Au procès de Cédric Jubillar devant la cour d'assises du Tarn, un témoin a assuré mardi être "sûr à 100%" que le véhicule de Delphine, utilisé selon l'accusation pour transporter le corps de son épouse, a été déplacé durant la nuit de la disparition de l'infirmière en 2020.
Cet homme, voisin des Jubillar, a expliqué aux jurés et magistrats, au dixième jour du procès du peintre-plaquiste de 38 ans, avoir garé sa camionnette blanche ce soir-là face à la 207 bleu marine de Delphine Jubillar, garée dans le sens de la montée comme à l'habitude.
Il a ajouté être "sûr et certain" que le véhicule avait le lendemain changé de sens, notamment car la Peugeot était alors plus proche de son pare-choc, presque collée, et qu'il a "dû manœuvrer pour faire demi tour".
Selon la défense, aucun des trois premiers gendarmes intervenus sur les lieux après l'appel au 17 de Cédric Jubillar n'avait, dans leurs premiers procès verbaux, ni lors de la reconstitution, mentionné cette camionnette, avant d'expliquer au procès avoir été tellement "focus" sur le véhicule de Delphine qu'ils étaient incapables de se prononcer avec certitude sur l'éventuelle présence de l'utilitaire blanc.
"Je pense qu'ils étaient tellement focus sur le véhicule (des Jubillar, ndlr) qu'ils n'ont pas vu mon camion", a déclaré le témoin. "Je n'ai jamais changé de place (de stationnement) en 15 ans, je ne vois pas pourquoi je changerais de place. Je suis sûr à 1000%."
- Condensation -
Cette 207 a également fait l'objet mardi d'une expertise à propos des traces de condensation observées sur l'intérieur des vitres du véhicule par les gendarmes.
Un spécialiste a ainsi dit qu'au vu des conditions atmosphériques (températures, humidité ambiante) ce soir-là à Cagnac-les-Mines (Tarn), communiquées sur réquisition par Météo France, l'hypothèse qu'une personne humaine ait été présente dans le véhicule durant la nuit était possible.
Pour que la condensation se dépose sur les vitres, il a en effet fallu que se produise un "choc de température", a-t-il expliqué à la cour. Or, un véhicule peut subir au cours d'une nuit "des variations de température régulières et légères, à des vitesses relativement lentes, qui font que l'équilibre atmosphérique à l'intérieur du véhicule se fait sans condensation".
Pour produire de la condensation, il faudrait donc qu'il y ait "un changement de température important" théoriquement compatible avec l'usage du véhicule par une personne pendant la nuit, a-t-il indiqué, précisant avoir été cité pour "expliquer" le phénomène décrit pas les gendarmes, pas pour se "prononcer" sur l'enquête.
"Ce sont les lois de la physique!", a-t-il notamment répondu à l'avocate de la défense Emmanuelle Franck, qui le questionnait sur la température supposée du point de rosée.
- "Falsifié la procédure" -
La présidente de la cour d'assises du Tarn, Hélène Ratinaud, avait ouvert l'audience, mardi matin, en annonçant avoir invité à déposer l'après-midi même, à 15H30, le gendarme auteur d'une liste de numéros détectés la nuit de la disparition autour du domicile des Jubillar, sur laquelle figurait selon la défense le numéro de Jean, l'amant de Delphine.
Les avocats de Cédric Jubillar ont en effet accusé lundi les gendarmes d'avoir "falsifié la procédure" concernant la possible présence du téléphone de Jean près de Cagnac-les-Mines, la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Ils ont demandé à la cour de prendre acte de leurs conclusions à ce propos, ce que les magistrat ont rejeté.
"Les faits allégués par la défense n'ont pas eu lieu lors de l'audience, il convient de rejeter la demande de donner acte", a déclaré Hélène Ratinaud.
La cour doit également entendre mardi le médecin légiste ayant examiné Cédric Jubillar après la disparition, ainsi qu'une famille d'accueil chez qui le peintre-plaquiste avait été placé pendant son enfance.
Cédric Jubillar a toujours nié avoir tué son épouse, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Le verdict est attendu le 17 octobre, après quatre semaines d'audience.
Par Valentin GRAFF, Daniel MARTINEZ / Albi (AFP) / © 2025 AFP