Emmanuel Razavi est auteur de La Pieuvre de Téhéran (Éditions du Cerf).
Emmanuel Razavi : "Pour le moment, le régime tient par une répression sanglante"
Le régime iranien est-il fragile ? "Le régime est très fragile depuis un moment. Il y a deux tendances qui s'affrontent au sein du régime : des conservateurs issus de la Révolution islamique de 1979, et puis des réformateurs qui appartiennent à des réseaux d'affaires mafieux, qui sont pour une issue négociée avec l'Occident, peut-être même avec Israël. Une partie de ces gens a fait défection et discute avec les oppositions laïques démocratiques iraniennes. J'ai toujours l'habitude de dire : 'À qui parle la diplomatique européenne ou occidentale quand elle parle aux Iraniens ? Est-ce qu'elle parle aux conservateurs (Ali Khamenei) ou aux reformateurs ?'", a répondu Emmanuel Razavi.
Comment ce régime tient-il malgré tout ? "Pour le moment, le régime tient par une répression sanglante. Il tient aussi parce qu'il y a les institutions : c'est une république dotée d'une Consitution (de 1979), qui a pensé des institutions très fortes. Si demain le Guide meurt, - et il mourra parce qu'il est très malade - vous avez un triumvirat qui assure la transition, le temps qu'une assemblée d'experts décide qui va devenir le nouveau Guide", a fait savoir Emmanuel Razavi.
"C'est un pays où les deux-tiers de la population n'ont pas accès à l'eau potable"
Emmanuel Razavi poursuit en expliquant que les Iraniens, surtout les jeunes, manquent de choses basiques et éprouvent une insatisfaction dans leur vie quotidienne. "C'est un pays où les deux-tiers de la population n'ont pas accès à l'eau potable, vous avez des pannes d'électricité dans une grande partie du pays - des entreprises qui n'ont plus accès à l'électricité pour leurs ordinateurs et n'allument même pas la lumière tout simplement. Et puis, un Iranien sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté."
"Et malgré cela, le régime tient du fait de la répression. Il ne faut pas oublier la sociologie iranienne : la moyenne d'âge y est de 32 ans. Les moins de 40 ans, majoritairement, ne veulent plus de ce régime. Il y a deux ans et demi, une enquête du Basij a révélé que 71% ne voulaient plus d'un système religieux pour assurer la gouvernance en Iran. On est dans un système où deux-tiers des Iraniens ne veulent plus de ce régime", a poursuivi Emmanuel Razavi.
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