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Plan banlieue : "Lutter contre la misère et le repli communautaire, ça ne coûte pas cher"

Par Jérémy Jeantet

Philippe Rio, maire PCF de Grigny, dans l'Essonne, était l'invité politique du Grand Matin Sud Radio.

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Emmanuel Macron doit annoncer ce mardi ses mesures pour les banlieues. Selon les dernières informations qui ont filtré de l'entourage du président de la République, le plan d'action qui sera dévoilé devrait prendre ses distances avec le programme dressé par Jean-Louis Borloo ces derniers mois.

Invité politique du Grand Matin Sud Radio, Philippe Rio, maire PCF de Grigny, veut toutefois rester optimiste et espère que les mesures mises en avant par l'ancien ministre, et sur lesquelles il a lui-même travaillé, seront appliquées : "Ça n'a jamais été conçu comme un plan, mais comme une méthode et une ambition nouvelle pour les quartiers populaires, pour les territoires ruraux et d'outre-mer, pour les millions d'habitants dans les territoires abandonnés de la République. Ça fait sept mois qu'on travaille. Le président de la République a défini un cahier des charges avec une lettre de mission à Jean-Louis Borloo et c'est de ça dont il s'agit. Je ne pense pas que ce soit abandonné, mais qu'un cap sera donné et que les mesures seront annoncées au fur et à mesure."

 

La question du retour de la sécurité, du retour des services publics, est un enjeu primordial

Principal reproche avancé contre le plan d'action dévoilé par Jean-Louis Borloo, son coût, avec de nouvelles dizaines de milliards pour la politique de la ville. Pour Philippe Rio, ce plan banlieue est "solide et financé" et, surtout, absolument utile pour ne pas délaisser des territoires entiers hors de la République.

"Lutter contre la misère et le repli communautaire, ce n'est pas cher, a lancé le maire PCF de Grigny. C'est un investissement. Le CICE et ses 90 milliards par an, on peut aussi s'interroger sur la réalité de sa pertinence et de son efficacité. Ramener ces territoires abandonnés dans la République, oui, ça a un coût. Mais je vais vous donner un exemple. 32 milliards chaque année sont dépensés en matière de formation professionnelle. Nous demandons, c'est une nouveauté, que 2,5 milliards soient fléchés directement pour les habitants des quartiers populaires. Deuxième sujet, la caisse nationale d'allocations familiales est en excédent budgétaire de 1,3 milliard d'euros. Nous demandons que 300 millions d'euros soient fléchés pour la petite enfance dans les quartiers soient fléchés pour la petite enfance dans les quartiers parce qu'ils manquent de crèches et de scolarisation précoce. Là, on a déjà un milliard d'euros d'argent qui n'est pas nouveau mais qui est mal utilisé. On demande de le réorienter là où on en a le plus besoin."

Les mesures que doit annoncer le chef de l'État ce mardi ont aussi un autre but, restaurer la sécurité dans les quartiers sensibles, alors que l'exemple de Marseille, où des policiers ont été mis en joue à la kalachnikov dans une cité, montre une nouvelle fois l'insécurité qui peut régner dans ces territoires : "Il y a 17 ans, le commissariat de Sevran avait 117 policiers, aujourd'hui, il y en a 83. Dans ma ville, qui est zone de sécurité prioritaire, il n'y a pas de commissariat. La question de la sécurité, du retour des services publics, est un enjeu primordial. Dans les 19 programmes d'action, il y en a un qui s'attelle à remettre de la République, qui passe par de la police, qui passe aussi par des moyens de justice. Nous disons juste que la police et la justice doivent revenir dans nos quartiers."

Il y a un million de jeunes sans emploi et sans formation, il faut aller les chercher par la peau du cul pour leur montrer qu'un autre chemin est possible

 

 

Un enjeu de sécurité qui passe par un autre levier, estime Philippe Rio, la formation : "À Grygny, 50 % des élèves sortent du système scolaire sans diplôme, donc sans compétence technique et ne peuvent pas avoir de boulot. La question de la formation professionnelle est un enjeu. Nous souhaitons un fléchage massif pour remettre du savoir de base et des compétences sur les métiers en tension. Celui qui est impliqué durablement dans le trafic, à la tête d'un réseau, ne va pas se remettre dans le droit chemin du jour au lendemain. Mais les frontières sont poreuses pour un certain nombre de jeunes qui sont en contact avec ce milieu. Il faut se mobiliser tous pour les sortir de là et qu'ils n'aillent pas vers l'argent facile. C'est possible, mais ça demande énormément de travail. Il y a un million de jeunes sans emploi et sans formation, il faut aller les chercher par la peau du cul pour leur montrer qu'un autre chemin est possible, que tout le monde se mobilise pour qu'ils réussissent et que, de toute façon, le trafic mène toujours, un jour ou l'autre, vers la prison."

Écoutez l'interview de Philippe Rio, invité politique du Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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