« Dans mon post précédent j’avais affirmé que les marins pro étaient de grands malades eu égard à leurs capacités à vivre tels des sangliers, raconte Joel Paris, co-skipper de "Rêve à Perte de Vue" engagé dans la Transat Café L'Or. Et pourtant, leur capacité à vivre dans le présent prouvent qu’ils sont encore sein d’esprit. Je pourrais vous raconter l’odeur de la mer, sa lumière, des glisses jouissives. Mais au delà de tout cela, il y a notre capacité à vivre dans un réel tellement plus réel que celui de la maison super connectée. Ca peut être une banalité pour vous mais en mer, nous sommes totalement à l’écoute de tout. Presque animal, bestial. »
« Dormir, manger, etc : tous mes gestes du quotidien revêtent une importance superbe »
« En mer, nous sommes très ancrés dans le présent. On se fiche de savoir ce que l’on fera à Noël prochain, ce que nous avons réussi génialement la veille. Non, seul compte maintenant. Dormir, manger, etc : tous mes gestes du quotidien revêtent une importance superbe. Et puis, en mer, nous ne pouvons pas tricher. Pas tricher avec soi et les autres. Et c’est très très rare, ça, dans la vie dite « normale ». Enfin, souvent on me dit « alors tu repousses tes limites ? ». Je ne suis pas d’accord car nous avons tous des limites, qu’elles soient physiques, déjà, pour commencer. Non je crois qu’on les découvre. »
« La moitié en distance depuis Le Havre »
« Voilà ce qu’on vient chercher à travers cette Transatlantique, je crois. En tout cas, face à la citation attribuée à Aristote : « il y a les vivants, les morts, et ceux qui vont sur mer », moi, je me trouve super vivant. Et j’ai hâte de vous retrouver aussi. Pour info, cette nuit on va passer 30 degrés ouest. En gros, le 0 passe à Londres Greenwich et passe au Havre et près de Bordeaux. Et la Martinique, c’est 60 degrés ouest. Donc on aura fait la moitié en distance depuis Le Havre. »