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Un mort lors d'un rassemblement de l'extrême droite américaine en Virginie

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

Une voiture a foncé sur la foule, samedi, lors d'un rassemblement de l'extrême-droite américaine à Charlottesville, en Virginie. Une femme a été tuée.

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Un rassemblement de l'extrême droite américaine samedi à Charlottesville (Virginie) a débouché sur des violences entre manifestants et contre-manifestants, et une femme a été tuée lorsqu'une voiture a foncé sur la foule.

Les autorités locales ont donné un bilan de trois morts et 35 blessés, incluant le décès de deux policiers morts dans la chute de leur hélicoptère près de Charlottesville sans qu'un lien explicite avec les affrontements ne soit établi.

Le président Donald Trump a condamné les violences de Charlottesville, sans se prononcer sur la responsabilité de l'un ou l'autre des camps en présence. "Nous devons TOUS nous unir et condamner tout ce qui représente la haine. Il n'y a pas de place en Amérique pour ce type de violences", a-t-il écrit sur Twitter.

M. Trump a ensuite donné une conférence de presse improvisée sur son lieu de vacances à Bedminster (New Jersey). "Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties", a-t-il déclaré.

"La haine et la division doivent cesser, et elles doivent cesser immédiatement", a lancé le président.

Interpellé par des journalistes, il a refusé de condamner spécifiquement les mouvements d'extrême droite.

État d'urgence

Le gouverneur de Virginie Terry McAuliffe avait déclaré l'état d'urgence en raison des affrontements qui opposaient des centaines de manifestants et de contre-manifestants avant même le début du rassemblement d'extrême droite. Intitulé "Unite the Right Rally", il réunissait des groupes de la droite radicale et identitaire, dont le Ku Klux Klan et des néonazis.

Ces groupes entendaient dénoncer le projet de Charlottesville de déboulonner dans un jardin municipal la statue d'un général sudiste favorable à l'esclavage.

Des centaines de manifestants et de contre-manifestants étaient arrivés dans la matinée à Charlottesville, une ville de l'est de Etats-Unis. Des échauffourées entre les deux camps ont rapidement éclaté, malgré le déploiement de la police anti-émeutes et de la garde nationale.

"Nous avons des gens qui sont venus ici pour provoquer la confusion, le chaos et le trouble, lesquels ont provoqué trois décès", a déclaré par la suite Maurice Jones, directeur municipal de Charlottesville.

Une femme de 32 ans a été tuée et 19 personnes ont été blessées lorsqu'une voiture a percuté une foule composée, selon des témoins, de contre-manifestants hostiles au rassemblement d'extrême droite.

Le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue et la police traite les faits comme un "homicide criminel", a déclaré le chef de la police de Charlottesville, Al Thomas.

Une vidéo montre une voiture de couleur sombre percutant un autre véhicule par l'arrière, qui lui-même rentre dans une troisième voiture devant lui. La voiture responsable de la collision repart alors vivement en marche arrière, au milieu des manifestants paniqués. 

Une autre vidéo montre le capot et le pare-brise de la voiture percutée maculés de taches de sang.

"C'était volontaire"

"On marchait dans la rue quand une voiture, une berline noire ou grise, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés", a relaté à l'AFP un témoin.

"Une fille au sol a été mutilée. C'était volontaire, ils ont fait exprès de faire marche arrière", a raconté un autre homme qui avait assisté à la scène.

En fin d'après-midi (heure locale), au moins 35 personnes recevaient ou avaient reçu des soins pour des blessures graves ou légères, selon la police.

Par ailleurs, deux occupants d'un hélicoptère de la police sont morts lorsque l'appareil s'est écrasé dans une zone boisée proche de Charlottesville, a indiqué la police dans un communiqué.

Auparavant, les forces de sécurité n'ont pas été en mesure de contenir les multiples affrontements entre les manifestants des deux camps.

Les militants d'extrême droite, dont certains étaient armés de gaz au poivre, paraissaient avoir le dessus.

Drapeaux confédérés

De nombreux partisans de l'extrême droite brandissaient des drapeaux confédérés, que beaucoup d'Américains considèrent comme un symbole de racisme. Certains faisaient le salut nazi.

Les militants anti-racistes agitaient des drapeaux du mouvement Black Lives Matter (BLM), qui proteste régulièrement contre les décès de Noirs victimes d'abus de la force par la police.

Ils scandaient des slogans comme "Nous disons non à la peur raciste" ou "Pas de nazis, pas de KKK, pas de fascistes aux USA".

Le refus de M. Trump de condamner spécifiquement les groupes d'extrême droite a été critiqué par ses adversaires démocrates, mais aussi par certains républicains.

La démocrate Hillary Clinton, battue par M. Trump à l'élection présidentielle de 2016, a critiqué M. Trump sans le nommer. "Chaque minute où nous permettons à cela de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs", a-t-elle tweeté.

Le sénateur républicain de Floride Marco Rubio est lui aussi intervenu sur Twitter. "Très important pour la nation d'entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs".

Critiqué dans son propre camp

Une bonne partie de la droite alternative, ou "Alt Right", avait soutenu Donald Trump dans sa course à la Maison Blanche et celui-ci a plusieurs fois refusé de prendre clairement ses distances avec certains de ses groupes ou de ses leaders.

Résultat M. Trump était critiqué jusque dans son propre camp républicain. "Si j'étais président des Etats-Unis et que ces personnes témoignaient leur sympathie vis-à-vis de ma personne et de mon programme, cela me poserait problème", a commenté de son côté Lindsey Graham, un sénateur qui s'inscrit de plus en plus dans l'opposition interne à Donald Trump au sein de la famille républicaine.

L'enquête de la police fédérale devrait rapidement établir les motivations de James Fields, l'homme de 20 ans interpellé au volant de la voiture qui a percuté les militants antiracistes.  Le suspect, originaire de l'Ohio, a été inculpé de meurtre, de violences volontaires ayant causé des blessures et de délit de fuite. Il devrait être présenté à un juge lundi.

Extrémistes enhardis ?

Les événements de Charlottesville vont d'autre part être étudiés à l'aune d'une question centrale : par sa rhétorique, ses mesures ciblant les étrangers et ses appels répétés à donner la priorité à l'Amérique, le président Trump a-t-il enhardi de façon dangereuse les extrémistes de droite ?

Interpellé samedi par des journalistes, M. Trump a en tout cas refusé de donner son avis sur ces mouvements qui se disent en plein essor.

L'ex-président Barack Obama, dont les interventions publiques concernant l'actualité sont devenues rares, est lui sorti de sa réserve en citant Nelson Mandela : "Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion".

Les suites des violences de Charlottesville évoquent le long délai qu'avait pris Donald Trump pour désavouer le soutien que lui avait apporté publiquement David Duke, un ancien leader du Ku Klux Klan.

"Le président doit dénoncer clairement les idéologies de la suprématie de la race blanche sous toutes leurs formes", a exigé dimanche l'Anti-Defamation League (ADL), une association de lutte contre l'antisémitisme.
 

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