selon Agnès Pannier-Runacher, investir dans la transition écologique est une nécessité. "Rénover thermiquement les écoles, les bâtiments publics, les EHPAD", fait partie des priorités absolues. Elle souligne que "ces politiques permettent aussi de baisser les émissions de gaz à effet de serre", tout en apportant des bénéfices concrets aux citoyens. Le message est clair : "Il faut maintenir les budgets là où on en a vraiment besoin", même dans un contexte budgétaire contraint.
.@AgnesRunacher : "La dette financière ne doit pas effacer la dette écologique (...) Je souhaite que mon budget soit maintenu" pic.twitter.com/rkurjucaM2
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Interdiction de fumer : "Il faut être soucieux de la liberté de chacun"
Interrogée sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics extérieurs, Agnès Pannier-Runacher défend une position équilibrée. "Je suis une ancienne fumeuse", confie-t-elle, en rappelant l’importance de "la liberté de chacun". Toutefois, elle juge légitime l’interdiction sur les plages : "Vous n’imaginez pas la pollution sur les plages des mégots… C’est insupportable."
Cette pollution a aussi des effets sur la qualité des eaux et sur la santé. Les mégots, rappelle-t-elle, contiennent du plastique et des produits dangereux. "Lutter contre la pollution des cigarettes, ce n’est pas négligeable", conclut la ministre. En revanche, elle n’appelle pas à interdire le tabac sur les terrasses : "C’est à l’air libre, ce n’est pas tout à fait la même chose."
Interdiction de fumer à la plage ou dans les parcs : "Il faut être soucieux de la liberté de chacun. Néanmoins, sur les plages, c'est une bonne décision" selon @AgnesRunacher pic.twitter.com/RTND6t2L33
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