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Jean-Philippe Tanguy : "Je souhaite que la commission mixte paritaire sur le budget n'aboutisse pas"

Par Aurélie Giraud

INTERVIEW SUD RADIO - Les manifestations des agriculteurs, la CMP pour le Budget : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

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Jean-Philippe Tanguy interviewé par Maxime Lledo sur Sud Radio, le 19 décembre 2025, dans “L’invité politique”.


Si la Commission Mixte Paritaire aboutit, ce sera "un lourd échec pour les Français, qu’ils paieront soit par des nouveaux impôts, soit par de la dette, qui ne sont que des impôts décalés." Au micro de Sud Radio, Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, a répondu aux questions de Maxime Lledo.   

"Ça veut dire quoi, ne pas tolérer aucun blocage ? Ça veut dire qu’on n’a plus le droit de manifester, on n’a plus le droit d’exprimer sa colère ?"

Maxime Lledo : On l’a vu encore hier à Bruxelles, et des blocages qui se poursuivent notamment sur des voies importantes, qui plus est avant les vacances de Noël. Et une porte-parole du gouvernement, Maude Brégeon, qui assure que le gouvernement ne tolérera plus de nouveaux blocages. C’est la bonne stratégie, ça, non ?

Jean-Philippe Tanguy : "Ah non, je ne crois pas, non. Mais de toute façon, je pense que Maude Brégeon ne connaît pas du tout le monde agricole pour avoir une telle déclaration, parce que c’est complètement irresponsable. Je suis assez surpris, d’ailleurs, j’apprends cette déclaration, je la découvre avec vous, elle me surprend. Ça veut dire quoi, ne pas tolérer aucun blocage ? Ça veut dire qu’on n’a plus le droit de manifester, on n’a plus le droit d’exprimer sa colère ?"

"C’est quoi cette déclaration (de la porte-parole du gouvernement) ? C’est remettre de l’huile sur le feu"

Maxime Lledo : Ça veut dire que les forces de l’ordre agiront, mais avec discernement.

Jean-Philippe Tanguy : "Ça a bien marché en Ariège, parce que la crise est née, au-delà des graves problèmes, on en reparlera, de l’agriculture, du mépris du gouvernement, qui, au lieu de dialoguer, au lieu de concerter, au lieu de comprendre la détresse de nos éleveurs, leur problématique dans laquelle la responsabilité du gouvernement est totale, a envoyé les gendarmes. Et d’ailleurs, je pense de source sûre que nos gendarmes auraient préféré se trouver ailleurs pour assurer notre sécurité."

"Les Français aiment ceux qui les protègent, les gendarmes aiment les éleveurs qui les nourrissent, et les voir s’affronter, a attristé beaucoup les Français. Donc c’est quoi cette déclaration ? C’est remettre de l’huile sur le feu. Franchement, ça n’a aucun sens."

Maxime Lledo : Et l’argument de dire que c’est pour permettre aux Français de rejoindre leur famille à Noël ?

Jean-Philippe Tanguy : "Mais les Français, ils pourront rejoindre leur famille. C’est juste qu’il y a un mouvement. Et d’ailleurs, les retours qu’on a, c’est que les Françaises et les Français, qui parfois peuvent effectivement être dérangés, ralentis par ces blocages, soutiennent massivement, très majoritairement, les éleveurs et les agriculteurs."

"Pourquoi ? Parce que, comme tous celles et ceux qui travaillent, ils n’arrivent pas à vivre de leur travail. Donc ils sont solidaires, parce qu’en fait, derrière cette crise de l’agriculture, qu’est-ce que c’est ? C’est que tous les Françaises et les Français qui veulent vivre de leur travail ne peuvent plus vivre de leur travail, voire on détruit leur outil de travail."

"Moi, j’ai deux usines qui ferment, dans ma circonscription, dans la Somme. Les ouvriers sont dans le même état psychologique de détresse et de colère que les agriculteurs. Une usine qui ferme à cause de normes européennes stupides qui affaiblissent la chimie, et une usine qui ferme parce que l’Union européenne a détruit la filière automobile française. Ce sont deux fermetures qui auraient pu être évitées avec une autre politique économique."

"Mais quelle est la vraie position d’Emmanuel Macron sur le Mercosur ? Je vous mets au défi de la savoir"

Maxime Lledo : Il y a quelques heures à peine cette décision historique, d’une certaine manière, qui est la volonté de reporter le vote concernant le Mercosur à janvier. On dit quoi ? Victoire de la France ?

Jean-Philippe Tanguy : "Ah mais tant mieux. Moi, je ne suis jamais pour la politique du pire. Donc quand quelque chose va dans le bon sens, en tout cas dans le moins mauvais sens possible, je prends. Mais j’espère que ce report annoncera une rupture, la fin de cet accord qui n’a aucun sens."

Maxime Lledo : Quand vous dites rupture, c’est quoi ?

Jean-Philippe Tanguy : "Il n’y a aucune raison qu’il y ait un tel accord. Il est complètement obsolète par rapport aux nécessités du monde contemporain. C’est un accord des années 90. D’ailleurs, la négociation a commencé à ce moment-là."

"C’est un accord qui n’a plus de sens par rapport à ce qu’est la mondialisation. Les gens ont découvert que cette mondialisation présentée comme heureuse était en fait porteuse de malheurs, d’injustices, de dangers écologiques, de dangers sanitaires. C’est quoi le bilan de la mondialisation telle que l’a voulu l’Union européenne et les gouvernements qui nous font des leçons de compétence depuis vingt ans ? C’est que la France a perdu son excédent agroalimentaire. La France était une puissance agricole. Elle ne l’est plus."

"Il n’y a aucun secteur qui peut s’en sortir, parce que ce n’est qu’un rapport de force, qu’un rapport de puissance. Et comme la France est un pays honnête, avec des gens qui font leur travail dans des normes très difficiles, bien face à des gens qui utilisent la force et toutes les méthodes possibles, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ?"

Maxime Lledo : L’annulation, en tout cas, de cet accord, risque d’être peu probable. Jean-Philippe Tanguy, est-ce que ça veut dire que dans la position actuelle de la France, on doit tout simplement voter contre ? C’est ce que peut faire le président de la République ?

Jean-Philippe Tanguy : "Ah oui, mais j’espère qu’il va le faire. Mais M. Macron a changé dix fois de position selon ses interlocuteurs. Il est au Brésil, il est pour le Mercosur. Il est avec Mme von der Leyen en privé, il est pour le Mercosur. Et puis quand il voit les agriculteurs, il est contre. Bon, et puis là, vu la colère agricole, il est contre, parce qu’il n’est pas complètement irresponsable. Il est très irresponsable, mais il n’est pas encore complètement."

"Mais quelle est la vraie position d’Emmanuel Macron sur le Mercosur ? Je vous mets au défi de la savoir. Moi, je pense que personne ne la sait. Peut-être que lui-même ne sait pas vraiment ce qu’il pense sur le Mercosur, comme sur tant de sujets."

"Je dis aux agriculteurs de ne pas se faire avoir par ce traité (le Mercosur)"

Maxime Lledo : Mais qu’est-ce que vous répondez à tous ceux qui sont favorables aussi à cet accord, à tous ceux qui veulent exporter à l’étranger, je pense aux céréales, je pense aux laits, je pense aux vins, qui y sont favorables ?

Jean-Philippe Tanguy : "Je leur dis de ne pas se faire avoir par ce traité, parce que ça ne les aide pas. Regardez les difficultés qu’ont connues les vins et spiritueux quand M. Trump ou la Chine s’est retournée. Si vous mettez votre survie dans les mains de personnes qui peuvent être aujourd’hui des alliés, des amis, et demain devenir des concurrents, des adversaires, voire après-demain des ennemis. Combien de personnes ont mis leur espoir dans la Russie, dans le marché russe ? Et ce marché russe, du jour au lendemain, il a disparu. Je ne suis pas contre, évidemment, je ne suis pas dans la caricature, je ne suis pas contre les exportations. Mais on n’a pas besoin de la mondialisation sauvage, désorganisée, pour exporter."

Maxime Lledo : Avec le CETA, par exemple, le volume global du commerce avec ses partenaires privilégiés, 2 300 milliards d’euros, et l’Union européenne a donc dégagé plus de 270 milliards de bénéfices. Est-ce que ce n’est pas contre le courant naturel de ne pas accepter un tel deal, quand on voit qu’on est pris en étau entre la Chine, la Russie et d’autres puissances qui nous en veulent ?

Jean-Philippe Tanguy : "Non, mais vous savez, en fait, ce qui est intéressant, par exemple, le CETA, donc le traité avec le Canada, c’est qu’en fait, la courbe des échanges, elle suit la progression qu’elle connaissait avant le CETA. Donc, en fait, cet accord n’est pas lié à la hausse des exportations. La hausse des exportations, c’est parce qu’on a fait des produits de qualité qui trouvent preneur."

Maxime Lledo : Dans une heure vous serez en commission mixte paritaire. Vous aurez le grand privilège d’être parmi les sept députés, les sept sénateurs qui auront donc l’immense pression pour essayer de trouver un budget. Beaucoup pensent que cette commission mixte paritaire n’aboutira à rien ou ne pourra pas avoir lieu. Combien de temps peut-elle durer ?

Jean-Philippe Tanguy : "Écoutez, j’espère qu’elle va durer trente minutes, parce que si ça dure plus longtemps, ça veut dire que les LR et les socialistes et les macronistes, ils augmenteront soit les impôts, si les socialistes gagnent, soit l’endettement si ce sont les LR, ce qui s’est passé au Sénat, avec une aggravation du déficit de 20 milliards d’euros, soit, si c’est les macronistes, les deux, il y aura des impôts et du déficit. C’est exactement ce qui s’est passé, et je le déplore, avec le budget de la Sécurité sociale. Quand on sait que ces gens, pour garder leur siège, se sont mis d’accord sur un déficit de 24 milliards d’euros, le plus gros déficit de la Ve République pour la Sécurité sociale, hors crise économique."

Maxime Lledo : Vous souhaitez que cette commission mixte paritaire n’aboutisse à rien, sinon ce sera un échec pour les Français ?

Jean-Philippe Tanguy : "Absolument. Un lourd échec pour les Français, qu’ils paieront soit par des nouveaux impôts, soit par de la dette, qui ne sont que des impôts décalés."

"Ces gens qui veulent se maintenir au pouvoir à tout prix, en fait, c’est la leçon de la dissolution, c’est que ces gens veulent juste garder leur siège. Ils n’ont rien à proposer. Qu’est-ce qu’ils ont dit aux Français au moment de faire barrage au RN ? On a compris la leçon, on a entendu le message, on va changer, on va appliquer une politique, et ça continue. L’année dernière, la loi de fin de gestion a acté 25 milliards d’impôts en plus pour 2025 et 12 milliards de dépenses en plus. Tout est hors de contrôle."

"La motion de censure, aujourd’hui, ne servirait pas à grand-chose"

Maxime Lledo : Alors si précisément ils se battent visiblement dans cette CMP dans cette logique que vous décrivez uniquement pour conserver leur siège, est-ce que ça veut dire que si cette CMP échoue, dès la semaine prochaine, vous déposez une motion de censure ?

Jean-Philippe Tanguy : "La motion de censure, aujourd’hui, elle ne servirait, je le regrette d’ailleurs, pas à grand-chose, puisque les socialistes et Les Républicains ont décidé d’être la béquille du macronisme pour garder leur siège."

"Mais on n’a pas de difficulté, si vous voulez, à censurer dès qu’on aura l’occasion sur ce gouvernement. C’est un scénario envisageable, bien sûr. Et puis la censure, si on écoute Emmanuel Macron, on ne peut pas lui faire confiance, voudrait dire une dissolution. Et donc, c’est les Français qui décideraient s’il y avait une dissolution. Nous, c’est notre objectif. Parce qu’on considère que, vu la crise budgétaire, la crise économique, la désindustrialisation, la crise de l’agriculture, il n’y a qu’une solution : le retour au peuple."

Maxime Lledo : Est-ce qu’il n’y a pas une deuxième solution, Jean-Philippe Tanguy, qui est le 49.3 ?

Jean-Philippe Tanguy : "Il y en a qui le disent, des socialistes, publiquement. François Hollande, Patrick Kanner… Alors, vu le parcours des deux, ce n’est pas bon signe, si vous voulez, parce qu’en termes d’impôts, de déficit et de spoliation des Français, François Hollande, c’est quand même le grand patron, si je puis dire."

"Ce sont des gens qui ont ruiné l’État, qui se servent directement, indirectement, sur la bête depuis des années. Voilà, ils veulent le 49.3 pour pouvoir passer des petites fêtes en famille tranquilles pendant que les Français souffrent."

Maxime Lledo : Ça permet d’avoir un budget.

Jean-Philippe Tanguy : "Mais le 49.3, c’est la lâcheté. Le général de Gaulle a créé le 49.3 pour assumer ses responsabilités, parce qu’il y avait à l’époque des gens responsables. Aujourd’hui, c’est la lâcheté organisée."

"Parce qu’ils ne veulent pas aller devant les élections. Parce que la leçon de tout ça, ce sont des gens qui ont échoué sur tout, et ils savent qu’ils ont échoué sur tout. Donc ils n’ont pas envie de retourner devant les Français, parce que, vu la facture, vu la note qu’ils présentent aux électeurs, ils savent très bien que cette fois, ils vont dégager."

Maxime Lledo : Une dernière question quand même, Jean-Philippe Tanguy. Comment ça peut finir tout ça ? Avec une loi spéciale ? C’est la seule solution selon vous ?

Jean-Philippe Tanguy : "Oui, ce n’est pas très grave. Une loi spéciale, ça permettra de gagner du temps. Pour le gouvernement macroniste, quand on dit : oui, l’année dernière, la censure nous a fait perdre 12 milliards d’euros, en fait, c’est quoi ? C’est parce qu’ils n’ont pas pu augmenter les impôts comme ils voulaient, ils n’ont pas pu geler les retraites, ils n’ont pas pu geler les allocations familiales, et donc ils considèrent que tout cet argent qu’ils n’ont pas pu voler aux Français, c’est une perte. Vous vous rendez compte de la logique ?"

"Les Français, quand ils entendent économies, c’est baisser le train de vie de l’État, s’attaquer à la fraude, arrêter de payer tout et n'importe quoi"

"D’ailleurs, ils appellent ça des économies. Quand vous entendez à la télé : on va faire X milliards d’économies, en fait, pour eux, les économies, c’est geler les retraites, augmenter les franchises médicales, enlever les allocations pour les impôts, baisser l’allocation adulte handicapé. Pour eux, c’est ça, les économies. Mais ce n’est pas ce que les Français attendent comme économies. Les Français, quand ils entendent économies, c’est baisser le train de vie de l’État, s’attaquer à la fraude, arrêter de payer tout et n’importe quoi pour la submersion migratoire, arrêter de donner 7 milliards d’euros en plus pour Mme von der Leyen. Ça, c’est des vraies économies. Mais pour ça, il faut avoir du courage."

"On en revient un peu au message que je voulais faire passer. Ces gens n’ont aucun courage. Les gens qui dirigent la France depuis des années sont des lâches, incompétents, qui font payer aux Françaises et aux Français l’ensemble de leurs erreurs. Et malheureusement, on a un défaut dans notre pays, c’est qu’on ne sait pas se débarrasser des incompétents. Dans les autres pays, les pays anglo-saxons ou les pays du Nord, tout ce petit monde aurait déjà dégagé depuis longtemps."

Maxime Lledo : Ces derniers jours, que Jordan Bardella, notamment, accompagne Marine Le Pen, rencontre des représentants de grands fonds d’investissement, de banques internationales, avec cette citation d’un cadre du Rassemblement national qui dit que les banques sont les dernières forteresses à prendre. Une déclaration très courageuse sur le plan économique quand on connaît votre ligne.

Jean-Philippe Tanguy : "Il faut effectivement qu’elles cèdent. Qu’est-ce qu’ils vous disent, les artisans, les petites entreprises qui vous appellent ? Alors elles ont beaucoup de problèmes avec l’État, mais elles ont souvent aussi des problèmes avec leurs banques. Aujourd’hui, les banques ne font plus le travail."

"J’ai une entreprise dans ma circonscription, je ne vais pas la citer pour ne pas la mettre en difficulté, mais son seul problème, elle a des clients, elle a des machines, ça fonctionne, son seul problème, c’est que les banques ne croient pas trop aux produits qu’elle fabrique."

"Les attaques contre Jordan Bardella sont d'une grande bassesse. Ce sont des attaques personnelles"

Maxime Lledo : Remettre les banques au travail, quand on vous imagine demain arriver au pouvoir, ça veut dire quoi ?

Jean-Philippe Tanguy : "Par exemple, on avait proposé une loi pour limiter les frais bancaires, pour que les banques arrêtent de faire de l’argent sur les difficultés des uns et des autres, alors que ça ne leur coûte rien, enfin, ça ne coûte rien aux banques, et ça coûte très cher aux Françaises et aux Français. Eh bien les banques devront faire de l’argent sur leur vrai métier. Parce que c’est rentable de financer l’économie française. Mais c’est plus difficile."

"Vous savez, foutre des pénalités sur un chèque ou sur un découvert, c’est facile. Ça ne demande pas beaucoup de travail. Par contre, aller voir les chefs d’entreprise, faire de la prospective, prendre des risques, ça, c’est difficile. Et ça, ça mérite salaire."

Maxime Lledo : Jordan Bardella est victime d’un dénigrement, d’une violence inouïe, a dit Marine Le Pen hier soir chez nos confrères d’Europe. Vous partagez ce constat ?

Jean-Philippe Tanguy : "Absolument. Des attaques d’une grande bassesse. Ils n’attaquent pas nos arguments. Ils n’attaquent pas le programme de Jordan. Ce ne sont que des attaques personnelles."

Maxime Lledo : Mais peut-être n’est-il pas assez offensif ?.

Jean-Philippe Tanguy : "Mais son rôle, c’est de rassembler. Comme Marine Le Pen, d’ailleurs. De rassembler les Françaises et les Français. Je pense qu’il a raison de rester au-dessus de la mêlée, de parler des vrais problèmes des gens, des vraies attentes, de donner une vision, et de ne pas s’abaisser à cogner sur des nains de jardin."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio

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