Les barbares sont-ils entrés dans Rome ? Le 13 novembre 2015, la France était frappée de plein fouet par le terrorisme comme jamais sur son propre territoire. Revendiquée par le groupe djihadiste Daech, cette série d’attaques situées à plusieurs endroits de Paris et en Seine-Saint-Denis (Bataclan, terrasses, Stade de France) avait fait 130 victimes, des centaines de blessés et des personnes traumatisées à vie par la violence et la barbarie des assauts.
Après les attentats de Charlie Hebdo et de l'hypercasher en janvier 2015, une nouvelle attaque islamiste venait de saisir la France dans son âme et ses tripes. Une véritable nuit d’horreur, malheureusement synonyme de l’apogée de la puissance de Daech, dans une année 2015 où la France entière n'avait eu de cesse d'être sur gardes face à la menace terroriste.
Fin des attaques de masse ?
Si d’autres attentats meurtriers ont suivi dans les mois suivants, en France mais aussi ailleurs en Europe, force est de constater que les attaques de masse comme celles de 2015 puis 2016 ont cessé. Au micro de Sud Radio, Sébastien Boussois, directeur de l’Institut Géopolitique Européen, explique les raisons de cette "pause".... temporaire ?
. @SBoussois :"L'idéologie djihadiste est terrible : elle a retourné des jeunes de notre propre pays" #LaFranceDansTousSesEtats pic.twitter.com/gYGdYTAejn
— Sud Radio (@SudRadio) November 12, 2025
"Le territoire a changé, on est dans quelque chose de plus diffus"
Pour comprendre pourquoi les attentats comme celui du Bataclan ont cessé, il faut se pencher sur la géopolitique, plus particulièrement en Syrie et en Irak, où, après des années de lutte, les armées de Daech ont été défaites voire laminées par les différentes coalitions internationales. Ainsi, le parcours “classique” du jeune radicalisé en partance pour le djihad en Syrie a changé :
“Tous ces jeunes qui passaient par ce rite de passage d'aller en Syrie pour se former de façon paramilitaire et revenir frapper sur la France, aujourd'hui, on est dans quelque chose de plus diffus, le territoire a changé”, explique ce docteur en sciences politiques.
En effet, cette radicalisation à l’extrême ne s’effectue plus seulement en Irak ou en Syrie, mais davantage dans les quartiers sensibles ou sur le Dark Web où les recrues sont de plus en plus jeunes. Et le grand paradoxe demeure : à l'instar des frères Kouachi ou de Mohamed Merah, tous ces "terroristes en herbe" ou en devenir ont grandi dans les écoles de la République.
. @SBoussois :"Il y a un décrochage complet aux valeurs républicaines et nationales pour les jeunes qui ont rejoint le djihadisme. Ils sont dans un flou non artistique" #LaFranceDansTousSesEtats pic.twitter.com/vanowU3BOH
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" Des individus formés à l'idéologie mortifère du djihadisme"
“L'idéologie djihadiste est terrible. Elle a retourné des jeunes de notre propre pays contre le pays qui les a vus naître”, explique Sébastien Boussois. “En réalité, ce qui est assez fou, c'est que beaucoup continuent encore aujourd'hui à concevoir et à penser que la menace est uniquement extérieure parce qu’on a cru que les attentats, les menaces, c'étaient des histoires de Moyen-Orient. En réalité, cette idéologie, aujourd'hui, elle transpire à travers les réseaux, à travers les quartiers, à travers les mosquées, à travers des mauvaises rencontres et elle forme des individus à l'idéologie mortifère du djihadisme.” témoigne le consultant en politique internationale.
"Des gosses de riches aussi..."
Cependant, le directeur de l’Institut Géopolitique Européen souligne également que la radicalisation au terrorisme ne touche pas seulement des personnes issues des banlieues, mais un spectre beaucoup plus large de la société :
“On a vu sur 2014-2018 des jeunes gosses de riches venus de la province complètement perdus, on a vu des filles très radicalisées. Il n'y avait pas que de la fracture sociale. Il y a un problème au-delà de l'amour du pays dans lequel on est né, il y a un problème de rêve. Ces générations-là sont nées dans les années 80 et 90, alors il y a la question du chômage, de la misère, de la paupérisation, et de la marginalisation de beaucoup de couches de la société.” conclut Sébastien Boussois.