« Une étude du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), qui est assez vertigineuse, dit le désamour profond des Français pour la politique et ceux qui la font. Cette étude qui porte sur 2000 personnes, c'est-à-dire un gros échantillon, a posé une question très ouverte : ''qu'est-ce qui vous préoccupe le plus, vous, les Français ? ''
"La crise politique est la principale préoccupation des Français."
La réponse est simple : tous les politiques de l'ensemble de l'arc politique, les chouchous comme les derniers de la classe. Tous devraient relire et méditer cette étude. Pourquoi ? Parce que la crise politique est la principale préoccupation des Français.
Ce n'est pas le logement, ce n'est pas la santé, ce ne sont pas non plus la sécurité et l'immigration, c'est la crise politique. La politique, c'est un sport national, que l'Assemblée tient dans l'esprit des gens, plus du folklore que de la bataille réelle. Maintenant c'est terminé. Ça ne fait plus rire les Français puisque 30% d'entre eux estiment que la crise politique est préoccupante.
"Le souhait profond des Français est que la France ait un budget"
Mais c'est surtout l'incapacité des élus à s'entendre qui fait défaut. Cette préoccupation, qui est directement corrélée à cette angoisse politique, c'est le budget et la dette.
Hormis lors de la crise de 2008, les Français n'ont jamais exprimé autant d'angoisse par rapport au budget et à la dette. Et à l'évidence, les députés n'ont pas lu l'étude. Ils auraient compris que le souhait profond des Français est que la France ait un budget et que les élus s'entendent.
"Macron plonge le pays dans une crise politique inédite"
Le second enseignement de ce sondage porte sur Emmanuel Macron. Selon les mots même des auteurs de l'étude, le chef de l'État subit une délégitimation personnelle d'une violence inédite. C'est un peu facile de l'accuser de tous les mots, mais la réalité est implacable.
En appuyant sur le bouton dissolution, Emmanuel Macron plongé le pays dans une crise politique inédite, mais s'est lui-même plongé dans les affres de la détestation. Je pèse mes mots, c'est exactement ce qui ressort : la détestation, personnelle et symbolique. Il devient un véritable point de fixation et les réactions épidermiques à son offensive sur les labels, par exemple, démontrent une seule vérité.
Les Français ne veulent plus qu'il s'approche de près ou de loin de la vie publique intérieure. Les Français veulent tourner la page, finir son quinquennat sans lui. Hors lui, à l'évidence, ne veut pas être effacé. C'est comme ça que sont interprétées toutes ces velléités. Les Français lui disent, non, occupe-toi de l'international et finis ton quinquennat.
"Pour les Français, les politiques parlent beaucoup mais n'agissent"
Les Français s'interrogent aussi sur la Ve République. On le voit dans cette étude, la sécurité ou l'immigration ne baisse pas. Elles restent des préoccupations principales. Mais pour les français, les politiques parlent beaucoup mais n'agissent pas et ne trouvent aucune bonne solution.
Cette enquête met aussi en lumière une société de plus en plus polarisée, avec des clivages très forts, quasiment caricaturaux, notamment sur la sécurité ou l'environnement. La vraie mauvaise surprise, c'est bien ce sentiment de crise politique interminable. Cette crise politique pourrait muter en crise de régime, si ce n'est pas encore le cas. »