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Kamel Bencheikh : "Le pouvoir algérien a une rente mémorielle sur laquelle il s'appuie"

INTERVIEW SUD RADIO - Quel avenir maintenant pour les relations franco-algériennes ? Périco Légasse en parle sur Sud Radio le 13 novembre 2025 avec l'écrivain Kamel Bencheikh, membre du comité de soutien à Boualem Sansal.

Kamel Bencheikh
Kamel Bencheikh, invité de Périco Légasse dans "Sud Radio La France dans tous ses états”.

Boualem Sansal a donc été gracié par l’Algérie le 12 novembre 2025 et transféré en Allemagne pour y recevoir des soins. L’écrivain franco-algérien de 76 ans, atteint d’un cancer de la prostate, a été libéré près d’un an après son arrestation. Emmanuel Macron s’est entretenu avec lui par téléphone, tandis que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a salué une libération obtenue "dans le respect et le calme" et a exprimé son soulagement de le savoir libre.

Kamel Bencheikh : "Je pensais que les islamistes ne laisseraient pas sortir Boualem Sansal"

Périco Légasse : Durant ces années, avez-vous espéré la librération de Boualem Sansal pour telle ou telle date du calendrier algérien ?

Kamel Bencheikh : Je l'ai espéré beaucoup de fois. Par exemple, le 5 juillet, pour la fête de l'indépendance algérienne, je pensais qu'il serait gracié et qu'il sortirait par la grande porte. Et puis pour l'Aïd aussi, j'y ai cru. Et le 1er novembre, c'est le déclenchement de la guerre de libération algérienne, à ce moment-là, je me suis dit : "Ça ne se ferra pas, il va pourrir en prison".

Périco Légasse : Quels étaient les scénarios possibles ? Au moins un an, peut-être deux ?

Kamel Bencheikh : Vu comment le président Tebboune a parlé de lui, souvenez-vous : "Bâtard, fils d'un Marocain, on ne connaît pas son nom, etc.", je pensais que les islamistes ne le laisseraient pas sortir. De toute manière, ils le cherchaient depuis si longtemps. Je l'ai vu quelques semaines avant qu'il parte. Et depuis deux-trois ans, je n'arrêtais pas de lui dire : "Boualem, n'y vas pas, il faut absolument que tu restes en France". Et il me disait : "Écoute, j'y vais, je leur sers d'alibi. C'est une dictature, mais ils disent : 'Regardez, il y a un mec qui ne nous aime pas, qui dit le plus grand mal de nous. Mais comme nous sommes des démocrates, on le laisse parler'". […] En plus, il a parlé dans la revue Frontières des frontières algéro-marocaines. Et puis voilà, il n'attendait que ça".

https://www.youtube.com/watch?v=zTtYJMQo4ak&t=743s

"Les peuples algérien et français ne se détestent pas, contrairement à ce que veut faire croire le régime algérien"

Périco Légasse : À votre avis, quelle est la façon la plus pertinente aujourd'hui de traiter les relations entre la République française et l'Algérie ? Et qui a intérêt à maintenir cette tension entre la France et l'Algérie ?

Kamel Bencheikh : Pour l'instant, le pouvoir algérien - il ne faut pas que je dise Algérie, mais le pouvoir algérien - a une rente mémorielle sur laquelle il s'appuie. C'est une légitimité pour le pouvoir algérien. Le fait que Bruno Retailleau soit parti et que Nuñez soit venu… N'oublions pas qu'il est né en Algérie, il connaît très bien l'Algérie, il est né à Oran. Donc, je vois une sorte d'apaisement. […] Les deux pays ont des droits et des devoirs. Il faudrait que, vraiment, ils se regardent comme des pays étrangers souverains, et qu'on ne parle plus de la colonisation. Ça suffit, 63 ans, il faut qu'on passe à autre chose. Regardez ce qui s'est passé entre l'Allemagne et la France avec une Seconde Guerre mondiale terrible. Il faudrait aujourd'hui que le pouvoir algérien puisse passer à autre chose.

Périco Légasse : Comment voyez-vous l'avenir ? Pourra-t-on un jour retrouver la fraternité ?

Kamel Bencheikh : Il faut déjà que les frontières s'ouvrent entre les pays maghrébins : le Maroc et l'Algérie. Les peuples algérien et français ne se détestent pas, contrairement à ce que veut faire croire le régime algérien. Il faudrait que tout ça s'apaise. Moi, je ne peux pas aller en Algérie, mais j'aimerais bien y retourner.

Cliquez ici pour écouter l’invité de Périco Légasse dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” de Périco Légasse chaque jour à 13h dans "La France dans tous ses états" sur Sud Radio.

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