En 1991, Vincent Lagaf interprétait la Zoubida. Le single est resté 11 semaines, premier au Top 50 et a été vendu à 625 000 exemplaires. Cette chanson est controversée de par son racisme assumé. La chanson raconte l'histoire d'une jeune fille Zoubida, issue de l'immigration nord-africaine qui vit à Barbès. Ses parents l’ont interdite de bal mais elle y va avec son ami Moktar, « sur un scooter doré ». Malheureusement, Mokhtar a volé ce scooter. Arrêtés par la police, ils finissent la nuit au poste de police.
Valérie Expert demande à l’animateur si une nouvelle Zoubida est envisageable. « Je crois que c’est le genre de truc que l’on ne pourrait plus faire ! Dire que Moktar d’origine orientale aurait emprunté à long terme une Mobylette, on sous-entend qu’il est voleur… Je regrette vraiment que l’on ne puise plus rien dire. À l’époque, pas une seule seconde, je n’ai stigmatisé les maghrébins de voleurs. Aujourd’hui ça devient dramatique » regrette Vincent Lagaf.
"La télévision a tant changé qu’aujourd’hui, vous-même, vous autocensurez ?" lui demande Valérie Expert. « Oui, complètement ! Je vais vous donner un exemple tout bête pour vous expliquer à quel point on en arrive. Quand nous tournions l’émission Strike, j’expliquais que si quelqu’un faisait un strike, les danseuses et les danseurs venaient et faisaient la fête comme lors du SuperBowl. Et en déconnant, je disais au deuxième strike, il n’y aura que les danseuses, au troisième strike, elles seront vraiment dévêtues et au quatrième, on éteindra la lumière. On m’a dit ça, tu ne peux pas le dire. Ça a été coupé au montage et ensuite, je ne l’ai plus dit. On a peur de cette espèce de pseudo intelligentsia élitiste qui, dénuée de tout talent, est obligée de faire le buzz avec les dires d’un autre pour qu’on puisse parler d’elle. Ça en devient dramatique", regrette l'animateur de C8.
Aujourd’hui, les plombiers vous attaqueraient pour « Bo Le Lavabo »?
« J’ai été le plus grand ambassadeur des plombiers. Maintenant faire une chanson à caractère humoristique sur une religion ou une culture, ce n’est plus possible. On ne rigole plus sauf si tu es homosexuel, tu peux rire des homosexuels. Si tu es Arabe, tu peux rire des Arabes. Si tu es feuj, tu peux rire des feuj. Et si tu es tout cela à la fois, à ce moment-là, tu es très riche avec ton spectacle » explique Vincent Lagaf.
Retrouvez l’ensemble de l’interview sur le podcast de l’émission 10h-12h