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Cédric Jubillar ne lâche rien malgré le flot de questions et d'émotions

DOCUMENT SUD RADIO – Dernière semaine du procès Cédric Jubillar, qui a fait face aujourd'hui au feu des questions des parties civiles, à ses contradictions et à la lettre bouleversante écrite par son fils, Louis. Récit du jour par notre reporter Christine Bouillot.

Justice / Société / Fais divers / Jubillar
Dernière semaine du procès Jubillar (L.BONAVENTURE AFP/Archives)

Ce lundi matin, un expert psychiatre qui a examiné Cédric Jubillar à deux reprises est venu à la barre de la cour d'assises du Tarn pour détailler ses conclusions sur le profil psy de l'accusé.

L'expert raconte un Cédric Jubillar qui ne supporte pas la frustration, capable de colères verbales liées sans doute à une petite enfance ravagée par les placements et des « angoisses d'abandon ». Malgré cela, le mari de Delphine Jubillar voue un amour inconditionnel à sa mère qui pourtant l'a abandonné en le plaçant. Sa mère, qui a reconnu l'avoir laissé faire tout ce que son fils voulait faire pour compenser, a provoqué des dégâts.

L'expert psychiatre : « Il avait tourné la page » et « ne voyait que des avantages à la séparation »

Le désamour de Delphine était-il impensable pour lui ? Selon ses propos rapportés par le psychiatre, « il avait tourné la page » et « ne voyait que des avantages à la séparation » comme « chercher une autre compagne » et avait commencé « une autre vie qui se mettait en place ». Mais l'expert ne veut pas se prononcer sur un possible passage à l'acte .

Cédric Jubillar est dans le box, toujours agité, comme s'il avait un tapis de marche sous le pieds. Il porte son alliance à la main gauche... qui est en réalité non pas de son mariage avec Delphine mais celle offerte par Jenifer, sa compagne. C'est la seule chose qu'il peut porter en prison. Les cheveux et la barbe ont recommencé à pousser.

La présidente reprend alors l'interrogatoire de Cédric Jubillar sur la journée des faits :

- On commence par la journée du 15 décembre : comment rentrez-vous le soir ?

- Vers les 18h45 environ, en bus

- Quel était votre état d'esprit ce jour-là ?

- Bien

- Combien de joints aviez-vous fumé ? (il pouvait en fumer jusqu'à 25 par jour)

- En partant au bus le matin, dès 6h45. Dans le bus, j’en roule un.

- Et vous le fumez quand ?

- En allant au rond point pour rejoindre mon patron

- Et le troisième vers la pause, vers 8h30-9h

- Et ensuite ?

- À 10h, à 11 heures et après manger

- En résumé, c'est un joint par heure ?

- Oui tout à fait, on va dire ça. C'est possible

- Comment êtes-vous en rentrant ?

- Bien fatigué mais détendu

Puis vient la partie sur la soirée à proprement parler :

- Aujourd’hui, vous nous dites que vous sortez les chiens pendant 3/4 d'heure donc retour à la maison entre 22h04 et 22h08 mais lors de votre première audition, vous n’aviez pas indiqué que vous sortiez les chiens...

- J’ai fait un café clope

- Dans ces deux auditions, vous nous ne parlez pas des chiens

- Pourtant je l’ai toujours fait

- Vous n’avez pas toujours dit ça

- Je comprends

- Pourquoi lors de ces auditions, vous ne dites ce que vous nous dites aujourd’hui

- Je ne sais pas, je n'en ai aucune idée. Ça ne m’est pas venu l'esprit de leur dire cela ?

La présidente lit ensuite le rapport du médecin légiste établi le 16 décembre 2020 à Castres, après la disparition de Delphine. Celui-ci fait été de traces sur son corps et de « lésions épidermiques du bras droit, érosion de la face dosage du thorax ». Et d'un « état général « altéré »

- Comment l'expliquez-vous ?
- Sur le bras, c'est une cicatrice que j'ai depuis longtemps. Au thorax, je ne vois pas comment j’aurais pu me faire mal. Peut-être en portant du parquet.

Cédric Jubillar enlève son pull pour montrer sa cicatrice aux jurés mais la présidente l’en empêche. Il se rasseoit. Il est nerveux, très agité dans son box, bouge les jambes.

Un peu plus tard, la présidente projette une photo de la cicatrice du bras de Cédric Jubillar qui divise les avocats des deux parties. Mais la défense soutient qu'il s'est blessé sur un chantier en se penchant.

delphine jubillar cédric
Le mystère de la disparition de Delphine Jubillar reste entier. Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

Au tour de Me Bocquet, l'avocat des enfants, de prendre la main :

- Il s'est passé quelque chose dans cette maison, Mr Jubillar !

- Vous insinuez que je l’ai tuée.. Vous vous trompez complètement. Moi, je vous dis qu’elle est sortie ce soir là
- Donc le chien renifleur était enrhumé ?

- Si j’avais mis le corps de Delphine dans la voiture, le chien aurait fait le tracé jusqu’à la voiture ! Parce que vous insinuez que je l’ai fait ?! Le chien ne marque pas non plus que j’ai mis le corps dans la voiture

Me De Caunes, avocat des frères et soeur de Delphine, renchérit :

- Vous ne croyez pas qu’elle est morte ?

- A force si … mais j’espère que non quand même

- Mais comment a t-elle pu survivre ?

- Je ne sais pas

- Comment aurait-elle fait pour survivre ? Avez vous réfléchi à la question ?

- Non

- C’est quand même surprenant votre réponse

Des réponses toujours identiques : « je sais pas », « peut-être », « si vous le dites », « je préfère arrêter »

Me De Caunes, avocat des frères et soeur de Delphine, renchérit :

- Vous ne croyez pas qu’elle est morte ?

- A force si … mais j’espère que non quand même

- Mais comment a t-elle pu survivre ?

- Je ne sais pas

- Comment aurait-elle fait pour survivre ? Avez vous réfléchi à la question ?

- Non

- C’est quand même surprenant votre réponse

- Qu’avez vous d’autre à nous dire Mr Jubillar ?, reprend la présidente

- Rien, à part que je suis innocent

Ses réponses sont toujours les mêmes : « je sais pas », « peut-être », « si vous le dites », « je préfère arrêter »

- C'est un peu vain de discuter avec vous Mr Jubillar !

Me De Caunes l'interroge de nouveau :

- Votre téléphone s'est bloqué...

- Oui, je ne connais pas le code gmail

"Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Je n’ai pas tué Delphine"

Me Batthik l'interpelle à son tour :

- Vous avez appris les réponses par coeur ?
- Ah non pas du tout
- Vos réponses ne correspondent pas du tout à ce que les gens disent de vous. Vous êtes en pilote automatique ?
- Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Je n’ai pas tué Delphine

- Vous n'avez pas envie de hurler votre innocence ? Ça fait 4 ans que vous êtes en détention...

- Je vais pas crier dans le micro, on ne m’entendrait même pas. Ce serait inaudible

Me Schamni, avocate des enfants, enchaîne :

- On a des réponses à donner à vos enfants, Mr Jubillar. Faites un effort ! Ils aimeraient pouvoir se recueillir
- Moi aussi j'aimerais leur apporter une réponse à cela et malheureusement je n’en ai pas
- Et Louis dit que vous ne dites pas la vérité !
- C'est ce que l’on lui a soufflé depuis des années

Louis dans une lettre : "Le soir du 15 décembre, ils se disputaient"

Avant que ne s'achève l'instruction, Cédric Jubilar écoute la lettre écrite ce matin par son fils Louis, avant d'être remise à la cour :

"Je voudrais témoigner de ce que Cédric (l'enfant ne l'appelle pas "papa") m'a fait subir (...) Cédric me faisait mettre au coin sur des Lego. Il me faisait baisser le pantalon. Il me traitait de "petit" ou "gros con" (...) Une fois, Cédric m’a tellement tapé fort derrière la tête qu’une dent est tombée en tapant sur la table du salon (...)

"Le soir du 15 décembre (...) J’ ai entendu Cédric sortir de la chambre et rejoindre maman. Il se disputaient. J’ai jeté un Lego dans le couloir pour qu’ils s’arrêtent, Cédric est venu et après je me suis endormi (...) Après la disparition, c'est mamie qui s ‘est occupé de moi et d‘Elyah. Cédric ne s'est pas occupé de moi. C'était dur"

Et la président de demander à Cédric Jubillar une réaction :

- Non, je n’ai rien à dire
- Qu’en pensez vous ?
- Que c'est triste

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