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Xavier Driencourt : "L'Algérie devrait être la Californie de l’Afrique"

Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 6 février 2023 sur Sud Radio.

Xavier Driencourt
Xavier Driencourt, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Xavier Driencourt est auteur du livre "L'énigme algérienne : Chroniques d'une ambassade à Alger" (Éditions de l'Observatoire).

 

Xavier Driencourt : "10% de la population française a un lien avec l’Algérie"

"Soixante ans après l’indépendance, ce pays que nous avons colonisé pendant 132 ans, nous le connaissons très mal. Alors que nous devrions être intimes, être fins connaisseurs de l’Algérie. L’énigme de notre relation avec l’Algérie, c’est que l’Algérie, c’est à la fois de la politique étrangère et de la politique intérieure française. Il y a l’histoire, il y a la proximité géographique, il y a les pieds noirs, il y a les harkis, il y a les immigrés de la 1ère, 2e et 3e générations et puis, les pieds rouges, les coopérants, il y a encore 1,5 million de militaires français qui ont fait la guerre d’Algérie. En tout, 10% de la population française. Et les pouvoirs publics doivent tenir compte de toutes ces sensibilités. Et tous les présidents de la République l’ont fait", explique-t-il quant au choix du titre de son livre.

Xavier Driencourt a été ambassadeur en Algérie entre 2008 et 2012, puis une deuxième fois entre 2017 et 2020. "C’est deux pays complètement différents. 2007-2012, tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’Algérie était riche et enrichie par le pétrole. Bouteflika était tout-puissant, il n’avait pas encore eu son AVC. Et pendant mon second mandat, Bouteflika ne parlait et ne recevait quasiment plus personne. Et le pays était dirigé par son frère Saïd, aujourd’hui en prison. Et surtout, en 2017-2020, j’ai assisté à ces manifestations extraordinaires, qui ont duré un an, et puis à la chute de Bouteflika", a confié l’ancien ambassadeur.

"En Algérie, venir en France fait partie du mode de vie normal"

"En Algérie, on critique la France, mais on demande des visas parce que chaque Algérien a un frère, un oncle ou de la famille en France. Et parce que cela fait partie du mode de vie normal. Pendant 132 ans, on circulait librement entre les deux pays, les visas n’ont pas existé avant 1986. En 1986, c’est le Premier ministre Jacques Chirac qui les a établis, pour l’ensemble des pays du monde d’ailleurs. Il y a quelque chose de normal au fait de circuler librement, de venir librement en France. Donc, les Algériens n’admettent pas le rôle du visa.

42 millions d’Algériens veulent venir en France parce qu’on leur parle tant de la France depuis leur enfance qu’ils veulent connaître ou découvrir la France. D’autres veulent venir s’installer. Mais le problème, c’est : pourquoi tous ces gens veulent quitter leur pays ? Ce pays devrait être la Californie de l’Afrique. Il y a le climat, la Méditerranée, la montagne, le pétrole et le gaz. Et la proximité avec l’Europe. Ce pays a tout pour réussir. Mais je crois que la gouvernance depuis 1962, le rôle prépondérant de l’armée dans le système algérien fait que beaucoup de gens en ont assez de cette mal-gouvernance", a déclaré Xavier Driencourt.

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Cliquez ici pour écouter l’invité d'André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h30 dans "Bercoff dans tous ses états" Sud Radio.

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