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"Blocage", "passage en force", "dérive"… La classe politique partagée sur la grève

Par Benjamin Jeanjean

Alors qu’un mouvement de grève perturbe de nombreux services publics ce jeudi et que des manifestations sont organisées un peu partout en France, les politiques sont partagés sur ce mouvement, même si la méthode du gouvernement semble faire l’unanimité contre elle...

Le député (PCF) André Chassaigne (©GEOFFROY VAN DER HASSELT - AFP)

"C’est la manif de la défense des conquis sociaux. Pendant des décennies, des travailleurs se sont battus pour être protégés. Ils ont gagné des droits. Aujourd’hui, l’objectif du gouvernement est de démolir tout ça". À l’heure d’expliquer les raisons des manifestations organisées ce jeudi dans toute la France, André Chassaigne, président du groupe Gauche Démocrate et Républicaine à l'Assemblée nationale, ne mâche pas ses mots. "C’est une manif qui doit faire grandir les consciences et faire se réveiller ceux qui pensent que ce pouvoir-là peut apporter le bonheur à tous, alors que c’est tout le contraire. C’est un pouvoir qui est fait pour défendre les intérêts des plus riches, il le montre tous les jours", ajoute-t-il au micro de Sud Radio.

"Il faut peut-être souffrir et râler, mais c’est dans l’intérêt des usagers"

Le député communiste du Puy-de-Dôme comprend la gêne occasionnée par cette grève, mais soutient pleinement les grévistes. "Cette lutte va perturber beaucoup de monde, mais c’est pour l’intérêt général. Les grandes luttes dans notre pays ont permis d’aboutir à des conquêtes sociales. Aujourd’hui, il s’agit de maintenir un service public à la hauteur pour tous. Il faut peut-être avoir des difficultés, souffrir et râler, mais au final c’est dans l’intérêt des usagers", assure-t-il.

Député de Seine-et-Marne et Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure s’oppose lui aussi à la politique gouvernementale. "Nous avons appelé les uns et les autres à manifester car nous pensons que le passage en force du gouvernement aujourd’hui détruit la vision que nous avons en commun du service public. Nous manifestons contre la politique d’Emmanuel Macron, pas contre Macron lui-même. C’est une politique libérale, classique, dont on connaît les dangers et les dérives", avertit-il.

"Le statut de cheminot doit continuer d’évoluer"

À droite, le son de cloche est plus nuancé. Député (LR) du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle n'ira pas manifester, même s’il admet quelques points d'accord avec les manifestants. "Ceux qui sont mécontents ont raison de le faire savoir. Je ne partage pas toutes leurs revendications, mais là où je les rejoins c’est dans leur contestation de la façon de procéder du gouvernement. Ce gouvernement n’est pas suffisamment à l’écoute, pas assez dans la concertation. Ils dénoncent un passage en force, et sur ce point ils ont raison. Ils dénoncent aussi le fait que les réformes du gouvernement ne régleront pas les problèmes du rail en France, et je les rejoins là-dessus. Là où je ne suis pas d’accord, c’est sur le statut de cheminot qui doit continuer d’évoluer...", plaide-t-il.

Son collègue Damien Abad, député (LR) de l'Ain, dénonce de son côté un manque de dialogue social. "Il y a certainement des raisons de manifester, mais je ne crois pas que ce soit par la manifestation et le blocage qu’on améliorera la situation de notre pays. Aujourd’hui, il y a un sentiment d’inéquité parmi les Français, donc on a besoin de réformes et de transformations en profondeur de notre pays. Je crois plus au dialogue social, je regrette forcément qu’en utilisant les ordonnances, on n’envoie pas un message politique de dialogue parlementaire ou social… C’est dommage, car je pense que le dialogue est toujours meilleur que la confrontation", déclare-t-il.

Propos recueillis par Juliette de Noyelle

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