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Dans une tyrannie "l'égalité dévore la liberté"

Pierre Jourde, écrivain et critique, auteur de « La tyrannie vertueuse » aux éditions du Cherche-Midi, était l’invité de “Bercoff dans tous ses états".

tyrannie
Pierre Jourde, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

"Quand on parle d’intériorisation, le mot est juste", explique Pierre Jourde à propos du politiquement correct. "C'est un type de pensée qui est devenu un réflexe notamment chez les jeunes, les lycéens et les étudiants. C’est ce qui est inquiétant. Remarquez, j’étais membre du parti communiste à 20 ans donc on revient de tout. On peut espérer que ça passera aussi ce genre de chose parce que c’est séduisant", juge-t-il.

"Tout ce qui est extrême est séduisant. On le voit avec le score que vient de faire M. Mélenchon. Tout ce qui parle à priori d’égalité est séduisant", juge également Pierre Jourde. "Ce qui me fascine dans nos sociétés que sont les sociétés démocratiques, quand vous dites une tyrannie mondiale : non. Ce qui est justement caractéristique c’est que c’est une tyrannie dans les sociétés démocratiques occidentales".

 

La tyrannie du futur, ce sont les citoyens qui l'organisent

"Les autres sociétés, elles ont leurs tyrannies qu’elles soient militaires, ou qu'elles soient poutiniennes ou ce que vous voulez", explique l’auteur de La tyrannie vertueuse. "Nous, on a la chance d’avoir nos libertés mais on ne mesure pas cette chance et on a envie de temps en temps de rajouter à cette liberté un petit peu de censure, un petit peu de rééducation idéologique. De ce point de vue-là, Tocqueville était un prophète parfait, la maladie des sociétés démocratiques c’est que, petit à petit, l’égalité dévore la liberté".

"Lorsque j’emploi le mot tyrannie, on va penser que c’est exagéré, que ce sont des grands mots. Or, les grands totalitarismes que nous connaissons se faisaient tous au nom du bien et puisqu’ils se faisaient au nom du bien, ils autorisaient tout", explique Pierre Jourde. "On a cru que les tyrannies du futur, c’était le cas d’Orwell, seraient des tyrannies d’État. Cela n’est pas le modèle, il faut nous en rendre compte. Ce sont les citoyens qui organisent la servitude ou les regroupements de la société civile".

 

"Les réseaux sociaux c’est la ‘servitude volontaire’"

"Les moyens employés et les buts poursuivis sont les mêmes que le totalitarisme. Il s’agit de la restriction des libertés, notamment de la liberté d’expression, de la mort sociale des contradicteurs, on les renvoie de leur poste, etc.", juge Pierre Jourde. "C’est en gros ce qui se faisait en Union Soviétique dans les années 60 et 70. C’est une multiplication de Little Brother. Big Brother a été remplacé par autre chose qui s’appelle les réseaux sociaux et qui sont un instrument de surveillance beaucoup plus efficace que les systèmes totalitaires".

"Un système totalitaire n’obtient pas forcément l’adhésion des gens qu’il l’opprime. Les réseaux sociaux c’est la ‘servitude volontaire’ comme disait La Boétie. Il y a effectivement un débat mais il y a quand même des campagnes organisées et des campagnes qui font très mal", explique Pierre Jourde. "Il y a aussi des campagnes qui conduisent souvent les décideurs dans notre société démocratique, les directeurs d’université, etc., à céder. Au nom de l’éternel prétexte : ‘nous ne voulons pas de désordre’. Puisque cette conférence fait des vagues, elle n’aura pas lieu", explique-t-il au micro de Sud Radio.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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