Alain Di Crescenzo, quel est le but de « Ne lâchons rien ! » ?
« Le but, c’est de remettre un peu de lumière dans la morosité ambiante. On a trop souvent tendance à voir la bouteille à moitié vide. Moi, j’ai envie de la voir à moitié pleine. Ce qui fait gagner la France, ce sont ceux qui ne lâchent rien et qui regardent dans la bonne direction. L’idée est donc de mettre en avant ces entrepreneurs qui, malgré les difficultés, qu’ils soient dans l’industrie, les services ou le commerce, se lèvent chaque matin, travaillent dur, font vivre leur entreprise, leurs collaborateurs et au final, font gagner le pays. »
Pour nos auditeurs, pouvez-vous rappeler ce qu’est une chambre de commerce et d’industrie ?
« Les chambres de commerce et d’industrie (CCI) accompagnent toutes les entreprises de France, soit environ 5 millions. Il existe aussi des chambres des métiers et de l’artisanat. Nous travaillons en complémentarité avec elles car certains artisans sont également commerçants. En résumé, la majorité des entreprises, hors artisanat pur, sont accompagnées par les CCI. »
« Chaque année, nous recevons environ 500 000 porteurs de projets »
A quelle échelle êtes-vous présent ?
« Nous sommes présents à tous les niveaux. Il y a des CCI dans les départements, des CCI régionales qui facilitent le travail des structures locales et moi, je préside CCI France, la tête du réseau national. Nous définissons les stratégies, négocions les budgets avec l’État et élaborons les plans d’action pluriannuels. »
Concrètement, en quoi une CCI peut-elle aider un entrepreneur ?
« Nous accompagnons les entreprises tout au long de leur vie : de la création jusqu’à la transmission, en passant par le développement. Chaque année, nous recevons environ 500 000 porteurs de projets, puis plus d’un million d’entrepreneurs au total. Nous les aidons à se lancer, à s’améliorer, à se développer à l’international, à verdir leurs équipements ou encore à préparer la transmission de leur entreprise. »
« Il y a 60 milliards d’euros d’économies potentielles à réaliser en simplifiant la vie des entreprises »
Beaucoup de petits patrons disent vivre une période difficile. Partagez-vous ce constat ?
« Oui, bien sûr. La première difficulté, c’est la conjoncture. Nos commerçants, par exemple, ont traversé les Gilets jaunes, le Covid, l’inflation, et maintenant la concurrence du commerce en ligne. Cela fait beaucoup. À cela s’ajoute la sur-administration : on parle de simplification depuis des années, mais elle tarde à venir. Nous estimons qu’il y a 60 milliards d’euros d’économies potentielles à réaliser en simplifiant la vie des entreprises. »
Comment comptez-vous vous attaquer à cette question de la simplification ?
« Nous avons soutenu la démarche lancée par l’État pour identifier des pistes concrètes. Nous sommes candidats pour piloter le « test PME », c’est-à-dire vérifier qu’une nouvelle mesure est adaptée avant sa mise en œuvre et nous sommes prêts à le faire gratuitement : c’est du bon sens et cela redonnerait de l’oxygène à nos entreprises. Mais il y a un autre problème : le manque de visibilité. Une entreprise travaille sur le temps long. Pour investir ou embaucher, il faut de la stabilité. Or, nous avons connu six gouvernements en moins de deux ans. Nous attendons une ligne claire, une vision durable. »
« Sans gouvernement le pays est bloqué »
Le nouveau gouvernement vous inspire-t-il plus de confiance ?
« Déjà, le fait d’avoir un gouvernement est essentiel : sans lui, le pays est bloqué. Nous avons désormais des interlocuteurs avec qui discuter du budget, des politiques publiques et des dispositifs qui concernent directement les CCI. C’est une base saine pour avancer. »
Vous attendez donc de pouvoir rencontrer Serge Papin, nouveau ministre des PME ?
« Oui, et j’ai déjà demandé un rendez-vous. Nous sommes des entrepreneurs, nous n’attendons pas qu’on vienne à nous. Nous provoquons les échanges. Il y a deux priorités. La première, mettre en place un plan d’accompagnement d’urgence pour les entreprises, car les défaillances atteignent des records, en 2024, 2025, et si rien ne change, ce sera pareil en 2026. La deuxième priorité est de garantir nos moyens humains et financiers. Sans collaborateurs, sans équipes motivées, nous ne pouvons pas soutenir les entrepreneurs efficacement. »
Retrouvez pendant trois semaines l'association entre Sud Radio et la Chambre de Commerces et d'Industrie avec la rubrique « Ne lâchons rien ! », qui donne la parole aux entrepreneurs qui se battent pour créer et sauver des emplois. Une rubrique à retrouver au micro de Périco Légasse dans « La France Dans Tous Ses États ».