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Philippe Fontana : "En dix ans, le nombre de demandeurs d'asile a été multiplié par trois"

Par Jean Baptiste Giraud

Philippe Fontana, auteur du livre "La vérité sur le droit d’asile" (Éditions de l’Observatoire), était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 1er juin 2023 sur Sud Radio.

Philippe Fontana
Philippe Fontana, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Comme l'explique Philippe Fontana, le droit d'asile est inscrit dans notre Constitution aussi bien que dans le traité de Maastricht. Il n'est donc pas possible de s'y soustraire.

 

Philippe Fontana : "Le nombre de ‘réguliers’ qui traversent la Méditerranée centrale a augmenté de 300%"

Comme l’explique Philippe Fontana, nous assistons en France à une explosion de demandes de droit d’asile. "Nous en sommes à 156.000 demandes d'asile en France en 2022. Mais en fait, on a à la fois le caractère régulier et le caractère irrégulier. La plupart des demandeurs d'asile arrivent en France de manière irrégulière, mais le seul fait qu'ils demandent l'asile confère un caractère régulier à leur séjour. Et c'est cette dichotomie que j'expose dans mon livre. La première dichotomie, c'est celle entre le caractère sacré de l'asile et son dévoiement massif dans des proportions jamais égalées en France aujourd'hui. Je vous rappelais ce chiffre de 156.000 : en 2012, vous n'aviez que 61.000 demandeurs d'asile. Donc c'est un chiffre qui va s'aggravant. Le chiffre a été multiplié quasiment par trois puisqu'on attend 200.000 demandeurs d'asile dans notre pays en 2023. Aujourd'hui, on a les chiffres donnés par l'Union européenne et par Frontex. Le nombre de dits ‘réguliers’ qui traversent la Méditerranée centrale a augmenté de 300%. Il va y avoir sans doute cette année une augmentation de la demande d'asile quasiment dans les mêmes proportions que dans l'année 2015. C'est l'année qui a vu 1 million de personnes arriver dans l'Union européenne. Donc la situation est dramatique. Et la réponse des autorités étatiques n'est pas à la hauteur de l'enjeu. Pourquoi ? Parce que nous sommes corsetés par un certain nombre de règles. Et en outre, les associations font tout pour promouvoir le dévoiement du droit d'asile."

 

"Le Danemark a voté contre le traité de Maastricht, ce qui lui permet de ne pas appliquer le droit d’asile"

Peut-on parler d’une mainmise de l'Union européenne sur les politiques nationales en termes d’asile ? "Le terme de mainmise n'est pas totalement inexact. Mais surtout, l'asile est devenu une compétence partagée. Or, on peut difficilement sortir de ce corset juridique que nous impose l'Union européenne. Il y a un certain nombre de parlementaires qui se rendent aujourd'hui au Danemark en disant ‘voilà, le Danemark a trouvé la solution au traitement de l'asile’. Mais pour que la France suive l'exemple danois, encore faut-il que les Français eussent voté contre le traité de Maastricht en 1992. Les Danois ont voté contre le traité de Maastricht, et ça leur a permis de déclencher une négociation et d'obtenir une clause de ‘opt-out’ qui leur a permis de ne pas appliquer les dispositions en matière de sécurité intérieure et de justice, dont d'asile. Donc, le Danemark a la liberté entière de faire ce qu'il veut.

Le Danemark est en dehors du corset européen. Et la Hongrie en est à peu près six ou sept manquements parce qu'ils refusent d'appliquer la législation européenne sur l'asile. Mais vous savez, la Hongrie a des résultats absolument spectaculaires. En 2015, il y avait 175.000 demandes d'asile en Hongrie. Vous savez combien il y en a eu en 2020 ? 90. Or, la Hongrie démontre bien qu'il n'y a pas de corollaire entre le droit d'asile et la migration, comme nous le font croire les associations en France. Pourquoi ? Parce que la Hongrie a besoin de travailleurs. La Hongrie fait venir des travailleurs étrangers, le plus souvent d'Extrême-Orient. Mais la Hongrie ne supporte pas le dévoiement, ne supporte pas l'hypocrisie et ne supporte pas le fait accompli."

 

"En France, il suffit qu’un étranger demande l’asile pour que son séjour devienne régulier"

Et en France, alors ? "En France, on est devant un fait accompli. Vous avez une personne qui rentre sur le territoire national de manière irrégulière. Il suffit qu'elle demande l'asile en France pour qu'elle soit hébergée et pour, surtout, que son séjour devienne régulier. On peut reprendre le préambule de la Constitution, qui a été cité par Gérard Darmanin dans sa dernière interview au Parisien en début de semaine. Tout homme persécuté pour son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République. Voilà, tout est dit. Il y a aussi la Convention de Genève de 1951, qui dit que toute personne persécutée en raison de ses opinions politiques, en raison de sa race, en raison de sa nationalité, en raison d'un certain nombre de critères... Eh bien, elle a le droit à l'asile. Alors, la difficulté, c'est que l'asile a été de plus en plus étendu et a été étendu à la protection subsidiaire. La protection subsidiaire, elle, couvre une catégorie beaucoup plus large que les demandeurs d'asile. Par exemple, toute personne qui est confrontée à une situation de violence aveugle issue de la guerre peut venir demander une protection subsidiaire en Europe. C'est exactement le cas du Syrien. Le mécanisme de protection subsidiaire a permis l'entrée d'un certain nombre de personnes sur le territoire de l'Union européenne", a répondu Philippe Fontana.

 

 

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