Lors de sa campagne, le plan était simple. Arrivé au pouvoir, Donald Trump allait construire le mur entre le Mexique et les États-Unis en le faisant payer aux Mexicains, défaire l’Obamacare, baisser les impôts des sociétés, éradiquer les "méchants" jihadistes d’un seul revers de la main, fermer les frontières aux terroristes, imposer ses conditions à la Chine, se désengager des affaires du monde pour rendre sa grandeur à l’Amérique. En anglais "Make America great again".
Revers en série et multiples revirements
Force est de constater pour Donald Trump, après 100 jours à la Maison Blanche, que l’exercice du pouvoir nécessite de regarder la réalité en face, loin des "fakes news" martelés dans ses discours. Même quand il affirme : "Personne n'a fait ce que nous avons réussi à faire en 100 jours", il ne semble pas vraiment y croire. Récemment, dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters, le président des États-Unis a ainsi confié, avec naïveté et cynisme, qu’il pensait que "ça serait plus facile".
Depuis le début de son mandat, Donald Trump a, en effet, essuyé plusieurs revers. D’abord avec son décret anti-immigration – qui interdisait à des ressortissants de plusieurs pays musulmans d’entrer sur le territoire des États-Unis - retoqué à trois reprises par des juges. Ensuite, avec l’Obamacare. Incapable d’obtenir une majorité au Congrès, sa loi devant défaire la loi santé de l’ancien président pour le remplacer par un autre système n’a pas pu être adopté. "Personne ne savait que le système de santé était si compliqué", a d’ailleurs lâché Donald Trump lors des débats. Seul véritable satisfaction pour le clan Trump : la nomination à la Cour suprême du juge conservateur Neil Gorsuch.
Des changements salués "prudemment"
En matière de politiques internationales, le président Trump a également dû s’adapter. "Après avoir écouté pendant dix minutes, j'ai réalisé que ce n'était pas si facile", a-t-il lancé par exemple après sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping en évoquant l'épineux dossier nord-coréen. "Je change, je suis flexible, et j'en suis fier", affirme-t-il également, peu avant de lancer des frappes aériennes contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie, accusé d'avoir utilisé des armes chimiques avec de nombreux enfants parmi les victimes.
Cependant, plusieurs de ses virages à 180 degrés sur la Chine, la Russie ou l'Otan, ont - dans une certaine mesure - rassuré une partie du pays ainsi que les alliés des États-Unis. "Les volte-face récentes de Trump méritent d'être (prudemment) saluées", résumait d'une étonnante formule le Washington Post dans un éditorial, rappelant le malaise suscité par son discours d'investiture d'une agressivité inouïe.
Le président le moins populaire des États-Unis
Après cent jours, il reste néanmoins certaines choses qui n’ont pas réellement changé pour le président des États-Unis. Ainsi, Donald Trump continue de commenter l’actualité, basé souvent sur Fox News, dans des tweets matinaux. Fidèle à sa réputation, le président maintient également tous ses propos même faux. Dans un entretien accordé au magazine Time fin mars, il a ainsi défendu une à une toutes ses affirmations controversées, farfelues ou carrément fausses: "Que puis-je vous dire? J'ai tendance à avoir raison".
Si cette attitude, parfois bouffonne, peut encore faire rire, reste qu’à l'heure du cap symbolique des 100 jours, le constat est cruel pour celui qui promettait aux Américains de "gagner, gagner, gagner" : il est le président le moins populaire de l'histoire moderne des États-Unis. Même si sa base lui reste, pour l'heure, fidèle.