Philippe Royer vient de publier un nouveau livre : Fils de paysan, notre bon sens commun (Éditions Fayard).
Philippe Royer : "Il faut retrouver le bon sens et la simplicité"
Périco Légasse : Vous expliquez que le bon sens, c'est l'aptitude à comprendre le réel, puis à l'admettre…
Philippe Royer : On est complètement d'accord sur ça. J'avais écrit un premier livre il y a trois ans, qui était S'engager pour le bien commun. Et ce premier livre disait : "En quoi la somme des individualistes ne ferait pas le bien commun ?". Et Là, Fayard est venu me demander d'écrire "En quoi le bon sens pouvait redonner un élan aux vies et une chance pour le pays ?". Et effectivement, il n'y a pas de chance tant qu'on ne revient pas au réel. Parce que dès qu'on revient dans le réel… En agriculture, on ne peut pas tricher. On ne peut pas tricher avec une plante. Donc, il faut revenir dans ce réel pour mieux se projeter.
Périco Légasse : En parlant des Français, Descartes disait que le bon sens était la valeur la plus partagée. Est-ce toujours aussi vrai ?
Philippe Royer : Je pense qu'on a vraiment perdu la notion du bon sens, notamment au niveau des élites. Je pense qu'il y a des élites qui ont gardé le sens des choses, mais qu'il y a une part des élites qui a vraiment perdu le bon sens. Et donc, il faut retrouver ce bon sens et cette simplicité. Je dis souvent : il était un temps jadis où la simplicité était source de richesse. Et aujourd'hui, cette simplicité est devenue source de pauvreté. On dit des gens simples qu'ils sont pauvres. Alors que la simplicité, c'est le lien, c'est l'ancrage dans le réel, c'est la capacité à redésirer ce qu'on a déjà. Et c'est de revenir au fait que dans la vie, il faut une partie de don et qu'on ne va pas tout résoudre avec des impôts. Donc, il va falloir faire un pas de côté au niveau de chaque Français.
"On a perdu les notions fondamentales de la vie"
Périco Légasse : Je le dis : votre livre est un guide de l'hygiène de l'existence. C'est un mode d'emploi de la vie aujourd'hui en France. Les premières pages relèvent presque l'image d'Épinal, celle d'un quotidien simple dont on a le droit et l'envie d'assurer une continuité…
Philippe Royer : Il faut que ça dure et que ça perdure. C'est ce dont je parle dans cette première partie, qui est la partie 'témoignages'. Je parle de cette sobriété heureuse, de cette capacité à vivre simplement dans le bonheur. Parce que j'ai eu l'amour de mes parents, parce qu'on était dans une ambiance qui était saine. On avait beaucoup de valeurs. Et aujourd'hui, je pense qu'on a voulu se déraciner de ça. Il faut se réenraciner dans ça. Parce que dès que vous déracinez un arbre, vous n'avez plus de fruits. C'est logique : on a perdu ces notions fondamentales de la vie. Il faut revenir, en fin de compte, à la vie. Il faut accueillir la vie et s'emparer de la vie. C'est ce que je propose dans le livre à chacun des Français.
Périco Légasse : Vous estimez qu'avec la consommation, avec ce besoin de toujours avoir davantage, le 'toujours plus' est devenu quasiment un mode de vie. Et qu'on est obsédés par la garantie d'avoir toujours plus que de se rendre heureux de se contentant de ce que l'on a…
Philippe Royer : Oui. Je parle du fait qu'on est dans la fin de la tyrannie de 'toujours plus' pour aller vers le 'toujours mieux'. Je pense qu'on a été dans la tyrannie de la volonté et de l'avoir. On pensait qu'il suffisait de vouloir et qu'il suffisait de l'intellectualiser pour arriver à ça. Et je pense qu'on a montré que l'enjeu, c'est d'être, c'est d'être à nouveau. C'est de se refaire présence aux autres, de recréer un lien qui fédère les Français. Je propose plein de mesures qui sont d'envergure et radicales. Par contre, je pense qu'elles doivent être animées de cet être et de cette capacité à faire avec les autres. Et on a complètement perdu ces fondements simples mais pourtant si efficaces.
Cliquez ici pour écouter l’invité de Périco Légasse dans son intégralité en podcast.
Retrouvez “Le face à face” de Périco Légasse chaque jour à 13h dans "La France dans tous ses états" sur Sud Radio.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !