Jean-Pierre Jouyet publie un livre : L'ombre du général (Éditions Albin Michel). "Il faut modifier très certainement les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif", estime-t-il au micro de Sud Radio.
Jean-Pierre Jouyet : "Depuis la dissolution de 2024, le gouvernement compte davantage"
Périco Légasse : Qu'est-ce qui a changé dans le système du pouvoir en France ces dernières années ?
Jean-Pierre Jouyet : Il y a deux évolutions qui sont importantes et dont on doit tirer les conséquences. C'est premièrement que, depuis la dissolution de 2024, le gouvernement compte davantage. Et cela durera à mon avis dans les prochaines années. Et deuxièmement, nous passons d'une République qui était très présidentielle à une République parlementaire.
Périco Légasse : Vous êtes d'accord que sous la Cinquième, le parti majoritaire est un parti godillot ? Ordre du jour fixé par le gouvernement, élection uninominale à deux tours, c'est terminé, et les députés disaient : 'on est là, mais on est des potiches'.
Jean-Pierre Jouyet : Vous avez tout à fait raison. Il y a un changement important : c'est que le système majoritaire n'assure plus de majorité absolue, contrairement à ce qu'on a vécu dans la plupart des mandats présidentiels. Et deuxièmement, c'est qu'il faut modifier très certainement les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
"Il faut assurer une certaine décentralisation"
Périco Légasse : Autre problème évoqué par beaucoup : le pouvoir est centralisé…
Jean-Pierre Jouyet : On ne peut pas vivre sur une hypercentralisation. Le général de Gaulle était très visionnaire, puisqu'il avait dit que pour se construire, la Cinquième République avait besoin de centralisation. Mais pour ne pas se défaire, elle avait besoin de décentralisation. Aujourd'hui, il y a un enchevêtrement des compétences. Il faut assurer une certaine décentralisation. Il faut réfléchir au mode de scrutin futur. Et, dès lors qu'on vivra avec des coalitions, voir comment pratiquent nos amis allemands.
Périco Légasse : Sans changer de Constitution, sans passer à une Sixième République… si on se contentait juste de transférer la présidence du Conseil des ministres non plus à l'Élysée, mais à Matignon, pour que l'article 20 devienne à part entière l'élément qui détermine et conduit la politique de la nation ? Le président de la République française garde ses prérogatives d'arbitre à l'Élysée, et il laisse le gouvernement gouverner tranquillement dans son coin.
Jean-Pierre Jouyet : C'est une formule qui, je crois, permettrait de moderniser la Cinquième République, et qui ferait en sorte que la démocratie française ressemble davantage aux autres démocraties européennes.
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