Seizième journée d’audience aujourd’hui du procès Jubillar avec la suite des plaidoiries des avocats des parties civiles avant les réquisitions attendues dans l’après-midi. Les plaidoiries des parties civiles ont commencé dès hier. Ils sont 9 avocats à se succéder à la barre. Tous reviennent sur la culpabilité du mari de Delphine et ont demandé aux jurés de le condamner même en l’absence de corps.
Louis : « Je suis sûr que c'est lui (papa) qui l'a fait »
Maître Schmani, avocate des enfants est la première à plaider. Elle parle d’Elyah, la cadette du couple Jubillar, et lit son témoignage avec ses mots d'enfant :
« J'ai peur de l’oublier. Une maman, c'est important ». Et de citer ensuite Louis, l'aîné : « Je pense à maman. J'aimerais me réveiller et savoir où elle est. Papa, je veux plus le voir maintenant à cause d’avoir fait ça. Il ment. J'ai peur de lui, j'ai peur qu’il revienne me chercher. Où est-ce qu’elle est maman ? Il ment. Je suis sûr que c'est lui qui l’a fait. » Une question le taraude : « Si papa dit la vérité, est-ce que ça s’arrête là ? »
Il explique qu’il a peur que son père sorte et vienne le chercher vu les maltraitance subies par le passé. Il se souvient que sa mère lui a dit qu’ils allaient divorcer. Il voulait rester avec sa mère et elle lui a dit que ce serait compliqué.
Louis entend dans le bus tous les matins les infos à la radio...
On sait que Louis a accès aux médias et entend parler du procès. Tous les matins, il prend le bus et le chauffeur met la radio qui parle de l’affaire. Il est allé le voir pour lui demander de changer de station en disant qu’il était le fils de Jubillar. Le chauffeur a refusé. Le petit garçon âgé de 11 ans est donc très informé du procès. Il est au courant de tout même s'il n'a pas de téléphone.
Il a voulu voir ses avocats pendant le procès. Ils ont mangé ensemble. Louis voulait venir au procès. La psychologue était d'accord, mais ses avocats ne l'ont pas souhaité (même si l'une d'eux pensait que cela lui ferait du bien) par sécurité et de peur que des photos volées de lui soient prises. C’était la première fois qu’il faisait cette demande. Le compromis a donc été cette lettre lue hier en fin d'après-midi et de nouveau ce matin par l'avocate.
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30 ans de réclusion criminelle requis contre Cédric #Jubillar pour le meurtre de Delphine
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« Mr Jubillar, vos enfants n'auront pas la vérité de la bouche de leur père ! »
Et l'avocate de s'emporter :
« La médiatisation, les unes, l'amant ! Est-ce que l' on peut pas dire l'amoureux de maman ? La violence des mots, « l'autre », « la salope » ! Un minimum de décence, Mr Jubillar ! Le procès s'achève et les enfants n'ont pas de réponses. Mr Jubillar, vous n 'avez pas été à la hauteur des attentes de vos enfants ! Ils méritaient mieux que ça. Pas à la hauteur de leur innocence, de leur naïveté !
« Ils vous ont tendu la main à plusieurs reprises. Ils vont faire avec. Ils vont vivre sans leur mère. Ils ne restent que des photos, des souvenirs pour Louis qui s'estompent au fil du temps. Vous n'avez pas de baguette magique ! Ils n'ont pas eu la vérité de la bouche de leur père ! Ils auront une vérité judiciaire. Justice et vérité pour Louis et Elyah ! »
Me Boguet : « Nous sommes dans un dossier de féminicide. Techniquement parlant, c'est une réalité »
Au tour de Me Boguet, autre avocat des enfants, qui s'adresse aux jurés : « Vous êtes les juges d’une vie. Après moi, fin des plaidoiries. Je vais essayer de vous apporter des explications pour apporter de la cohérence au milieu des incohérences de Mr Jubillar. Il fallait qu’elle se taise à jamais, la voix des enfants. Ces voix ne crient pas vengeance, elles réclament justice.
« Pas d'aveux, pas de corps. La justice française ne pourrait pas condamner ? C'est faux. Les faits sont têtus quand ils sont alignés, constituent une cohérence au niveau de de ce meurtre commis à Cagnac-les-Mines. Nous sommes dans un dossier de féminicide. Techniquement parlant, c'est une réalité.
« C'est le procès de la liberté arrêtée, du rêve brisé pour Delphine »
« C'est le procès de la liberté arrêtée, du rêve brisé pour Delphine. Elle était un ange mais surtout une femme qui avait l’aspiration de vivre heureuse. Elle ne l’était plus au contact de Cédric Jubillar.
"Je veux que votre cour retienne cette idée simple que c’est lui qui donne le la au récit : il appelle la gendarmerie et donne une explication : « nous sommes en instance de divorce, je dormais, nous avions eu notre câlin et tout allait bien. Je ne me disputais pas. » Son récit : tout va bien.
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"Il faut que les enfants comprennent que maman ne reviendra pas. Il n'y a pas de miracle" : Me Schmani (avocate des enfants de Cédric et Delphine Jubillar), à l'issue des dernières plaidoiries du procès
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« Le divorce le rendait fou »
« Désormais, il faut analyser les éléments factuels de la nuit. Vous devez juger les faits et la personnalité de l'auteur. Si j’avais indiqué à ses enfants qui ont perdu leur mère, et qu’après 32 000 pages de procédures que nous avions acquis une conviction que votre père n’y est pour rien, croyez-vous que nous n’aurions rien dit ? Le divorce le rendait fou alors que son récit était que « tout allait bien ». L’enquête va révéler des incohérences : on s’aperçoit que ça ne va pas du tout. On voit qu’il y a une véritable tension qui s’est créée à la veille du 15 décembre. On est bord de l'éruption volcanique ! On est à la veille d’un drame annoncé.
« Delphine n'ose plus parler, sourire. Elle a honte. Les châtiments en public : le bourreau ne fait plus même plus l’effort de se cacher. Ça veut dire quoi ? Qu'il nous emmerde ! « Je fais ce que je veux avec ma femme, mes chiens, mes enfants. On l’a entendu à la barre.
L'avocat à la voix forte, hausse le ton ! Cédric Jubillar dans son box ne bronche pas. Pas de signes d'agitation.
« Il était jaloux de la réussite (de Delphine). Elle, la fille qui comptait les raviolis pour que personne ne manque de rien, elle qui est devenue infirmière. Parfaitement dévouée, bien notée. Mais lui se dit : « j’ai fait ce que je pouvais, des petits boulots, me payer mes addictions : c’est la faute des autres si je ne réussis en tant qu’artisan ». C’est une relation déséquilibrée. Elle en a eu juste ras le bol ! C est pas Emma Bovary, elle part pas pour le beau Rodolphe. Elle part parce qu’elle en peut plus.
« L'étranglement va au-delà du geste »
« Les échanges qui sont les seuls témoins que s’adressent le couple - pas si nombreux - montrent que les choses s’étiolent. Ca ne va pas beaucoup mieux. Lui, il faut qu’il montre qu’il a réussi son mariage, sa maison, ses enfants, ses chiens et tout cela est en train de s’effondrer. L'étranglement va au-delà du geste : ça signifie que l’on va couper le souffle de l'autre et arrêter la profusion des mots qui tuent. »
« Imaginez ce qu’il dit à sa mère : j’en ai marre, je vais la tuer, l’enterrer et personne ne la retrouvera jamais... La charge symbolique de cette phrase ! » L'avocat marque un silence. « Quand on annonce qu’on va tuer et que 5 ans plus tard, c'est la réalité, par définition, c'est accablant. »
Avec sa carrure de 3e ligne de rugby et sa voix qui porte ? Me Boguet commence à dessiner un scénario de la nuit du drame :
« Louis discute avec l’amoureux de maman. On est 2 semaines avant le drame (…) Vérification des comptes, de ce que fait Delphine, où elle est. C'est ça qui fait le possible. Ce n’est pas de la préméditation. On cohabite avec ce mauvais génie qui dit que si ça continue, ça va mal se terminer. Des sentiments et des pulsions qui se mêlent.
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"On ne va pas se voiler la face : il va y avoir un appel" : Me Schmani (avocate des enfants de Delphine et Cédric Jubillar) à l'issue des dernières plaidoiries du procès
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Me Boguet : « ''Oui, je vais partir ! Je vais refaire ma vie'' et l’autre, il pète les plombs ! »
« Et puis arrive le 15 décembre : une découverte de ce voile de ce rideau qui se déchire. Delphine entre en relation avec Cathy Maillot (la femme de son amant). Elles sont classes ces deux femmes. Elles discutent et ces deux femmes s’entendent pour calmer (la situation) et se voir plus tard. La journée avance. La soirée et puis le dernier message de Delphine à son amant. Il la surprend. Il voit ce message. Il pète les plombs. Et pourquoi n’aurait-elle pas dit ce soir là : ''oui, je vais partir ! Je vais refaire ma vie'' et l’autre, il pète les plombs !''
« Puisque c'est comme ça, on va se séparer !
- Tais toi ! Et on l'étrangle pour faire taire (l'avocat joue la scène, avec gestes et paroles )
Et d'évoquer la voiture, garée dans le mauvais sens la nuit de la disparition de Delphine :
« Cette voiture muette a été utilisée. Qui a les clefs ? Delphine et Cédric, qui les trouve tellement facilement. Je veux bien qu’on conteste tout (…) Un chat qui retombe toujours sur ses pattes et quand il est piégé, il vous griffe les yeux.
« Et le téléphone : qui d’autre que Cédric a accès à ce téléphone ?
« Louis et Elyah : le silence imposé.
« Les corps disparaissent pour ne jamais revenir. On ne se recueillera pas sur votre tombe. On vous efface.
« Il a effacé Delphine. Il l’a étranglée pour la faire taire. Symboliquement, c'est hyper important que vous compreniez que certaines trahisons se payent. Personne ne se souviendra de ce que vous avez été. Rendez-leur Delphine. » Fin des plaidoiries.
Cédric #Jubillar sera-t-il condamné vendredi ? "La première semaine du procès a été favorable à l'accusé, mais les deux suivantes ont été marquées par de nombreux témoignages à charge" indique notre envoyée spéciale @ChrisBouillot #GrandMatin https://t.co/bda7jMn4YI pic.twitter.com/Euyy7kjGS3
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Place aux réquisitoires
Début du premier réquisitoire en ce mardi après-midi. Nicolas Ruff, avocat général, est le premier à prendre le micro, debout face à la cour.
Nicolas Ruff, avocat général : « Il est coupable du meurtre de Delphine »
« Notre place d’avocat général, c'est là-haut, sur le banc du ministère public. Si je descends, c’est parce que je dois parler à vous, uniquement à vous. C’est à vous que je veux expliquer pourquoi les questions, les raisonnements m’ont conduit à Cédric Jubillar. Il est coupable du meurtre de Delphine Aussaguel.
« Cette histoire de ressenti est importante. Cette histoire, vous en avez entendu parlé dans vos familles, dans vos vies, à ne plus savoir quoi en penser. Et c'est justement à vous de savoir quoi en penser. Vous n’avez pas le droit de penser que ce n'est pas lui car il est trop bête ou à l'envers, c'est lui car c’est le mari. C'est lui parce que ça ne peut être que lui. Ce serait une justice des certitudes fainéantes.
« Jugez Cédric Jubillar comme vous aimeriez qu’on juge »
« Il y a moment où les enfants Marchez (famille d’accueil de Cédric Jubillar) sont venus : c'est la seule fois où Cédric Jubillar a souri. Et dans ce sourire, on voit le petit garçon qui a vécu à Belcaire. Ce sourire m’a fait du bien car ce n'est pas seulement le martyr décrire par toutes les personnes qui sont venues ici à la barre.
« Nous voulons que Cédric Jubillar soit bien jugé. Alors mettez-vous à sa place : jugez-le comme vous aimeriez qu’on juge. Moi, ça m'insupporte qu’on ait une forme de populisme judiciaire. Mais vous êtes là pour bien juger. Vous êtes là pour vous forger une intime conviction en vous basant sur un raisonnement.
« Lutter contre cette idée qu’il faut un coupable et que ça ne peut être lui .
«La justice, elle, ne fonctionne pas sur des preuves scientifiques incontestables. La justice, elle, fonctionne aussi sur des recoupements, des incohérences, des indices qui, une fois rassemblés, prennent tout leur sens. Un puzzle imparfait. C'est l’Etat du droit.
« On va dire qu’il n’y a pas de preuves, mais un faisceau d’indice est une preuve.
Ce dossier est tellement vide que la défense est obligée de faire venir 30 témoins.
Ce vide, ce corps, c est celui de Delphine. Il a été assez peu cherché par Cédric Jubillar.
« Cédric Jubillar n’est pas le premier à faire disparaître un corps »
« Ce 15 décembre, elle est euphorique. Elle achète du vin, elle a officialisé sa relation avec la femme de son amant. Elle avait acheté une voiture, elle avait vu sa banquière, elle devait la revoir, elle avait des projets cette femme ! Elle ne s'est pas suicidée, elle était plus heureuse que jamais. Elle n'est pas partie dans une secte. Ni à l’étranger, sans papier ni argent. Elle n'est pas partie non plus faire le djihad. Il n'y a que Cédric Jubillar qui le dit.
" Cédric Jubillar n’est pas le premier à faire disparaître un corps. Et cacher un corps ne doit pas vous échapper à la justice . Ça rend le travail judiciaire plus difficile avec le constat implacable des circonstances de la mort. L’absence de corps n’empêche pas la justice de travailler. On doit condamner quand il y a des éléments qui convergent même s'il n'y a pas de traces de crime évidentes.
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"Cédric Jubillar est en capacité de retourner chacun des arguments qui lui sont assenés" : la réaction de Me Boguet (deuxième avocat des enfants Jubillar) à l'issue des ultimes plaidoiries du procès
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« On peut tuer sans laisser de traces »
« On peut tuer sans laisser de traces. Certaine traces retrouvées sont compatibles avec un crime. Comme les traces de sangs sur le pyjama, le jogging,.. Ca peut être la salive de Delphine. Et puis, il y a cette trace sur le bras. Le médecin légiste parle de lésion. On n’a pas pu juger car il n’est pas venu... ou alors c’est un mauvais !
« Dire que ce dossier est vide, c’est ne pas voir que la disparition arrive un jour bien précis … le 15 décembre. L’ambiance de cette soirée, ce n'est pas une soirée cool. Pas comme une autre, comme il nous l’a dit. Elle avait prévu de partir.
« Quand il y a une séparation qui se passe bien, on ne fouille pas dans le téléphone de son conjoint. Cette séparation fait souffrir Cédric Jubillar. Ca, on le sait. Je pense que c’est à ce moment là qu’elle a décidé de partir. Il y a pu avoir 2/3 relations sexuelles entre eux et je pense qu’il dit la vérité. Delphine ne l’a peut être pas dit à son amant.
« Durant cette période, Cédric Jubillar ne sait plus sur quel pied danser. Elle veut se séparer. Puis un message montre qu’ils ont eu une relation sexuelle. C'est banal. Combien de femmes alors qu’elles n'en ont pas envie. Juste pour avoir la paix. La situation est tout sauf claire.
« A 23h07, c'est bien Delphine Aussaguel que l’on entend crier »
L'avocat général déroule ensuite le supposé film de cette soirée :
« Il possible que ce soir là, Delphine qui ait crié. Probable, c'est même certain. A 23h07, c'est bien Delphine Aussaguel que l’on entend crier. Les voisines ne préviennent pas les gendarmes car elles pensaient que c’était une bagarre de chien. Mais elles ne pouvaient pas savoir que c’était Delphine qui était en train d’être tuée.
« Le téléphone, on est certain qu’il n’est pas rallumé. Il ne le fait que 2 fois dans l’année. Cette soirée, il ne consulte pas de sites pornos car, nous dit-il, il est fatigué. Non, il avait la tête ailleurs, il est en train de faire autre chose... Il connaît le terrain, il fait preuve de sang froid. Regardez son comportement le matin de la disparition, il fume un joint . Lorsqu’on risque de tout perdre, on trouve des ressources insoupçonnées.
Nicolas Ruff, l'avocat général, tient en haleine le public, les avocats et les journalistes depuis plus d'une heure trente. Mais la chaleur pèse dans la salle d'audience de la cour d'assises du Tarn, qui affiche complet. Et visiblement, les jurés font comme ils peuvent pour rester concentrés. Quatre hommes, 2 femmes plus 3 jurés de remplacement éreintés après 4 semaines de procès riches en intenses émotions.
Ruff : « Il est coupable. Je vous demande de condamner Cédric Jubillar pour le meurtre de Delphine Jubillar. »
Avant de céder la parole à Pierre Aurignac, second avocat général qui clôturera les réquisitions, Nicolas Ruff s'adresse une ultime fois aux jurés :
« De votre coté, vous avez besoin de répondre à deux questions :
- A-t-elle été tuée ?
- Est ce que c'est lui qui l’a tuée ?
Et d'ajouter : « Je n’ai aucun doute sur le fait que Delphine est morte ce soir là, que Cédric Jubillar a détruit les lunettes de Delphine Jubillar. Il est coupable. Je vous demande de condamner Cédric Jubillar pour le meurtre de Delphine Jubillar. »
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"Louis est convaincu que son père a fait ça" : Me Schmani, avocate des enfants de Delphine et Cédric Jubillar, à l'issue des dernières plaidoiries du procès
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"Avec l’affaire Jubillar, tous les coups sont permis"
Il est 16h30 : début donc du réquisitoire du second Avocat général, Pierre Aurignac :
« Nous sommes le ministère public, non pas l’accusation, celle de l’intérêt général, de la société.
Je n’ai pas décidé s’il fallait mettre en accusation Cédric Jubillar. Ce sont des juges qui le font. Le Ministère Public ne décide rien (…) Un dossier parfait n’existe pas. Aveux, arme du crime, des témoins qui confirment une vidéo qui montre tout ce qu’il s'est passé : c’est du jamais-vu. On mettrait tout dans une machine et la peine tomberait. On pèse et on soupèse. On interprète car il manque toujours quelque chose dans une procédure. La loi ne vous demande qu’une seule chose : avez-vous une intime conviction ?
« Cette affaire a intéressé l’opinion et tout le monde dans ce pays a un avis sur l’affaire Jubillar. »
L'avocat général fait alors un parallèle avec l’affaire Villemin (la mort du petit Grégory jamais élucidée en 1984). Chaque français avait un avis sans avoir lu le dossier mais en entendant les avocats. Avec l’affaire Jubillar, tous les coups sont permis. D’où est venue cette médiatisation ? Je m’interroge. Des dossiers que j’ai connus sont passés complètement inaperçus. Là, tous les coups sont permis.
« Il est pris en flagrant délit de mensonge en permanence »
« La défense ne peut pas dire que tout a été fait pour abattre Cédric Jubillar, ce n'est pas vrai. C'est faux, pas dès les premières heures. Souvenez-vous : si on avait suspecté Cédric Jubillar dès le début, on aurait placé la maison sous scellés. Mais non. Pas parce que les primo intervenants sont jeunes mais parce qu’on le croit. Lui dit qu’ elle est partie chez son amant. On va vérifier. On va placer 120 personnes sur écoute.
« Il ment en permanence, c'est terrible. Il est pris en flagrant délit de mensonge en permanence. Cela ne suffit pas à en faire un coupable. Mais pourquoi ment-il de la sorte ? Il faut batailler avec lui pour lui faire cracher le morceau. Il va dire que Delphine est sortie promener les chiens. Dans ce dossier, 39 témoins ont douté de cette possibilité. Rien ne rend crédible qu’elle ait sorti les chiens. Pourquoi le faire alors qu’il les avait aussi sortis ce soir là ? Quarante-cinq minutes de promenade. Mais nous savons que l’ accusé s’adapte : ''ce soir là, je lui avais demandé de ressortir les chiens !'', ce qu’il n’ a jamais dit aux gendarmes. Un nouveau mensonge pour masquer un premier mensonge.
« Comment s’est-il débarrassé du corps ? Avec la voiture. Et dans ce secteur minier, il ne manque pas de solutions »
« Delphine Aussaugel n'est pas sortie vivante de cette maison. Pourquoi crier par la fenêtre de sa cellule qu’il a commis le crime parfait ? Quel innocent peut rigoler de tout cela ? Quel innocent peut se vanter de ça ? Ce que dit la bouche, c'est ce qui déborde du cœur ! Pourquoi a-t-il fait cela ?
« C'est l’ascenseur émotionnel permanent pour lui. Quand il perd la maîtrise, il perd la mesure. Comment s’est-il débarrassé du corps ? Avec la voiture. Et dans ce secteur minier, il ne manque pas de solutions. Ces hypothèses, c’est cruel pour la famille mais c'est ainsi. La Justice sait le quand et pourquoi mais pas le comment. Seulement une partie de la réponse. »
« Au final, c'est Cédric qui a perdu Jubillar et c'est Jubillar qui a trahi Cédric »
« Au final, c'est Cédric qui a perdu Jubillar et c'est Jubillar qui a trahi Cédric. C'est Cédric, c'est ce petit garçon qui ne peut accepter la joie de Delphine.
« Le crime parfait attendra et vous allez être condamné, Mr Jubillar.
La loi prévoit la perpétuité. La loi protège le foyer et la famille.
Cette peine ne doit être réservée qu’à des récidivistes, des actes de tortures.
« Alors comment fixer cette peine ? Les faits sont abjects, inexcusables. Des faits qui ne sont pas préparés. On vous dira que Cédric Jubillar a beaucoup souffert dans son enfance. C’est vrai. Il a manqué d’amour et il en cherchera toujours. Un homme qui a maltraité son épouse, l'écrasant en permanence. C'est un homme qui insulte la mémoire de celle qu’il a tuée. Impulsif, coléreux, manipulateur. Un sentiment de toute puissance.
« Il faut une décision, une réponse pénale extrêmement forte : je demande 30 ans de réclusion criminelle avec retrait de l'autorité parentale
Demain matin auront lieu les plaidoiries des deux avocats de Cédric Jubillar : Maitres Franck et Martin et Franck. Vendredi, l'audience reprendra à 9h afin d'entendre les derniers mots de Cédric Jubillar. Puis l'audience sera levée pour partir en délibéré. Verdict dans la journée
L'intégralité de nos articles consacrés à l'affaire Jubillar : notre dossier spécial à retrouver ici