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L’opinion d’Arlette Chabot : "Huit communes sur dix sont touchées par le narcotrafic"

OPINION SUD RADIO – Alors que Gérald Darmanin, ministre de la Justice et Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur se rendent à Marseille après l’assassinat de Mehdi Kessaci, Arlette Chabot rappelle que le narcotrafic dépasse largement la cité phocéenne. Elle replace le fléau au niveau national et souligne notamment que « huit communes sur dix sont touchées » en France.

« Huit communes sur dix sont touchées par le narcotrafic »

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez étaient hier à Marseille, une semaine après l'assassinat du jeune Mehdi Kessaci. Ils ont répété la détermination du gouvernement à lutter contre le narcotrafic. Et les Marseillais commencent à avoir un tout petit peu l'habitude de ces visites ministérielles.

« Oui, ils ont l'habitude de ces visites. Gérald Darmanin s'est rendu à 30 reprises dans la ville de Marseille pendant qu'il était ministre de l'Intérieur. Et aujourd'hui, Laurent Nuñez annonce lui-même qu'il ira tous les mois dans la ville pour constater, les progrès qui sont faits dans la lutte contre le narcotrafic.

Il ne faut jamais oublier que Marseille est une ville qui est malade depuis très longtemps. C'est une ville qui souffre, qui est en retard. D’où le fameux plan déployé par Emmanuel Macron : « Marseille en grand », pour rattraper tous les retards en matière de logement, d'éducation, de transport. Pas seulement donc de sécurité. Il ne faut pas oublier non plus que Marseille est une ville qui a été marquée par le grand banditisme.

"La bataille a pris une autre dimension"

On revient au siècle dernier, aux années 30. En matière de drogue, il y a eu la French Connection et le premier assassinat politique. On était en 1981, l'élimination d'un juge d’instruction : Pierre Michel. Il avait fait du combat contre la drogue son combat. À l'époque, déjà, on parlait de bascule.

Aujourd'hui, on est en 2025. La bataille a pris une autre dimension avec l'arrivée des mafias qui s'affrontent pour le contrôle du marché de la drogue. La France a-t-elle sous-estimé la menace ? Ou en tout cas, n'a-t-elle pas pris en compte suffisamment l'évolution, l'arrivée de ces narcotrafiquants ?

La France a peut-être été lente, mais on ne peut pas dire qu'elle n'a rien fait à Marseille. On parle à chaque fois, lorsqu'il y a des visites de ministres, de renforts en nombre de magistrats, de policiers. Et puis, il faut attendre l'application de la loi de 2025 visant à sortir la France du narcotrafic.

"C'est absolument partout sur le territoire"

Mais je crois que l'essentiel, c'est qu'il ne faut pas se concentrer sur Marseille. Le problème aujourd'hui, c'est que c'est toute la France qui est touchée par l'explosion du trafic de drogue. Huit communes sur dix, dit-on aujourd'hui.

Huit communes sur dix, des grandes villes, comme des toutes petites villes, c'était 54% en 2016. Vous voyez ? Huit sur dix à 54%. C'est absolument partout sur le territoire. Avec des villes qui, effectivement, sont particulièrement visées. On pense aux villes portuaires, où là, ce sont les dockers, qui sans doute ferment les yeux, sur des containers chargés de drogue, et qu'ils oublient de vérifier. Et c'est un vrai danger. »

"Il y a une prise en compte du côté des responsables politiques"

Est-ce qu’au sein de la classe politique française et même au sein de la population, la France a suffisamment fait de la lutte contre le narcotrafic sa priorité ? 

« Aujourd'hui, on la met sur le même plan que la lutte contre le terrorisme. Au moins, ça veut dire qu'il y a une prise en compte du côté des responsables politiques. Mais je crois que c'est un problème qui touche, au fond, toute la société française.

Vous avez utilisé tout à l'heure le mot corruption. La corruption, ça veut dire que si les narcotrafiquants arrivent à infiltrer l'État, il n'y a plus d'État, il n'y a plus de République. Donc, il y a la menace sur le terrain et un État qui ne fonctionnera plus parce qu'il est entravé par des représentants de ces mafias.

"Il y a 900 000 consommateurs de cannabis par jour"

Quand je parle aussi de société, on évoque beaucoup la responsabilité aussi des usagers. Faut-il les sanctionner davantage ? Mais comment les sanctionner ? On sait qu'il y a 900 000 consommateurs de cannabis par jour. Difficile de les pister.

Donc, on n'évitera pas un débat, un jour ou l'autre, sur la dépénalisation des drogues. Et puis, il y a la mobilisation des citoyens. C'est ce qui s'est passé en Italie contre les mafias. On verra notamment demain, à Marseille, combien de Marseillais, combien d'autres Français viendront sur place, non seulement rendre hommage à ce jeune garçon qui a été tué il y a une semaine, mais qui répondront à l'appel d'Amine Kessaci qui, lui, malgré les menaces, a décidé de continuer à parler. »

Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger

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