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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Qwant, un Google français sans les dérives de Google !

En juin 2018, Bruno Le Maire voyait en Qwant, moteur de recherche franco-français qui mise tout sur l'éthique envers ses utilisateurs, « une réponse à tous les sceptiques qui pensaient que la France et l'Europe ne peuvent pas rivaliser avec les géants américains d'Internet ». Cet enjeu de souveraineté numérique conquiert peu à peu son public même si son PDG est invité à prendre la porte.

Le regard libre d'Élisabeth Lévy

 

 

Vous vous intéressez aux grandes manœuvres autour de Qwant le moteur de recherche français. Un enjeu de souveraineté numérique. Eric Léandri, co-fondateur et directeur de cette start up créée en 2013 a été débarqué hier dans le cadre d’un sauvetage mené notamment par la caisse des dépôts, le bras armé financier de l’Etat. En avril 2015, Emmanuel Macron affichait son soutien au Google français en marche.

C’est donc enfin une alternative aux Gafa ?

Un peu prématuré de dire cela, car contrairement à Google qui constitue un véritable éco-système numérique avec toutes sortes de services, Qwant est seulement un moteur de recherche, le plus petit membre de ce club des huit. Mais c'est un moteur de recherche qui « respecte votre vie privée » : autrement dit ne vend pas vos données et n’exploite pas votre passé numérique pour vous proposer des pubs ou des services. Ce qu’on appelle la publicité éthique.

Mais pourquoi son fondateur a-t-il été viré ?

Léandri, qui a été exfiltré vers un comité stratégique, effrayait les investisseurs avec ses attaques frontales contre les puissants GAFA, trop puissants. Les enquêtes de Mediapart et du Canard enchaîné sur son passé et sa gestion n’ont rien arrangé.

Surtout, six ans après sa création, l’entreprise est en quasi-faillite. Sa technologie n’est pas au point, et reste un nain en termes d’audience et de chiffre d'affaires. Les estimations les plus favorables le créditent de 4 % du marché quand plus de 90 % des recherches sur internet se font sur Google. Soyons justes, Qwant n’a pu investir que quelques centaines de millions d’euros quand Google et les autres mobilisaient des milliards.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Une métaphore qu’affectionne le président de la République : on a fait une fusée, il faut qu’elle vole. Les grands actionnaires, le groupe allemand Axel Springer et la CDD remettront au pot un montant inconnu en février. Le nouveau patron exécutif sera Jean-Claude Ghinozzi tandis que le conseil de gouvernance est confié à Antoine Troesch, de la Caisse des dépôts. En même temps, monde économique et institutionnel français incité à montrer son patriotisme économique. Qwant déjà utilisé par des entreprises, de grands médias comme Le Monde, des collectivités, des universités. Surtout devient le moteur par défaut de l’administration française. Les fonctionnaires qui font une recherche sur internet se verront d’abord proposer Qwant mais pourront continuer à utiliser les autres.
L’État se mobilise, tant mieux. Mais, comme le disait Lionel Jospin, l’État ne peut pas tout. Et pour le coup, chaque citoyen peut agir. Alors cherchons français !

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