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Me Ingrain (avocat de Nicolas Sarkozy) : "On se battra pour éviter cette incarcération"

ENTRETIEN SUD RADIO - Cinq jours après la condamnation à 5 ans de prison de Nicolas Sarkozy dans le financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, Me Christophe Engrain, avocat de l'ancien chef de l'Etat, conteste toujours la lourdeur de la peine et entend activer tous les recours possibles.

Sarkozy Libye campagne 2007 prison
Nicolas Sarkozy a été condamné à 5 ans de prison.

Condamné à cinq ans de prison dont un ferme pour "association de malfaiteurs", Nicolas Sarkozy a fait appel. Son avocat, Me Christophe Ingrain a répondu aux questions de Jean-François Achilli sur Sud Radio.

Jean-François Achilli : Dans quel état d'esprit est Nicolas Sarkozy et comment ressortez-vous de ces derniers jours ?

Me Christophe Ingrain : "Nicolas Sarkozy est combatif. Il a été choqué le jour du délibéré : trois relaxes sur quatre infractions, mais une condamnation pour association de malfaiteurs, cette « voiture balai » du droit pénal. Le mandat de dépôt différé signifie la volonté claire du tribunal de l’envoyer rapidement en prison. C’est un choc violent quand on se sait innocent et qu’après 12 ans d’enquête et 14 semaines d’audience, il n’y a pas de preuves."

Cette décision repose-t-elle sur une intime conviction des magistrats ?

"C'est une intime conviction d'abord des enquêteurs, vous avez raison, ensuite du parquet national financier qui a soutenu l'accusation à l'audience et aujourd'hui du tribunal. Donc des trois magistrats qui composent le tribunal, qui ont justifié la condamnation de Nicolas Sarkozy et expliqué sa condamnation par cette théorie."

"Faire débuter l’exécution de la peine est incompréhensible"

Diriez-vous que le mandat de dépôt porte atteinte à la présomption d’innocence ?

"La volonté de faire débuter l’exécution de la peine est incompréhensible. Quelle que soit sa décision, il y aura un appel. Il n'y avait par ailleurs aucune raison liée à la personnalité de Nicolas Sarkozy. Je veux dire pas de risque de fuite, pas de risque de destruction de preuves, pas de risque de réitération des faits. Il n'y a objectivement aucune raison de placer Nicolas Sarkozy en détention avant son appel."

Les juges n'ont-ils pas voulu envoyer un message d'exemplarité ?

"Le jugement motive sur l'effectivité de la peine. L'exemplarité, ça n'existe pas dans le code de procédure pénale. C'est quelque chose qui est toujours un peu gênant. Ces notions sont très personnelles. Nous l'avons ressenti comme une volonté de tenter d'affaiblir déjà l'appel. "

Nicolas Sarkozy et ses soutiens évoquent un complot. Partagez-vous cette idée ?

"Depuis le début, Nicolas Sarkozy conteste l’authenticité de la note de Mediapart. Il avait déposé une plainte qui s'est terminée par un non-lieu dans laquelle les juges indiquaient que le document était un faux, sans pouvoir l’affirmer. Dans le jugement qui a été rendu par le tribunal correctionnel, il dit que ce document est probablement un faux. Nicolas Sarkozy a donc le sentiment qui a donné un visage à l'enquête et aux reproches qui lui sont faits depuis treize ans. Nicolas Sarkozy a le sentiment d’une certaine instrumentalisation."

"Il existe des possibilités de contester la décision"

Il y a quand même des zones d’ombre, comme les déplacements de Claude Guéant et Brice Hortefeux en Libye. Que sont-ils allés faire là-bas ?

"Le déplacement de Claude Guéant en Libye est tout à fait normal. Avant qu'un ministre se déplace à l'étranger, il y a toujours quelqu'un de son cabinet, un conseiller ou parfois le directeur de cabinet, qui va reconnaître à la fois les lieux et préparer les rencontres. Brice Hortefeux, quand il est allé en Libye, c'était autre chose : c'était pour la signature d'une convention entre la France et la Libye sur les collectivités locales, dont l'intérêt a d'ailleurs été confirmé par le ministre libyen qui était en place à l'époque. Nicolas Sarkozy n'y était pas, il n'a pas eu l'information et rien ne démontre le contraire sauf cette affirmation du tribunal qui est que Nicolas Sarkozy était forcément au courant, compte tenu de l'attention et du soin qu'ont porté les prévenus, à dire à l'audience qu'il n'était pas au courant." 

Emmanuel Macron a condamné les menaces reçues par les magistrats. Quelle est votre réaction ?

"Les menaces, elles sont totalement inacceptables, c'est impensable. On n'a pas à s'en prendre à un tribunal ou aux membres d'un tribunal. S'agissant de ce qu'a dit Nicolas Sarkozy, il a parlé, il a expliqué ce qu'il a ressenti pendant l'audience : une très grande violence verbale à son encontre, d'abord et essentiellement du parquet national financier."

Mot de la fin, Maître Ingrain : Nicolas Sarkozy passera-t-il forcément par la case prison ?

"Tant qu'il n'y est pas, il n'y est pas. Il existe des possibilités de contester la décision qui a été prise, en tout cas d'enlever les effets. Tant qu'il n'est pas incarcéré, il n'est pas incarcéré, et de la même manière qu'on s'est battu pour faire tomber une partie de l'accusation, on espérait que ce soit la totalité, ça n'est qu'une partie, on se battra pour éviter cette incarcération."

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