Retranscription des premières minutes :
- « Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face-à-face. » Alors un face-à-face là sur quelque chose qui est autrement plus sérieux et grave, mais qui est fondamental.
- Reynald Secher, bonjour.
- Bonjour.
- Vous êtes docteur en histoire et en sciences politiques.
- Vous avez écrit de nombreux ouvrages, notamment sur la Vendée, sur les massacres de Vendée, sur, je rappelle, votre maître-livre qui est paru en 2011, « Vendée, du génocide au mémoricide ».
- Je crois que vous avez inventé l'expression, c'est de vous, mémoricide, aux éditions du Cerf.
- Et puis votre plus récent livre, chez vous, aux Reynald Secher éditions, « Guerre de Vendée et génocide à la chapelle Basse-Mer ».
- Alors, ça m'a beaucoup intéressé parce qu'on parle, on est dans une période où on parle beaucoup de génocide, on parle de génocide à Gaza.
- On emploie le mot.
- Le génocide partout, je ne dis pas à Tauré, à Travers, mais partout, Congo, Rwanda et Dieu sait ce qu'il y en a eu.
- On ne va pas remonter à l'Arménie, mais vous, justement, vous remontez à 1790-1793, exactement, à la guerre de Vendée.
- Et vous dites, et vous avez écrit plusieurs livres là-dessus, et c'est vrai que c'était, quand vous parlez du mémoricide, c'est vrai que ça a été l'un des massacres, je ne dis pas les plus ignorés de l'histoire, en tout cas.
- Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Et je voudrais revenir à cette définition, parce que, qu'est-ce que c'est, selon vous, je parle à l'historien, qu'est-ce que c'est qu'un génocide par rapport à un crime de guerre et à un crime contre l'humanité ? Déjà, essayer de dire les choses comme elles sont et de donner un vrai sens aux mots et des vrais mots au sens.
- En fait, il y a trois crimes de génocide.
- Vous avez la conception de l'extermination partielle ou totale d'un groupe humain de type ethnique, racial, politique ou religieux.
- Ça, c'est la définition première qui a évolué avec, évidemment, l'histoire qui s'est adaptée.
- Mais le mot génocide a été employé pour la première fois quand ? En fait, il a été créé de toute pièce par un avocat polonais qui s'appelle Lemkin.
- Non pas d'ailleurs pour désigner les crimes commis par les nationaux socialistes, vis-à-vis des homosexuels, des débiles, des juifs, des catholiques, etc.
- Mais pour dénoncer les crimes commis par le système communiste.
- Sa première intention, sa première démarche...
- Ah, c'était anticommuniste, ça a volé l'intention.
- Absolument. Et en fait, ce qui est très intéressant dans sa démarche, qui est d'ailleurs équivalente à celle d'un certain nombre de spectateurs de ce qui s'est passé durant la Révolution française, c'est-à-dire l'extermination, d'un groupe humain, non pas pour ce qu'il a fait, mais pour ce qu'il est, en l'occurrence la Vendée, tout est là, en fait.
- Donc, les gens se posent la question du vocabulaire.
- C'est-à-dire, comme on n'a jamais fait cela avant, c'est la première fois dans l'histoire contemporaine qu'un peuple souverain, en conscience partagée, décide d'exterminer froidement celui qui pense différemment.
- C'est une première. Donc, on va chercher un mot.
- On ne va pas trouver...
- C'est un mot contemporain qui s'appelle Gracchus Babeuf, qui fait le constat et va créer le néologisme populicide, qui est un mot merveilleux.
- Populicide, oui.
- Populicide.
- Ah, c'est Gracchus Babeuf.
- Gracchus Babeuf.
- Et donc, quand il y a eu les grands massacres commis par les Turcs vis-à-vis des Arméniens, se pose le même problème.
- Quel vocabulaire utiliser ? 1915.
- Absolument.
- Et le consul américain, Davis, ne trouve pas le mot.
- Et donc, il va parler de crimes abominables, etc.
- Troisième étape, celle de cet avocat Lemkin, qui observe la même chose, qui cherche désespérément dans le langage commun un mot et qui va créer ce néologisme qui est un mauvais mot en tant que tel, en raison de racines grecques et de racines latines qu'on associe race et extermination.
- Et donc, il a fallu...
- Définir juridiquement.
- Alors que si on avait retenu, à mon avis, le mot populicide, ça aurait simplifié la tâche.
- Et il y a un autre problème.
- C'est-à-dire qu'on a bien défini ce crime contre la conception, contre la rédaction partielle ou totale, mais on a oublié la...
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