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Retraites: la gauche veut censurer Bayrou, le RN renvoie aux budgets

Un trimestre de gagné pour François Bayrou ? Le Premier ministre devrait survivre mardi à sa huitième motion de censure, déposée par les socialistes sur les retraites mais qui, faute des voix du RN, ne serait qu'un coup de semonce avant les discussions budgétaires à l'automne.

Julie SEBADELHA - AFP/Archives

Un trimestre de gagné pour François Bayrou ? Le Premier ministre devrait survivre mardi à sa huitième motion de censure, déposée par les socialistes sur les retraites mais qui, faute des voix du RN, ne serait qu'un coup de semonce avant les discussions budgétaires à l'automne.

Une "trahison" pour les députés socialistes. Une "blague" pour François Bayrou. L'examen de la motion de censure, en fin d'après-midi, pourrait tourner au règlement de comptes entre ces deux camps, presque cinq mois après leur accord de non-censure pour laisser passer les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale.

Depuis, le conclave sur les retraites entre partenaires sociaux, qui faisait partie de ce pacte de non-censure, s'est soldé par un échec. Et les socialistes reprochent à François Bayrou de ne pas mettre en discussion au Parlement un texte permettant de débattre du passage de l'âge légal de départ à 64 ans.

Or, le PS considère qu'il s'y était engagé dans un courrier mi-janvier, lorsqu'il plaidait pour une discussion entre partenaires sociaux "sans totem ni tabou", et promettait un texte au Parlement. Il posait toutefois comme condition "un accord politique et (un) équilibre financier global maintenu".

Le patron du PS Olivier Faure, le 29 avril 2025 à l'Assemblée

Le patron du PS Olivier Faure, le 29 avril 2025 à l'Assemblée

Ludovic MARIN - AFP/Archives

"Plus aucune indulgence à l'égard de François Bayrou (...) On nous a trahis", a estimé dimanche le patron du PS Olivier Faure.

Le reste de la gauche, qui voulait une motion commune, votera largement la censure. "C'est heureux que le Parti socialiste revienne à la raison", a ironisé la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.

François Bayrou, lui, "est assez remonté après le Parti socialiste", résume une ministre.

"C'est une blague (...). Ils font une censure pour montrer qu'ils sont dans l'opposition", a vertement piqué dimanche l'intéressé.

"La blague, c'est le Premier ministre qui nous gouverne" et dont "l'essentiel de l'ambition est de gagner du temps", a répondu le chef des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL.

- "Coup de semonce" -

Mais tous les socialistes n'ont pas les mêmes motivations.

François Hollande, défavorable à une censure, votera le "coup de semonce" proposé par son groupe, mais "dès lors que le RN ne s'y associera pas".

Et il entend soutenir des mesures issues des discussions entre partenaires sociaux, pour les retraites des femmes ou un départ sans décote à 66 ans et demi, alors que François Bayrou s'est dit prêt à intégrer des avancées au prochain budget de la Sécurité sociale.

"François Hollande pourra voter en toute tranquillité, mais quand nous déposons une motion de censure ça n'est pas pour faire semblant", a répondu M. Faure, accusant aussi le RN de passer d'une "ligne rouge" sur les retraites à "une ligne en pointillés".

La présidente du groupe RN à l'Assemblée Marine Le Pen, avec les députés Jean-Philippe Tanguy (à droite) et Sébastien Chenu (en bas)

La présidente du groupe RN à l'Assemblée Marine Le Pen, avec les députés Jean-Philippe Tanguy (à droite) et Sébastien Chenu (en bas)

Anne-Christine POUJOULAT - AFP/Archives

Car le groupe de Marine Le Pen ne devrait pas soutenir la motion, lui ôtant toute chance d'atteindre les 289 voix nécessaires.

"Nous constatons la duplicité du Rassemblement national mais sommes-nous surpris ? (..) Quand c'est flou, il y a Bayrou et il y a aussi le RN", a pointé mardi lors d'un point presse Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste.

"Au Rassemblement national, nous considérons que l'on vote une motion de censure pour protéger les Français des mesures toxiques qui sont prises par un gouvernement (...). Censurer aujourd'hui n'apporterait rien", a argué mardi Marine Le Pen.

"En revanche (...) Nous serons extrêmement attentifs à la destinée de la programmation pluriannuelle de l'énergie (....) et au budget proposé par le gouvernement de M. Bayrou", a-t-elle ajouté devant des journalistes à l'Assemblée.

"Ce gouvernement ne vivra pas très longtemps", avait prédit le patron du parti Jordan Bardella samedi.

Et la rentrée s'annonce houleuse pour le Premier ministre, qui devra naviguer entre les menaces de censure de la gauche et du RN pour trouver 40 milliards d'euros d'économies.

Avec un soutien des plus minimalistes du bloc central qui n'arrête pas de se déchirer.

"Le principal point commun des forces politiques qui soutiennent ce gouvernement. c'est de vouloir qu'il y ait un gouvernement en France. Voilà, on en est là", a résumé le leader de Renaissance Gabriel Attal.

Par Sami ACEF / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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