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“L’Etat n’est plus tenu”, dit Edouard Philippe, mais alors qui dirige ?

Pour l'essayiste Christophe Eoche-Duval, au micro de Patrick Roger sur l'antenne de Sud Radio, nous ne commandons plus rien à l’État.

Edouard Philippe
Pour Edouard Philippe, "l'Etat n'est plus tenu."

Édouard Philippe a dénoncé un "jeu politique affligeant", "une crise politique qui inquiète et consterne nos concitoyens", et appelé Emmanuel Macron à démissionner après le vote du budget. Mais alors, si l’État n’est plus tenu, qui le dirige ?

Qu'a voulu dire Édouard Philippe ?

"C’est une phrase choc car il n’est pas seulement ancien Premier Ministre, souligne Christophe Eoche-Duval, haut-fonctionnaire et essayiste, au micro de Patrick Roger, au micro de Sud Radio. Il a aussi longtemps été conseiller d’état. Il connait la machine politique et administrative. Je crois qu’il veut nous faire comprendre qu’il n’y a plus de démocratie verticale en France, vers le haut comme vers le bas. Par le haut, les hommes politiques n’écoutent plus le sens des votes, la souveraineté populaire. Il n’y a plus de référendum, on nous consulte une fois tous les cinq ans. Pendant ces cinq ans, on a l’impression qu’ils font ce qu’ils veulent."

"Par le bas, ce que semble dire Édouard Philippe est que nous sommes dans une technocratie à mode électif. Mais leurs administrations ne sont plus tenues. Elles font ce qu’elles veulent, elles sont en roue libre. Ils ne peuvent plus faire transmettre les mandats populaires en déclinaison administratives de tous les jours. C’est un vrai problème de démocratie verticale en France."

Des ministres qui ne font que passer

Quels qu’ils soient, les ministres ont-ils encore véritablement du pouvoir ? La technostructure tient-elle le pays ? "Le fait est que l’espace de la fonction publique a pris une telle place que les ministres peuvent donner le sentiment de ne plus commander, estime Christophe Eoche-Duval. Dans la démocratie américaine, on est beaucoup plus franc : chaque administration change immédiatement toutes les chefs des administrations. Ils sont donc à leurs ordres et répondent au mandat populaire donné au président. En France, on n’applique pas le spoil system à l’américaine. Nous avons des administrations qui perdurent."

"Sous la IVe République, les ministres ne faisaient que passer, et les chefs des administrations centrales qui étaient là vingt ans gouvernaient." Qui prend les décisions à l’heure actuelle ? "Il y a le mécanisme des affaires courantes. Là, nous sommes dans la période où le projet de loi de finances devrait être déposé. En réalité, le rétroplanning technocratique est tellement long qu’il a été arbitré au mois de juin dernier. M. Bayrou pouvait démissionner sans que cela change rien. M. Lecornu n’a pas la maîtrise de la copie budgétaire déjà préparée par Bercy. Nous ne commandons plus rien à l’État. C’est l’État qui a décidé et décidera pour eux."

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