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Violente passe d'armes entre Radio France et les médias Bolloré

"Oligopole hostile" contre "bien-pensants": la guerre est ouverte entre les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews, et le groupe public Radio France, qui s'accusent mutuellement de parti pris politique sur la lancée de l'affaire Legrand-Cohen.

Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

"Oligopole hostile" contre "bien-pensants": la guerre est ouverte entre les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews, et le groupe public Radio France, qui s'accusent mutuellement de parti pris politique sur la lancée de l'affaire Legrand-Cohen.

"Nous faisons face à un oligopole hostile", à "des médias militants, d'obsessions", a tonné Vincent Meslet, directeur éditorial de Radio France, dans le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France samedi.

"Ces gens deviennent fous", a rétorqué lundi matin la vedette de la chaîne télé CNews, Pascal Praud, en ouvrant son émission "L'heure des pros". Il a dénoncé une "offensive tous azimuts contre ce que les bien-pensants nomment la presse Bolloré, mais qui est tout simplement une presse libre et indépendante".

Violente passe d'armes entre Radio France et les médias Bolloré qui s'accusent mutuellement de parti pris politique sur la lancée de l'affaire Legrand-Cohen

Violente passe d'armes entre Radio France et les médias Bolloré qui s'accusent mutuellement de parti pris politique sur la lancée de l'affaire Legrand-Cohen

Ludovic MARIN - AFP/Archives

Ces derniers mois, CNews, la radio Europe 1 et le Journal du dimanche (JDD), tous dans le giron de M. Bolloré, ont fréquemment reproché à l'audiovisuel public de pencher à gauche, notamment dans son traitement des questions d'immigration et d'insécurité.

C'est la première fois qu'un responsable de Radio France riposte en citant directement les médias de la galaxie Bolloré. Eux-mêmes sont accusés par des responsables politiques de gauche de promouvoir des idées d'extrême droite, ce qu'ils contestent.

- "Pires adversaires" -

Le déclencheur des hostilités a été la vidéo diffusée début septembre par le média conservateur L'Incorrect, qui a suscité une vive polémique politico-médiatique.

Le journaliste Thomas Legrand, le 22 juin 2022 à Paris

Le journaliste Thomas Legrand, le 22 juin 2022 à Paris

JOEL SAGET - AFP/Archives

Filmée en juillet dans un restaurant parisien, elle montre Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, qui intervient sur France Inter et sur France 5 (groupe public France Télévisions), échanger avec deux responsables du Parti socialiste. Au cours de cette discussion, M. Legrand déclare: "Nous, on fait ce qu'il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi".

La séquence a valu aux deux journalistes des accusations de connivence avec le PS, venant aussi bien des Républicains que du Rassemblement national et de La France insoumise.

Après cette affaire, le régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom, doit auditionner cette semaine Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil, respectivement présidentes de France Télévisions et Radio France.

Thomas Legrand, lui, a renoncé à son émission dominicale sur France Inter, mais continuera d'intervenir à l'antenne.

Le journaliste Patrick Cohen, le 14 février 2024 à Paris

Le journaliste Patrick Cohen, le 14 février 2024 à Paris

Ludovic MARIN - AFP/Archives

Durant le week-end, M. Meslet et une autre responsable de Radio France, Céline Pigalle, sont publiquement montés au créneau, en réfutant les accusations de parti pris politique.

"Ce qu'on peut simplement regretter concernant Thomas Legrand, c'est qu'il ait involontairement fait un cadeau à nos pires adversaires", a déclaré Vincent Meslet au Parisien/Aujourd'hui en France. "CNews et Europe 1 (...) n'ont pas manqué de créer (...) un récit autour de cette affaire pour mieux nous attaquer".

- "Apparatchik" -

"Jusqu'à 80% du temps d'antenne (de CNews, ndlr) à certaines heures était consacré à ce sujet", a renchéri Céline Pigalle, patronne de l'information de Radio France, dans une interview aux Échos.

"Nous ne laisserons pas un concurrent nous déstabiliser", a poursuivi M. Meslet. Il a accusé ce groupe de médias d'être "la négation du pluralisme" et la "négation du métier de journaliste puisqu'il considère que faire du journalisme, c'est faire de la politique".

L'animateur vedette de la chaîne télé CNews, Pascal Praud, à Neuilly-sur-Seine, le 22 mai 2025

L'animateur vedette de la chaîne télé CNews, Pascal Praud, à Neuilly-sur-Seine, le 22 mai 2025

Leo VIGNAL - AFP/Archives

Le dirigeant a enfoncé le clou lundi, dans une tribune publiée sur X: "la France comprend des médias audiovisuels d’opinion au service d’un projet politique".

Sur CNews, Pascal Praud a qualifié lundi M. Meslet d'"apparatchik du service public" et rappelé qu'en 2015, ce dernier avait déclaré à Libération avoir "toujours voté" socialiste ou écologiste.

"Tous ces intolérants, ces sectaires, ces doctrinaires ne veulent qu'une seule ligne, ils imposent leur récit", a insisté M. Praud sur la première chaîne info de France en part d'audience.

Il a ensuite fait diffuser les images d'un discours du président du RN, Jordan Bardella, qui a une nouvelle fois appelé à la privatisation de l'audiovisuel public en lui reprochant ses "dérives militantes".

Outre CNews, la matinale d'Europe 1 est elle aussi revenue sur les propos de M. Meslet pour s'en insurger. "Monsieur Vincent Meslet (...), certains parlent du réel et d'autres comme vous sont dans le déni et écrivent une autre histoire", a lancé l'éditorialiste Laurent Tessier.

Par Paul RICARD / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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