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Syrie : Macron ne fait pas du départ de Bachar el-Assad "un préalable à tout"

Par Benjamin Jeanjean

Dans une interview accordée à plusieurs médias européens, Emmanuel Macron a livré sa vision de la politique étrangère française en Syrie. Avec une volonté d’ouverture mais également de fermeté sur les fameuses lignes rouges à ne pas franchir.

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Le conflit syrien prendra-t-il fin un jour ? Débutée en 2011 suite à la répression sanglante de la part du régime de manifestations d’opposants dans le cadre du Printemps arabe, la guerre ravage le pays depuis six ans et divise tellement la communauté internationale que certains imaginent déjà une Syrie durablement divisée en plusieurs zones d’influences. Pour beaucoup de dirigeants occidentaux, le départ de Bachar el-Assad est une condition sine qua non à toute discussion de résolution de conflit. Une position que ne partage pas forcément à 100% Emmanuel Macron.

"Personne ne m’a présenté le successeur légitime de Bachar el-Assad"

"Le vrai aggiornamento que j'ai fait sur ce sujet, c'est que je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m'a présenté son successeur légitime !", indique ainsi le président de la République dans un entretien accordé à plusieurs médias européens. Promettant "la fin d'une forme de néoconservatisme importée en France depuis dix ans", le chef de l’État compte bien tirer les leçons du passé. "La démocratie ne se fait pas depuis l'extérieur à l'insu des peuples. La France n'a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de faire la guerre de cette manière en Libye. Quel fut le résultat de ces interventions ? Des États faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes. Je ne veux pas de cela en Syrie", assure-t-il.

"Si vous ne faites pas respecter vos lignes rouges, vous décidez d’être faible"

Toutefois, Emmanuel Macron le confirme, l’utilisation d’armes chimiques sur le terrain est une ligne rouge que la France entend bien faire respecter, pour des raisons également stratégiques. "Quand vous fixez des lignes rouges, si vous ne savez pas les faire respecter, vous décidez d'être faible. Ce n'est pas mon choix. Qu'est-ce qui a bloqué les choses en 2013 ? Les États-Unis ont fixé des lignes rouges mais ont fait le choix in fine de ne pas intervenir. Qu'est-ce qui a affaibli la France ? De définir politiquement une ligne rouge et de ne pas en tirer les conséquences. Et qu'est-ce qui a du coup libéré Vladimir Poutine sur d'autres théâtres d'opérations ? Le fait d'avoir constaté qu'il avait face à lui des gens qui avaient des lignes rouges mais ne les faisaient pas respecter", analyse Emmanuel Macron, chef des armées françaises.

Vladimir Poutine, pas si ami que ça avec Bachar el-Assad ?

"Qu'est-ce qui motive Vladimir Poutine ? C'est de restaurer un imaginaire russe puissant pour tenir son pays. Il pense que la Syrie est une question de voisinage fondamental pour lui. (…) Je ne crois pas qu'il ait une amitié indéfectible à l'égard de Bachar el-Assad, [mais] il a deux obsessions : combattre le terrorisme et éviter l’État failli", ajoute-t-il au sujet de son homologue russe qu’il a reçu récemment à Versailles. "Réussir à travailler ensemble sur la Syrie pour lutter contre le terrorisme et déboucher sur une vraie sortie de crise, je pense que c'est faisable. (…) Je continuerai à être un interlocuteur très exigeant en matière de libertés individuelles et de droits fondamentaux", promet-il.

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