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Didier Roustan : "Mbappé ? Ça ne transpire pas l'humain, quoi"

Par Jean Baptiste Giraud

Le journaliste sportif Didier Roustan était l’invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 8 novembre 2023 dans "Sud Radio Média".

Didier Roustan
Didier Roustan, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Didier Roustan publie un livre intitulé Puzzle (Éditions Marabout).

Didier Roustan : "TF1 avait son produit, qui était l’équipe de France"

Didier Roustan a présenté l’émission "Téléfoot", sur TF1, de 1984 à 1989. Pourquoi était-ce une émission incontournable à l’époque mais plus aujourd’hui ? "'Téléfoot' était une émission majeure dans le paysage télévisuel de l’époque. En 1977 il y avait trois chaînes, je dirais même deux chaînes et demie. Je ne mets pas en cause les responsables de 'Téléfoot', qui sont de bons professionnels. Mais c’était une émission de plus, qui arrive après tout le monde, c’est une émission de propagande – le mot est trop fort, mais ils ont leur produit, l’équipe de France est un produit. Aujourd’hui on peut vivre sans regarder 'Téléfoot', mais à l’époque c’était le passage obligé", a répondu Didier Roustan.

 

 

Pourquoi Didier Roustan a-t-il attendu autant avant d’écrire un livre ? "Plein d’éditeurs m’ont contacté ces dernières années en disant : 'vous avez touché X générations, vous avez traversé plein d’époques… Ce serait bien d’écrire tout ça'. Et à chaque fois je disais non, je trouvais ça prétentieux de parler de soi. Et à un moment, une autre personne est venue, c’était peut-être le bon moment, j’ai descendu mon pont-levis, je me suis dit laisse-moi infuser. Un jour on se revoit, et j’ai posé les conditions, qu’il a acceptées. La condition était : 'OK, mais je ne suivrai pas une chronologie, on va passer du coq à l’âne, les chapitres n’auront pas de rapport entre eux. Ce sera un mélange de rencontres, de voyages, de couleurs, de réflexions, d’expériences, d’illusions, de désillusions… Enfin, tout ce qu’on veut.' C’est une caverne d’Ali Baba. Chaque chapitre est un tableau, un documentaire en soi. C’est comme si on entrait dans une galerie : chaque chapitre est un tableau", a répondu l’ancien présentateur de Téléfoot.

"Mbappé ? Ça ne transpire pas l'humain, quoi"

Didier Roustan se voit-il réaliser un documentaire sur Kylian Mbappé ? "Mbappé ne m’inspire pas. Il m’inspirera peut-être quand il sera un petit peu sur la descente, plus humain, moins métallique. C’est un homme de son temps. Je trouve sympathique qu’il soit très intelligent, qu’il s’exprime très bien. Mais je trouve qu’il ne dégage pas beaucoup de poésie. Ça ne transpire pas l'humain, quoi ! Il a un côté robotisé dont je parle aussi dans l'évolution du foot, où le physique a pris de plus en plus d'importance. Et moi, j'aime les gens qui ont un petit peu des fêlures, quoi. Avant, chez les joueurs, il y avait une fraîcheur, une tendresse", a répondu le célèbre journaliste sportif.

Qu’est-ce qui a tué le foot, selon Didier Roustan ? "C'est le fric. Mais c'est aussi la société, parce que le football est en parallèle de la société, même si c'est cliché de le dire. Il y a une formule selon laquelle le foot est le reflet de la société. Et si vous avez une société qui est axée sur l'individualisme, sur l'argent, sur le paraître, eh bien le football, en parallèle, il sera de la même façon."

"Le téléspectateur a besoin d'histoires qui sentent un peu le souffre"

Que pense Didier Roustan de l’arrivée du Qatar et de l’Arabie saoudite sur la scène mondiale du football ? "Ils ont trouvé effectivement cette manière de parler d'eux, ce fameux soft power qui fait qu’ils ont toujours besoin d'avoir une bonne image parce qu'elle est un peu compliquée pour les raisons que l'on sait. Quelque part, leur puissance financière a fait un petit peu de mal parce que malgré tout, c'est l'argent qui fait la différence dans le football."

 

Pourquoi les médias parlent-ils uniquement du PSG et de Marseille et pas des autres clubs ? "Il y a une complicité des médias, mais elle est liée aussi à l'audience. L'audience avait peu d'importance à l'époque où j'étais à TF1. Le fond du problème, c'est que le PSG intéresse beaucoup plus de monde au niveau des téléspectateurs, auditeurs etc. que Clermont-Ferrand ou même Nantes ou Monaco, qui sont pourtant des grands noms de football. Et le téléspectateur, l’auditeur, aujourd’hui il a besoin d'histoires qui sentent un peu le souffre. Les belles histoires intéressent moins les gens. C'est triste, mais c'est comme ça. Ça fait moins vendre, les audiences sont moins bonnes. Mais bon, on a notre part de responsabilité bien évidemment", a estimé Didier Roustan.


Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.

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