Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
- Eh bien le face-à-face, pourquoi les intellectuels se trompent ? Alors Samuel Fitoussi, bonjour.
- Bonjour. Vous êtes essayiste, vous êtes auteur de... Vous avez reçu d'ailleurs avec ce livre très, très, très savoureux, « Walk Fiction », depuis d'ailleurs le wokisme continue, merci, mais de plus en plus combattu, merci aussi.
- Et là, vous publiez « Pourquoi les intellectuels se trompent ? » aux éditions de l'Observatoire.
- Alors évidemment, on retrouve nos chers intellectuels avec, d'ailleurs, la photo, le dessin de Jean-Paul Sartre.
- Je montre ça, donc vous voyez, les lunettes de Jean-Paul, strabisme moins divergent que d'habitude, et le verre des lunettes un peu cassé.
- Alors, les intellectuels se trompent. On a envie de vous dire, d'abord, Samuel Futussi, mais c'est pas nouveau, ça, ils se sont toujours trompés.
- Trompés, ou très souvent. Donc, quand vous dites « Pourquoi les intellectuels se trompent ? », est-ce que vous ne commencez pas par dire une chose déjà naturelle et connue ? Oui. Je pense que beaucoup de gens ont fait, et Briam en fait, la liste des erreurs des intellectuels. Mon livre, je ne me contente pas de faire la liste.
- J'essaye d'expliquer pourquoi ils se trompent, pourquoi des esprits brillants, parce que vous avez pris Sartre en exemple, qui est effectivement en conversion de mon livre.
- Sartre était objectivement un esprit brillant.
- Premier à l'agrégation de philo, reçu brillamment à Normal. C'était un des...
- Et puis un de très beaux livres aussi. Enfin, vous le dites.
- Il avait par ailleurs une œuvre philosophique et littéraire majeure. Et pourtant, à chaque fois qu'il s'est engagé, il s'est trompé. Toute sa vie, il s'est trompé.
- Il a soutenu le terrorisme palestinien au JO de Munich. Il a soutenu Pol Pot, qui a commis un génocide. Il a applaudi le goulag.
- En 1954, par exemple, il va en URSS. Il revient. Et il est interviewé par Libération. Et il explique que l'URSS a trouvé la clé du bonheur humain.
- Il explique que dans moins d'une...
- Que la liberté d'expression est totale en Russie.
- Voilà. Exactement. Que la liberté d'expression est totale là-bas. Et que dans moins d'une décennie, le niveau de vie en URSS sera de 30 à 40 % supérieur au niveau de vie en France.
- Et que la France serait bien inspirée de suivre les politiques publiques mises en place en URSS, à savoir le collectivisme.
- Qui a tué des dizaines de millions de personnes. Le journaliste lui demande même...
- Mais s'ils sont si riches et prospères, pourquoi ne voit-on pas plus souvent de touristes soviétiques en France ? Et Sartre répond... Oh, vous savez, ils sont tellement bien chez eux qu'ils n'ont pas très envie de partir.
- Authentique, tout ça. Nani B.
- Donc il a mis toute son intelligence au service des convictions les plus absurdes, les plus erronées et même les plus dévastatrices.
- Il s'est aussi trompé, évidemment, sur Mao.
- Castro, Cuba.
- Castro, voilà. Il a été, avec Simone de Beauvoir, rendre visite à Fidel Castro à Cuba.
- Et ils ont arpenté l'île pendant des jours. Ils sont rentrés. Ils ont chanté les louanges de Fidel Castro dans la presse en soutenant l'interdiction de la presse d'opposition à Cuba, en expliquant que Fidel Castro était une sorte de philanthrope humaniste.
- Donc à chaque fois qu'il s'est engagé, il s'est trompé.
- Et l'énigme, c'est que ça ne correspond pas qu'à ça.
- C'est tout de l'intelligentsia dans les années 50, 60, 70. C'est lourdement trompé.
- Et même avant, si vous voulez, on impute souvent le nazisme aux masses qui se seraient égarées.
- Mais le nazisme était particulièrement populaire sur les campus des meilleures universités allemandes.
- C'est là qu'Hitler suscitait l'enthousiasme le plus grand. Je m'appuie notamment sur l'historien Paul Johnson.
- Oui, vous voulez dire que ce sont les élites étudiantes, etc., qui ont été les premières à rallier le nazisme, par exemple.
- Exactement.
- Exactement. Le nazisme était particulièrement populaire chez l'élite allemande.
- Et ensuite, les croyances de l'élite intellectuelle allemande ont ruissellé et ont atteint le peuple.
- Même dans les années 30, si vous voulez, et dans les années 40, George Orwell ne trouvait pas d'éditeur pour son livre...
Transcription générée par IA