L'accord commercial entre USA et UE, les craintes des entreprises, le budget 2026, la sécurité sur les infrastructures touristiques... Véronique Louwagie a répondu aux questions de Benjamin Glaise.
Accord douanier USA-UE : "Est-ce que c’est un bon accord ? Non"
Avec l’accord douanier entre l’Union européenne et les Etats-Unis, l’Europe évite l’entrée en vigueur de droits de douane de 30 % dès ce 1er août 2025. A la place, les droits ne seront que de 15 % avec quelques exceptions. Une situation qui inquiète les entreprises, reçues à Bercy le 30 juillet 2025. "Il était important d’avoir un échange avec les entreprises pour leur donner les informations que nous avons à ce stade", explique Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce. "Et pour entendre leurs préoccupations."
L’accord, vivement critiqué par la majorité des acteurs économiques, ne convainc pas la ministre. "Est-ce que c’est un bon accord ? Non", déclare-t-elle, "puisqu’il n’est pas symétrique". "Est-ce que pour autant nous avons évité le pire ? Oui." Mais elle tient à rassurer : tout n’est pas défini, les négociations étant en réalité encore en cours. "Il nous faut travailler maintenant sur les exemptions, sur les cas particuliers, sur les contingents éventuels."
L’accord reste par ailleurs très flou : "à ce stade, nous avons eu une poignée de main". "Dans les accords de cette nature, le diable se cache dans les détails, donc il nous faut travailler par filière" et sur "tous les dispositifs".
Accord douanier : "Les entreprises ont besoin de visibilité, de lisibilité"
La Commission européenne doit donner plus de précisions, demandent les entreprises. Si "des incertitudes sont levées", explique la ministre déléguée au Commerce. "Maintenant il nous faut des précisions. Les entreprises ont besoin de visibilité, de lisibilité", ce qui nécessite la mise en place d’un "agenda rapide". Mais pour l’instant, aucune date de réunion à Bruxelles n’est prévue.
Si les détails sont nécessaires, la ministre souligne que "nous avions déjà depuis quelques mois des droits de douane de 10 % qui s’appliquaient, et qui s’ajoutaient aux droits existants. Donc nous étions à peu près en moyenne à 15 %".
"Nous n’avons pas voulu entrer dans une escalade"
Emmanuel Macron n’a pas eu de réaction publique après l’accord signé le dimanche 27 juillet 2025. Mercredi 30 juillet, toutefois, il aurait déclaré en Conseil des Ministres "nous n’avons pas été assez craints". L’Union européenne, notamment, n’a pas opté pour des mesures de rétorsion alors qu’elle semblait prête à le faire. "Ce que nous avons voulu, et cela était clairement affirmé par la France dès le début : nous n’avons pas voulu entrer dans une escalade", souligne la ministre. Les mesures de rétorsions sont "toujours sur la table" et servent dans le cadre des négociations.
Est-ce que le Président doit prendre la parole publiquement ? "C’est une négociation difficile", confie Véronique Louwagie, Trump étant capable de prendre des décisions sur un coup de tête. "Je pense qu’il faut mesurer la manière dont nous devons agir", affirme-t-elle, ce qui expliquerait en parite l’absence de réaction d’Emmanuel Macron.
D’autant plus que Donald Trump a déclaré, le 31 juillet 2025, qu’un accord douanier avec le Canada pourrait se trouver compromis par la décision du pays de reconnaître l’État de Palestine. Une décision qu’a également prise la France. Est-elle remise en cause ? "Je ne crois pas", déclare la ministre déléguée au Commerce. "Je pense qu’il y a des sujets différents."
"Effectivement, il y a des efforts qui doivent être conduits dans ce budget"
Le Budget 2026 présenté par François Bayrou, Premier ministre, inquiète les entreprises, et notamment les artisans et les PME concernant une possible hausse des charges. "Effectivement, il y a des efforts qui doivent être conduits dans ce budget", confirme la ministre. Mais "il nous faut soutenir nos entreprises" et ce "à tout niveau". Pour les aider, le gouvernement va poursuivre la simplification administrative "pour augmenter leur compétitivité". "La charge administrative pour les entreprises aujourd’hui c’est 3 % du PIB", souligne Véronique Louwagie. "Il nous faut agir", notamment avec la loi simplification.
La commande publique également pourrait être simplifiée : "l’accès à la commande publique c’est important" pour les plus petites entreprises car c’est un marché qui représente 180 milliards d’euros de contrats.
Budget 2026 : la suppression de deux jours fériés "dans l’immédiat, ça n’est pas abandonné, bien évidemment"
Toujours dans un objectif d’austérité et de réduction du déficit et de la dette, le gouvernement a proposé la suppression de deux jours fériés. "Il n’y a pas de renoncement pour l’instant", assure Véronique Louwagie. "C’est un peu plus de 4 milliards d’euros" de richesse créée. Si "des discussions" auront lieu et "tout pourra être mis sur la table". "Mais dans l’immédiat, ça n’est pas abandonné, bien évidemment."
Vacances et infrastructures : "Notre main ne tremble pas sur cette question de sécurité"
Alors que les vacances d’été battent leur plein, la sécurité des installations est au centre de tous les regards. Structures gonflables et autres lieux d’accueil des enfants font régulièrement l’objet de défaillances, selon les enquêtes menées par la DGCCRF. "C’est un sujet majeur", confirme la ministre déléguée au Commerce. "Et nous ne transigeons pas avec la sécurité. Chaque équipement dangereux doit être retiré. Chaque installation à risque doit être suspendue." En cas de risque, rassure-t-elle, "il y a une demande immédiate d’arrêt". "Notre main ne tremble pas sur cette question de sécurité."
Retard de paiement : "Je propose que les sanctions soient proportionnelles au chiffre d’affaires et puissent atteindre 1 % du chiffre d’affaires"
Autre sujet qui fait du mal au tissu économique français : les retards de paiement, toujours plus longs. Une situation qui cause de nombreuses défaillances, notamment chez les TPE et PME qui disposent de moins de marge de manœuvre. "Les retards de paiement s’accentuent, nous sommes arrivés à 14 jours de retard", affirme la ministre. "Nous devons agir parce que cette situation n’est pas normale." Elle demande donc des sanctions "beaucoup plus fortes". Aujourd’hui plafonnées à 2 millions d’euros, les sanctions pourraient bien évoluer et augmenter à l’avenir. "Je propose que les sanctions soient proportionnelles au chiffre d’affaires et puissent atteindre 1 % du chiffre d’affaires."
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